La seconde quinzaine d’août marquera le début de la rentrée littéraire. A cette occasion, tous les ans, des titres beaucoup trop nombreux pour assurer correctement la promotion de chacun viennent s’entasser sur les tables des libraires. Cette fois, je pensais que les éditeurs réduiraient quelque peu la voilure à cause du confinement et de ses suites, mais que nenni: les chiffres s’annoncent peu ou prou identiques à ceux de 2019. Un jour, il faudra m’expliquer l’intérêt de cette surproduction qui n’augmente ni le temps dont les gens disposent pour lire, ni le budget qu’ils peuvent consacrer à l’achat de bouquins, et qui fait donc juste baisser les ventes individuelles de chaque ouvrage tout en donnant trop de boulot à tous les acteurs de la chaîne et en envoyant des tonnes d’invendus au pilon. Mais soit. Dans cette déferlante de nouveautés qui se profile à l’horizon, voici quelques titres qui sont déjà certains de trouver le chemin de ma PAL…
La présidente de la République ayant décidé que tout élève doit accomplir une année de service civique entre sa troisième et sa seconde, Valentin a posé ses voeux. Malheureusement pour lui, ils n’ont pas été respectés et l’adolescent est envoyé dans un centre pour personnes âgées atteintes d’Alzheimer, situé dans le Pas-de-Calais, conçu pour ressembler à un village des années 1960.
Clémentine Beauvais sort un nouveau roman jeunesse que les adultes apprécieront probablement autant que les ados auxquels il est destiné à la base. Si comme moi, vous avez lu et adoré
« Les petites reines » ou
« Brexit romance », même la couverture qui fait saigner les yeux ne vous dissuadera pas de vous jeter dessus.
La vie est douce à Kamakura. Amis et clients se pressent dans la petite papeterie où Hatoko exerce ses talents d’écrivain public. Tendres, drôles ou tragiques, les destins se croisent sous son pinceau.
Hatoko s’est mariée et découvre, en compagnie de Mitsurô et de sa petite fille, les joies d’être mère au sein de leur famille recomposée : elle enseigne à l’enfant l’art de la calligraphie comme le faisait sa grand-mère et partage avec elle ses recettes des boulettes à l’armoise ou du thé vert fait maison.
Mais si Hatoko excelle dans l’art difficile d’écrire pour les autres, le moment viendra pour elle d’écrire ce qui brille au fond de son coeur.
Il y a deux ans, je lisais
« La papeterie Tsubaki », ode à une vie plus lente, empreinte de plaisirs plus simples. Et voilà que l’autrice nous gratifie d’une suite! Je sais déjà que je vais avoir du mal à la savourer à petites doses pour la faire durer le plus longtemps possible.
BROADWAY
La vie n’est pas une comédie musicale. Une femme et deux enfants, un emploi, une maison dans un lotissement où s’organisent des barbecues sympas comme tout et des amis qui vous emmènent faire du paddle à Biarritz… Axel pourrait être heureux, mais fait le constat, à 46 ans, que rien ne ressemble jamais à ce qu’on avait espéré. Quand il reçoit un courrier suspect de l’Assurance maladie, le désenchantement tourne à l’angoisse. Et s’il était temps pour lui de tout quitter ? De vivre enfin dans une comédie musicale de Broadway ?
J’avoue ne pas être une grande fan des bédés de FabCaro, dont l’humour d’un grinçant poussé jusqu’à l’absurde trouve rarement écho chez moi. En revanche, j’avais beaucoup aimé son précédent roman « Le discours » dont la voix m’avait paru très juste. Et le thème de celui-ci me parle autant qu’il m’intrigue.
CHAVIRER
Entre corps érotisé et corps souffrant, magie de la scène et coulisses des douleurs, Chavirer raconte l’histoire de Cléo, jeune collégienne rêvant de devenir danseuse, tour à tour sexuellement piégée par une pseudo Fondation de la vocation, puis complice de ses stratégies de “recrutement”. Trente ans plus tard, alors qu’elle-même a fait carrière – des plateaux et coulisses de Champs-Elysées à la scène d’une prestigieuse “revue” parisienne – l’affaire ressurgit. Sous le signe des impossibles pardons, le personnage de Cléo se diffracte et se recompose à l’envi, au fil des époques et des évocations de celles et ceux qui l‘ont côtoyée, aimée, déçue ou rejetée.
Le précédent roman de Lola Lafon remonte déjà à 3 ans. Et même si je doute qu’il puisse me procurer les mêmes émotions que son tout premier, « Une fièvre impossible à négocier », je suis toujours très fan du féminisme rageur et du style si personnel de l’autrice. Et puis, comment pourrais-je résister à une histoire qui se passe dans le milieu de la danse?
THE MIDNIGHT LIBRARY
Between life and death there is a library.
When Nora Seed finds herself in the Midnight Library, she has a chance to make things right. Up until now, her life has been full of misery and regret. She feels she has let everyone down, including herself. But things are about to change.
The books in the Midnight Library enable Nora to live as if she had done things differently. With the help of an old friend, she can now undo every one of her regrets as she tries to work out her perfect life. But things aren’t always what she imagined they’d be, and soon her choices place the library and herself in extreme danger.
Before time runs out, she must answer the ultimate question: what is the best way to live?
Je suis toujours enthousiasmée par le pitch des romans de Matt Haig et déçue par le traitement qu’en fait l’auteur (voir mon compte-rendu de « How to stop time »). Pourtant, cette fois encore, je vais me laisser appâter – parce qu’une uchronie personnelle centrée autour d’une bibliothèque, c’est juste trop de tentation pour moi.
On part en montagne pour éprouver la solitude, pour se sentir minuscule face à l’immensité de la nature. Nombreux sont les imprévus qui peuvent se présenter, d’une rencontre avec un cerf au franchissement d’une forêt déracinée par le vent. Sur un sentier escarpé des Dolomites, un homme chute dans le vide. Derrière lui, un autre homme donne l’alerte. Or, ce ne sont pas des inconnus. Compagnons du même groupe révolutionnaire quarante ans plus tôt, le premier avait livré le second et tous ses anciens camarades à la police. Rencontre improbable, impossible coïncidence surtout, pour le magistrat chargé de l’affaire, qui tente de faire avouer au suspect un meurtre prémédité.
« Le jour avant le bonheur » m’a convaincue du talent d’Erri de Luca, de la qualité si solaire de son écriture que je me fiche presque de l’histoire qu’il raconte. Ici, l’éditeur promet « un roman d’une grande tension », « une riche réflexion sur l’engagement, la justice, l’amitié et la trahison ».
New Jersey, 1918. Edna Bolz entre comme ouvrière à l’United State Radium Corporation, une usine qui fournit l’armée en montres. Aux côtés de Katherine, Mollie, Albina, Quinta et les autres, elle va apprendre le métier qui consiste à peindre des cadrans à l’aide de la peinture Undark (une substance luminescente très précieuse et très chère) à un rythme constant. Mais bien que la charge de travail soit soutenue, l’ambiance à l’usine est assez bonne. Les filles s’entendent bien et sortent même ensemble le soir. Elles se surnomment les « Ghost Girls » : par jeu, elles se peignent les ongles, les dents ou le visage afin d’éblouir (littéralement) les autres une fois la nuit tombée. Mais elles ignorent que, derrière ses propriétés étonnantes, le radium, cette substance qu’elles manipulent toute la journée et avec laquelle elles jouent, est en réalité mortelle. Et alors que certaines d’entre elles commencent à souffrir d’anémie, de fractures voire de tumeur, des voix s’élèvent pour comprendre. D’autres, pour étouffer l’affaire…
Une bédé inspirée d’une histoire vraie. J’aime quand on me raconte l’Histoire à travers des histoires individuelles, surtout si ce sont des histoires de femmes.
TANZ!
Allemagne, 1957. Uli est un jeune homme de 19 ans, élève d’une prestigieuse école de danse moderne. Sa fougue contraste avec la mélancolie de l’Europe d’après-guerre. Il est passionné de comédies musicales mais cette passion est moquée par ses camarades qui jugent cette discipline trop commerciale. Lors d’un voyage à Berlin, il rencontre Anthony, un jeune danseur afro-américain. Ce dernier suggère à Uli de venir tenter sa chance à Broadway…
Comme mentionné un peu plus haut, je suis toujours bonne cliente pour les histoires qui se passent dans le milieu de la danse, et je trouve les dessins de Maurane Mazars absolument magnifiques d’expressivité.
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Je me souviens d'avoir lu un article sur ces radium girls, c'était proprement glaçant et révoltant… du coup je ne sais pas si j'aurais envie de me plonger dans la bd, même si c'est bien d'aborder le sujet.
Mélusine
J'ai feuilleté le dernier dBD et Radium girls m'a vraiment fait de l'œil que ce soit au niveau du dessin que de l'histoire. Je l'attends aussi de pied ferme !
J'en ajoute trois dans ma PAL, merci! 🙂
@Emilie: Laisse-moi deviner… Le Ito Ogawa, Radium girls, et puis?
Ma mère m'a dit de regarder votre blog et elle a très bien fait !
Trois des livres que vous présentez sont déjà dans ma PAL et étant libraire jeunesse, j'ai déjà Age tendre de Clémentine Beauvais que j'ai commencé et qui est un petit bijou <3
J'ai hâte de lire The Midnight Library car j'avais adoré Humans, même si je suis d'accord avec vous concernant How to stop time qui m'a ennuyé.
Comme vous avez bien vanté les mérites des 15 premières vies d'Harry August, je me suis jeté dessus et l'ai déjà commandé (en anglais par contre :/)
J'aime aussi beaucoup Ito Ogawa grâce à son livre Le restaurant de l'amour retrouvé donc je vais me mettre à La papeterie Tsubaki 🙂
Merci pour vos conseils !
@Agnès: Peu importe que vous le lisiez en anglais, j'espère que vous aimerez Harry August autant que moi! Vous me direz ce que vous en avez pensé?