« Life after life »

En 2014, j’ai lu et adoré « Life after life », un roman de Kate Atkinson à classer dans ma catégorie chouchou des uchronies personnelles (ma critique est ici, mais attention: elle contient pas mal de spoilers). Ursula Todd naît en 1910 au sein d’une famille anglaise bourgeoise. Très vite, elle meurt… puis renaît au même moment et dans les mêmes circonstances. A chacune de ses nouvelles vies, son instinct lui souffle d’éviter ce qui lui fut fatal durant la précédente – la chose, l’événement ou la personne qui fit dérailler son existence. Ainsi a-t-elle sans le savoir l’occasion de choisir différemment chaque fois. Et à force de modeler sans le savoir sa propre histoire, elle finit par tenter d’infléchir le cours de la grande…

En 2022, « Life after life » a bénéficié d’une très fidèle adaptation en mini-série par la BBC. Si j’ai trouvé le premier épisode assez scolaire et pas très palpitant, chacun des suivants a gagné en intensité et m’a happée un peu plus. La pauvre Ursula est confrontée à absolument tout ce qui peut arriver de pire à une femme, et souvent, sa mort survient comme une miséricorde. C’est un tableau tragique et glaçant de la condition féminine à travers la première moitié du vingtième siècle (et un certain nombre de choses n’ont malheureusement guère changé depuis). Par chance, la série est filmée avec beaucoup de délicatesse et une poésie qui l’empêche de sombrer dans le misérabilisme: ainsi, ces flocons qui se mettent à tomber doucement chaque fois que l’héroïne est sur le point de s’éteindre, comme la première fois alors qu’elle vient juste de sortir du ventre maternel.

L’un des aspects du roman que j’avais adoré, et que j’ai très bien retrouvé à l’écran, est la dynamique familiale chaotique des Todd. Hugh, le papa gâteau qui a du mal à cacher sa préférence pour Ursula parmi ses cinq enfants; Sylvie, la maman plus dure mais pleine d’un solide bon sens; Maurice, le frère aîné tête-à-claques; Pamela, la soeur toujours dans l’ombre de sa cadette; Teddy, le petit frère universellement adoré (qui a fait l’objet de son propre livre par la suite: « A god in ruins »); Jimmy, le benjamin; Izzie la tante célibataire, flamboyante Londonienne qui ne fait que ce qui lui chante. Les comédiens sont tous parfaits dans leur rôle, notamment Thomasin MacKenzie qui interprète Ursula adulte avec une grande sensibilité. J’ai été amusée de retrouver Louis Hofmann qui, après « Dark », semble se spécialiser dans les séries ayant pour thème la circularité du temps (un créneau certes étroit mais sans doute peu disputé). Mention spéciale à John Hodgkinson pour la bienveillance remarquable dont il imprègne le rôle du psy.

Outre son aspect purement divertissant, je trouve que la série pousse le spectateur à s’interroger sur les points de bascule de sa propre existence – les moments où un détail peut-être anodin au premier abord a fait partir sa propre vie sur un chemin qu’il n’aurait jamais emprunté autrement. C’est donc aussi un excellent démarreur de conversation en famille ou entre amis!

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