Samedi matin, je suis réveillée à 6h, décalage horaire oblige. Nous traînons dans la chambre tandis que le jour se lève sur la ville. Lorsque nous sortons à 8h15, les rues sont encore désertes et ce n’est pas désagréable. Il fait assez froid, mais le ciel est dégagé et le soleil brille: c’est franchement plus que je n’en espérais en cette saison! (Par contre, les feuilles d’automne pour lesquelles je venais à la base sont déjà toutes tombées ou presque. Octobre aurait été une meilleure période. Mais on avait déjà d’autres trucs de prévus ce mois-là, et grâce aux chaises volantes, je n’ai pas perdu au change!)
Nous longeons George Street où les magasins sont fermés, mais où nous admirons la façade du Northern Lighthouse Board d’où sont opérés deux des phares de la région depuis leur automatisation. Puis, comme il nous reste un peu de temps à tuer, nous faisons un premier repérage photo dans les jardins de Princes Street – dont nous nous faisons virer par des ouvriers car nous n’avons pas le droit d’être là – et le cimetière de St Cuthbert.
A 8h57, nous sommes devant le Waterstones où une petite foule se masse déjà. J’espère bien que tous ces gens n’ont pas eu la même idée que moi! Dès que la porte s’ouvre, nous fonçons dans l’escalier que nous grimpons jusqu’au café du 2ème étage. Un seul couple nous précède, des personnes âgées qui… s’arrêtent à l’une des premières tables dans le coin le moins intéressant de la salle. C’est ainsi que nous arrivons devant une baie vitrée déserte et pouvons réquisitionner notre table préférée, avec la plus belle vue sur le château. Dans la minute qui suit, les quatre autres tables sont occupées également.
Après avoir fait une très loooooooongue queue, je reviens à tout petits pas avec un plateau chargé de deux chocolats chauds et de deux scones full options: beurre-clotted cream- confiture. Je suis team crème d’abord et confiture ensuite; bien entendu, Chouchou fait l’inverse. Encore un truc à ajouter à la très loooooooongue liste des choses sur lesquelles nous ne sommes pas d’accord. Nous savourons notre petit déjeuner en regardant la ville commencer à s’animer et en poussant des soupirs de bien-être. Décidément, ce séjour était une très bonne idée.
Au bout d’une heure, nous nous arrachons à regret à notre observatoire. Le temps que j’atteigne la sortie, deux nouveaux livres se sont fourbement jetés dans mon tote bag: « Death at the sign of the rook » de Kate Atkinson et « The cautious traveller’s guide to the Wastelands » de Sarah Brooks. Ce sont d’énormes hardbacks, et je commence à me faire du souci pour les bagages du retour.
Pour changer un peu de Greyfriars, nous allons shooter dans le cimetière de St Cuthbert, plus modeste et moins gothique mais non dénué de charme. Pendant que nous cherchons les meilleurs coins, la musique d’une cornemuse s’élève dans l’avenue au-dessus de nous. Je suis vraiment sur mon petit nuage.
Un peu plus loin, il y a énormément de monde dans la Venelle, dont des gens qui stationnent sur les marches et que nous ne pouvons pas décemment chasser. Nous finissons tout de même par réussir à prendre quelques photos potables à l’arrache.
Puis nous remontons Victoria Street. Dans un magasin appelé The Knight’s Vault, j’hésite devant les haches – j’en achèterais bien une, mais je me vois mal prendre l’avion avec. Ce serait pourtant un excellent moyen de décourager le manspreading! Un peu plus haut, la boutique Harry Potter alias Museum Context a déménagé sur le trottoir d’en face, et une file d’attente immense s’est formée devant l’entrée. J’hallucine. Heureusement qu’on y a déjà été plusieurs fois et que même si c’est un très chouette magasin, je n’éprouve pas le besoin d’y retourner. (De toute façon, j’aurais encore eu envie d’un chaudron, et on a dit que J’AVAIS PAS LA PLACE DANS MES BAGAGES.)
Je pensais déjeuner au chouette resto végan Let Me Eat, mais finalement, je me laisse tenter par le nouvel Elephant House (l’établissement originel, où JK Rowling avait écrit le premier Harry Potter, a brûlé en 2021 et ne semble pas destiné à rouvrir). J’y mange une ciabata brie-pomme-épinards avec une soupe de lentilles, et Chouchou une patate au four garnie de cheddar et de jambon. Un repas tout à fait décent même si le lieu n’a évidemment pas le charme de son prédécesseur malgré les reproductions de graffiti dans les toilettes.
Ayant épluché les restrictions liées aux bagages sur Brussels Airlines pendant que nous attendions notre commande, je retourne au Knight’s Vault pour acheter une modeste dague. Parviendrai-je à la rapatrier à Bruxelles? Suspense. En tout cas, une chose est désormais certaine: je vais devoir envoyer notre petite valise turquoise en soute et prendre le sac photo de Chouchou (qui était rangé dedans à l’aller) en bagage à main. Mais pour la modeste somme de 35€, je disposerai de quoi rapporter un peu de shopping, mouah ah ah.
Après ça, nous faisons un rapide arrêt dans la cour de la School of Divinity, une université de théologie paraît-il assez réputée et surtout dotée d’escaliers photogéniques. Nous redescendons du Mount et traversons Princes Street: quelques flocons se mettent à tomber. La température a déjà bien fraîchi depuis hier, et elle va encore dégringoler demain et après-demain jusqu’à zéro.
Désormais pas mal chargée et assez fatiguée, je demande qu’on repasse à l’hôtel pour déposer mes emplettes et reposer un peu mes pieds. Nous ressortons trois quarts d’heure plus tard mais n’allons pas bien loin: nous voulons visiter l’expo « 40 ans de photographie écossaise » à la Scottish National Portrait Gallery. C’est fort hétéroclite, et néanmoins très intéressant. Puis nous repassons par la collection permanente, où je m’amuse à identifier les oeuvres déjà vues et celles qui ont été accrochées récemment. J’ai comme chaque fois un frisson devant les « Three oncologists » de Ken Currie, et je suis ravie de retrouver le bronze du capitaine Eric « Winkle » Brown, l’officier au regard pétillant de malice qui détient toujours le record du plus grand nombre d’avions pilotés.
Nous longeons de nouveau Queens Street dans l’autre sens pour nous rendre jusqu’à ma chère librairie Topping & Co. Cette fois, malheureusement, la visite n’est pas très agréable: il y a un monde fou, qui ne me donne pas du tout envie de traîner dans les rayons et ne laisse aucun endroit pour se poser au calme. Après avoir attendu très longtemps la gentille vendeuse partie à la recherche du dernier exemplaire signé de « The Hotel Avocado », et revenue bredouille, je capitule et accepte de ressortir les mains vides. Au rez-de-chaussée, juste avant les caisses, une pile d’exemplaires signés de « Wife » m’évite cette honte cosmique.
J’ai réservé une table à 18h au Kahani, très bon restaurant indien déjà testé et situé juste en face de Topping & Co. C’était assez calme la dernière fois; là, quand je pousse la porte, je suis assaillie par un mur de bruit et manque faire demi-tour immédiatement. Par chance, on nous attribue une table dans une salle du fond, plus sombre et moins agréable que la grande de devant mais aussi bien plus calme. Je prends un agneau korma et Chouchou un mixed grill. Nous nous régalons. Pendant que je paie l’addition, le serveur complimente Chouchou sur sa moustache et l’interroge sur l’entretien. Depuis notre arrivée à Edimbourg hier, j’ai déjà été arrêtée par deux dames qui m’ont dit qu’elles adoraient mes lunettes – c’est son tour!
Lestés de délicieuse nourriture indienne, nous reprenons le chemin de l’hôtel heureusement tout proche. Un thé vert, deux shortbreads, et nous sommes au lit à 21h30.
C’est vraiment très agréable de lire ton récit accompagné de ces photos toujours aussi belles, je suis sous le charme 🙂
Merci pour vos toujours passionnants et esthétiques récits de voyage! Celui d’aujourd’hui me donne très envie de me rendre à Édimbourg et d’avoir un joli manteau rouge et d’aller m’asseoir sur un banc deux minutes avec Paddington…
Non non je ne me laisse pas influencer!! 😹