[EDIMBOURG] Où je sacrifie une épaule à la déesse de la littérature

Dimanche matin, le décollage est plus tardif et plus compliqué après une mauvaise nuit: insomnie de 2h à 5h + gros cauchemars quand j’ai enfin réussi à me rendormir. Mais bon, nous n’avons rendez-vous nulle part. La température continuant à dégringoler, je m’emmitoufle plus chaudement que les jours précédents. Puis nous nous dirigeons à pied vers le quartier de Stockbridge, accessible en une grosse vingtaine de minutes depuis notre hôtel.

Je ne pensais pas refaire de photos dans l’incontournable spot de Circus Lane, mais puisqu’on passe juste à côté, ce serait bête de ne pas en profiter. Un petit tour au marché local qui propose produits artisanaux et street food ne m’emballe pas particulièrement. Je caresse l’idée de pousser jusqu’à Dean Village, mais Chouchou aimerait bruncher d’abord. J’ai repéré un chouette endroit appelé Pantry, qui ne prend pas les réservations et dont le site assure qu’il faut compter 15 mn d’attente max. Pourtant, quand on arrive devant, il y a foule. Nous nous enregistrons dans la queue avec un QR code: on nous enverra un texto quand notre tour sera venu et qu’une table sera sur le point de se libérer; après quoi, nous aurons 10 mn pour revenir. Cela nous permet d’aller faire un tour au lieu d’attendre bêtement plantés sur le trottoir et dans le froid.

Le hasard fait bien les choses: notre promenade « pour tuer le temps » nous fait passer devant… une librairie à la devanture accrocheuse, appelée Rare Birds Books. Pas très grande, mais avec des couleurs pop sur les murs, un coin entièrement dédié au féminisme et une très chouette sélection de sorties récentes. J’en ressors avec les livres n°6 et 7: « The Examiner », déjà repéré sur GoodReads, et « Preloved ». The things I do pour soutenir les librairies indépendantes, alors que j’aurais pu me faire livrer tout ça par Satan au lieu de charrier 58 kilos de hardbacks d’un pays à l’autre…

Notre tour de brunch arrive enfin. On nous installe dans la salle du fond: moins lumineuse, mais à l’abri des courants d’airs glacés qui entrent avec chaque nouveau client. Chouchou opte pour le Big Jerk Brekky Roll (encore unburger!) et moi pour le Sunshine on Stockbridge avec supplément de halloumi. C’est bon, mais peut-être pas tout à fait assez pour justifier une aussi longue attente si on arrive en ayant déjà très très faim!

Avant de quitter Stockbridge, je me dois de passer dans une autre célèbre librairie d’Edimbourg: Golden Hare Books, où un feu brûle dans un poêle et où je passerais bien l’après-midi enfoncée dans le petit fauteuil crapaud… Au lieu de ça, j’hésite longuement entre 3 énormes pavés avant de repartir avec seulement 2 d’entre eux: « The list of suspicious things » et « The Hotel Avocado », que je n’avais pas trouvé hier chez Topping & Co. Malgré les deux sorciers morts devant du thé et des biscuits de son incipit, « The great when » attendra que j’aie un peu fait baisser ma PAL.

Si je ne veux pas que les bretelles de mon tote bag m’amputent d’une épaule, il est impératif de retourner à l’hôtel pour me délester de son contenu. Nous rebroussons chemin par George Street et ses alléchants magasins, quasiment tous ouverts en ce dimanche. Chez Anthropologie, je meurs d’amour pour une assiette Nathalie Lété ornée d’un hérisson et un gilet en tricot rose orné de petits noeuds rouges… Mais je ne sais déjà pas comment je vais caser tous ces bouquins dans ma petite valise turquoise – et aussi, j’ai plus qu’explosé mon budget shopping du week-end. (« Non mais c’est bon, on y va juste pour trois jours, je ne vais pas acheter grand-chose à part des trucs à bouffer qu’on ne trouve pas ici. »)

Après une pause dans notre chambre, donc, nous passons brièvement chez Harvey Nichols pour regarder les décos de Noël et jeter un coup d’oeil au food court. Mwi, bon, bof. Dur dur de ne pas être blasée avec les grands magasins quand on connaît les Galeries Lafayette et le Printemps du boulevard Haussman. Nous avons réservé pour un afternoon tea à 16h30, et il nous reste encore une heure à tuer. Excellente occasion de se refaire les chaises volantes en plein jour! Enfin, « en plein jour »: le soleil se couche déjà, loin derrière le Scott Monument, balafrant le ciel bleu-gris de traînées roses et oranges de toute beauté. La vue est beaucoup plus chouette que de nuit, et j’en profite encore mieux la deuxième fois.

Après ça, nous refaisons un tour dans les jardins de Princes Street où nous tombons par hasard sur le fameux Gardener’s Cottage. Puis nous passons au food court de Marks & Spencer pour acheter nos indispensables scones au cheddar, et aussi un morceau de Shropshire auquel j’ai définitivement converti Chouchou. Plus deux salades de poulet pour manger à l’hôtel ce soir, si jamais on a un peu faim sur le coup de 20h. (On se connaît.)

The Ivy on the Square n’est pas tout à fait un lieu traditionnel pour l’afternoon tea. Je le décrirais plutôt comme moderne et coloré, avec des plantes partout au rez-de-chaussée et une mosaïque de tableaux pop sur les murs du premier étage, où se trouve notre table. La salle est bondée, mais le bruit des conversations reste supportable. Nous choisissons notre thé, qu’on nous apporte assez vite, et quelques minutes plus tard, un serveur pose devant nous le fameux plateau à trois étages. En bas, des petits sandwichs salés. Au milieu, des cupcakes vanille-citron, des éclairs nappés de rouge, des boules impossibles à identifier (mais qui se révèleront pleines de praliné) et des mini-damiers verts et roses. En haut, un bol rempli de glace sèche sur laquelle le serveur verse de l’eau chaude, soulevant un nuage de vapeur du plus bel effet. Et sur le côté, une assiette contenant quatre scones et leurs accompagnements.

Bien entendu, nous ne mangeons pas tout – je cale après deux sandwichs, un scone, un cupcake et un éclair. Mais on nous propose d’emporter ce qui reste dans une jolie boîte en carton. L’addition arrive: elle comporte 15% de service en plus du prix de base, et avec les frais de change, on atteint les 100€, ce qui est un prix normal pour ce genre de prestation. Plus cher qu’un resto, donc, en ce qui nous concerne. Mais on a passé un super moment et je ne regrette pas du tout. La prochaine fois, on tente l’afternoon tea du Dome, le plus réputé d’Edimbourg! (Et un poil moins cher que celui-là, en fait.)

Nous sommes de retour à l’hôtel vers 18h, crevés mais ravis. Et comme prévu, ce soir, nous nous conterons de grignoter deux ou trois bouts de poulet froid avec une feuille de laitue.

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