[FLAM-BERGEN] A bord du plus beau train du monde

Le moins qu’on puisse dire, c’est que je n’ai pas passé une très bonne nuit à cause de mes mystérieux troubles gastriques – au point que Chouchou a dormi dans la deuxième chambre, sur le lit superposé du bas. Quand je finis par me lever vers 9h, assez peu reposée, une vue magique m’accueille par la porte-fenêtre de notre pièce à vivre. Le fjord est désert à perte de vue, et juste devant nous flotte une petite nappe de brume. Je me dépêche d’aller réveiller Chouchou pour qu’il vienne voir. Je m’attends à ce qu’il prenne quelques photos depuis notre terrasse; au lieu de ça, il attrape son appareil en ordonnant: « Enfile une robe. » Ah.

Me voilà donc dehors, le ventre plus que vide et insuffisamment habillée pour la température ambiante. Mais je voulais du calme et du silence: eh bien, je les ai. La surface du fjord est lisse comme un miroir et reflète le paysage tout aussi bien. Ce sont vraiment les conditions rêvées pour un shooting. Seule la brume bouge en une chorégraphie spectrale, transformant la vue d’une minute à l’autre. Il y a toujours un moment marquant dans un voyage: je sais que pour cette fois, ce sera celui-ci.

Quand Chouchou estime enfin le sujet épuisé, nous repassons à l’appartement pour que j’enfile une tenue plus en accord avec la météo. Puis nous allons petit-déjeuner au restaurant du Marina, où je savoure les bienfaits des lampes à chaleur installées au-dessus des tables de la véranda couverte. J’ai encore mal au ventre, aussi j’oublie les saucisses et le bacon pour me concentrer sur de la bouffe plus inoffensive.

Après avoir bouclé nos sacs et fait notre check out, nous nous dirigeons une dernière fois vers le village. Il nous reste un peu de temps à tuer avant l’heure de notre train; j’en profite pour explorer la toute dernière boutique de Flam, celle qui propose des souvenirs artisanaux plutôt que les trucs norvégiens génériques (et remarquablement homogènes) qu’on trouve partout ailleurs. Ne sachant pas si je vais retrouver la peau de mouton frisée qui m’a fait craquer à Bryggen il y a quelques jours, je me laisse tenter par une couverture Klippan – ma troisième – et quelques autres babioles.

Nous montons à bord du Flamsbana après avoir montré nos tickets aux contrôleurs postés sur le quai. Ils nous confirment que c’est du côté droit dans le sens de la marche que la vue est la plus belle, et nous nous y installons rapidement. Les places avec une fenêtre qui s’ouvre sont hélas déjà squattées. Mais en vérité, dès que le train se met à rouler, tous les passagers se lèvent et se mettent à circuler pour avoir les meilleures photos ou les meilleures vidéos. C’est une tout autre ambiance que le TGV Paris-Marseille.

Une autre ambiance, et surtout un autre paysage. Ici, malgré une déclivité pas aussi spectaculaire que ce que je l’imaginais et de nombreux tunnels pour traverser les montagnes, la vue a franchement de quoi couper le souffle. Je pense battre le record olympique du « C’est tellement beôôôôô » répété en boucle.

Au bout de trois quarts d’heure de trajet, le train s’arrête au niveau de la célèbre chute de Kjossfossen. Nous disposons de quelques minutes pour descendre l’admirer depuis une passerelle qui nous empêche d’en approcher. Il y a finalement assez peu d’eau, mais peut-être n’est-ce pas la saison, ou peut-être s’agit-il d’un nouveau ravage du réchauffement climatique.

Pendant que nous prenons des photos, une musique folklorique s’élève autour de nous. Il me faut un bon moment pour repérer la petite silhouette rouge qui danse parmi les rochers, disparaissant à un endroit pour reparaître un peu plus loin. (« C’est évident qu’elles sont deux », affirme Chouchou, ce briseur de magie.) La mise en scène quoi que toute simple est très réussie. Il y a toujours un moment marquant dans un voyage: cette fois, il y en aura eu deux la même journée.

Un quart d’heure plus tard, le Flamsbana atteint son terminus de Myrdal. Nous n’avons qu’un quai à traverser pour prendre le train suivant, qui nous ramènera à Bergen en deux heures environ. Il est l’heure du déjeuner; nous n’avons pas pensé à emporter de quoi manger et il n’y a rien de prévu à bord. Mais nous avons fait un petit déjeuner copieux, et Chouchou trouve un distributeur de boissons chaudes qui nous confectionne deux chocolats tout à fait acceptables – quoi que fort sucrés.

De la gare de Bergen, nous n’avons que quelques minutes de marche pour gagner notre nouvel hébergement: le Bergen Bors, installé comme son nom l’indique dans l’ancienne Bourse de Bergen. Non seulement il a l’air très beau, mais quand je fais le check in, le réceptionniste m’informe que nous avons été doublement surclassés. Décidément, c’est LA journée faste de ces vacances!

Je suis ravie de découvrir notre chambre spacieuse au 3ème étage, avec deux fenêtres hautes qui donnent sur la place de la Bourse, une jolie causeuse et un miroir bombé au-dessus du lit – mais hélas, toujours le même maudit sommier à ressorts. Nos affaires posées, nous retournons au Radisson Blu récupérer nos deux valises qui ne semblent pas avoir souffert de notre absence. En chemin, nous faisons halte chez 3AS pour acheter des chaussettes norvégiennes à l’un des modèles nus de Chouchou (qui aura donc froid partout sauf aux pieds), et dans le magasin où j’avais repéré la peau de mouton qui, comme je le craignais, a disparu. J’ai bien fait de craquer pour cette couverture.

Plus tard, en nous rendant au resto où nous avons réservé pour 17h15, vu que nous mourons de faim, nous repassons chez Outland histoire d’explorer le magasin mieux que nous n’avions eu le temps de le faire la première fois. Ce soir encore, nous dînons chez Daily Pot donc les plats nous avaient ravis samedi dernier. Puis nous rentrons à l’hôtel tôt et sous la pluie, afin de profiter au maximum de notre jolie chambre. Mais assez vite, mon ventre me signale que la profusion de légumes au vinaigre dont je viens de le remplir était un mauvais choix de vie, et je me prépare à une nouvelle nuit agitée.

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5 réflexions sur “[FLAM-BERGEN] A bord du plus beau train du monde”

  1. Un deuxième commentaire cette semaine pour te redire à quel point les photos sont à couper le souffle ! C’est tellement beau, surtout sans le gigantesque bateau de croisière (par une drôle de coïncidence, Youtube m’a d’ailleurs suggéré cette semaine une vidéo de quelqu’un qui a fait précisément cette croisière … Après visionnage, je suis ébahie, et pas en bien). Ton récit donne vraiment très envie de découvrir cette partie de la Norvège, ça a l’air fantastique.

  2. Je me répète… comme écrit sur Instagram, vos photos sont magnifiques, magiques même! Quelle poésie. Maintenant j’ai très envie de m’y rendre… (il
    me faut donc (aussi) une robe sublime!)

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