Malgré le bordel des réservations en dernière minute, je ne suis finalement pas mécontente d’avoir un train à 10h ce matin plutôt qu’à 8h. En faisant notre check out au Radisson Blu, une idée me traverse l’esprit, et je demande au réceptionniste si, par hasard, il pourrait garder nos valises jusqu’à mercredi soir. « Bien sûr, pas de problème », me répond-il sans sourciller. Super! Je les lui laisse avec soulagement et me dépêche d’annuler la réservation Bounce. En fait de remboursement, ils me donnent juste un crédit sur de prochaines utilisations de leur service. Mais tant pis, je serai plus tranquille comme ça.
Nous marchons jusqu’à la gare distante d’environ un quart d’heure. Arrivés bien en avance, nous en profitons pour acheter de quoi petit-déjeuner dans une supérette, puis nous mangeons tranquillement à l’une des tables installées dans le hall froid et venteux. Dès que nous avons terminé, nous pouvons embarquer dans notre train déjà à quai. Il va jusqu’à Myrdal, mais nous descendrons bien avant.
Après 1h20 de trajet, nous nous arrêtons dans la petite ville de Voss. Il n’y a pas vraiment de restaurants dans les abords immédiats de la gare, et les plus proches n’ouvrent que le soir. Nous marchons une dizaine de minutes pour en trouver enfin un ouvert, ce qui me rend nerveuse car nous ne disposons que d’une grosse heure avant le départ de notre moyen de transport suivant. Dans un café sans prétention mais à la déco chaleureuse, nous avalons des plats locaux en quatrième vitesse: fish and chips pour Chouchou, boulettes de viande pour moi. Rien d’extraordinaire, mais ça fait le boulot.
Vers 13h15, nous embarquons à bord d’un bus touristique quasiment vide. Vu le mal que j’ai eu à en réserver un avant-hier pour cette partie du voyage, je suis un peu étonnée, mais soit. J’ai pris un Itinérol pour éviter d’avoir mal au coeur sur les routes qui tournent, et je pense que j’ai bien fait! Très vite au sortir de Voss, je paysage devient montagneux et très beau. Je ne fais rien d’autre pendant l’heure de trajet que regarder par la fenêtre en ouvrant de grands yeux.
Peu après 14h, le bus nous laisse à un arrêt au milieu de nulle part. Si je n’avais pas bien consulté ma Google Map avant de partir, je serais assez inquiète… Là, je sais qu’il suffit de prendre l’embranchement face à nous et de le suivre pendant quelques centaines de mètres pour atteindre le quai d’où partira notre ferry.
L’atmosphère ici est tout autre qu’à Bergen. Froid humide et pénétrant, air immobile, silence absolu hormis pour quelques cris d’oiseaux au loin. Nous avons plus de 3h à tuer avant l’arrivée de notre ferry, et contrairement à ce que j’espérais, il n’y a quasiment rien sur le quai: juste un hôtel-restaurant-boutique rond, avec un toit végétalisé. Nous nous installons dans des fauteuils confortables avec deux tasses de l’unique thé vert que l’on trouve en Norvège – un Lipton au citron qui devrait être interdit par la convention de Genève. Quand nous en avons assez, nous ressortons pour faire des photos et chercher deux géocaches.
Le jour décline lorsque nous embarquons enfin. Le ferry part en retard après avoir attendu tout un car de touristes qui n’était pas encore arrivé à l’heure prévue. Hormis quelques couples comme nous, les autres voyageurs sont surtout des groupes d’amis jeunes et bruyants. Comme il fait vraiment un froid de canard sur le pont, je me réfugie très vite à l’intérieur en laissant Chouchou se charger de mitrailler le paysage. Quand il finit par me rejoindre, nous mangeons des hot-dogs achetés au bar; puis il ressort tandis que je sirote une coupette de très bon cidre local.
Je pensais que naviguer sur le fjord au coucher du soleil nous donnerait de belles images, mais en vérité, nous manquons de lumière. Un départ en début d’après-midi comme initialement prévu aurait sans doute été plus indiqué. Tant pis.
Nous arrivons à destination à l’heure prévue, soit 19h15. Village minuscule, essentiellement composé de commerces touristiques, Flam se dresse tout au fond du fjord que nous venons de traverser. Des deux seuls hébergements accessibles à pied depuis le port, j’ai choisi le Flam Marina, que nous atteignons après avoir longé une passerelle dans le noir pendant quelques minutes. La réception nous attribue l’appartement 9. Situé au rez-de-chaussée, il est tout en longueur avec deux chambres minuscules, une pièce à vivre assez confortable et une grande terrasse donnant directement sur l’eau. En été, les soirées ici doivent être magiques.
Une fois installés, nous nous mettons en quête de pitance. Le restaurant du Marina ne sert que jusqu’à 20h, la cafétéria et la boulangerie du village sont fermées le soir. Seule option restante: le restaurant de l’unique hôtel, le Flambrygga. Je devrais être ravie par son architecture et sa déco de style viking, mais je meurs de faim, et l’hôte qui nous accueille (un Français de Brest dont je serais curieuse de savoir comment il a atterri là…) nous annonce trois quarts d’heure d’attente pour une table. Nous les passons au bar du rez-de-chaussée, assis d’abord au chaud sur des sièges en bois hyper inconfortables, puis dans un courant d’air sur un canapé ultra-mou.
Le temps qu’on nous invite à monter à l’étage pour dîner enfin, ma bande passante se trouve réduite au contenu de mon assiette. Nous partageons un plat de ribs accompagnés de maïs grillé et un houmous de betteraves aux légumes rôtis. Les deux sont absolument délicieux. Au moment de payer, l’appareil à cartes refuse ma Visa trois fois de suite. Allons bon, que se passe-t-il encore? Mon compte est pourtant approvisionné…
Rentrée à l’appartement, je trifouille sur le site de ma banque et m’aperçois que j’ai atteint mon plafond de dépenses pour la semaine. Mais la bonne nouvelle, c’est que je peux le remonter temporairement en quelques clics. Ce qui me permet d’acheter les billets de train pour rentrer sur Bergen après-demain, ouf! A pied, nous aurions sans doute beaucoup moins apprécié le trajet.
Merci pour ces magnifiques (et bien illustrés) récits de voyage que je suis toujours avec autant de plaisir depuis des années 🙂
Merci pour ta fidélité!
Pareil que Sophie ci-dessus ! Quel plaisir que de lire ces récits de voyage (et tous les autres billets de ce blog !). Voyage par procuration, inspiration…
Chouettes textes, toujours, accompagnés de photos fascinantes. Un grand merci !
Merci, ça fait plaisir!
Quelles photos! Merci pour ces récits de voyage auxquels je suis moi aussi fidèle depuis des années! Bravo!
Je transmets à Chouchou!