Le samedi matin, il fait gris gris et pluvieux. Nous paressons longuement dans notre chambre d’hôtel avant et après le petit-déjeuner. Puis nous nous décidons à affronter le ciel menaçant pour nous rendre à la librairie Broese située non loin de notre hôtel. Trois étages de livres, dont une très grande sélection en anglais, un chouette rayon musique, et un café avec d’immenses baies vitrées donnant sur un canal. L’ensemble est vaste, lumineux et décoré de manière hyper chaleureuse. Est-ce que je peux camper ici jusqu’à demain soir? Comment ça, « non »? Ce monde n’est décidément qu’une vallée de larmes. Pour me consoler, j’achète un roman jeunesse au pitch intrigant, ainsi que la belle édition Penguin de « Enchanted April », roman que j’adore et n’avais lu que dans sa traduction française. Puis nous profitons qu’une table se libère pour commander des boissons et nous poser un moment dans des fauteuils crapaud en velours moutarde. On n’est pas bien, là?
C’est à regret que nous finissons par nous extraire de notre recoin douillet pour nous mettre en quête d’un endroit où manger ce midi. Alors que nous nous dirigeons vers un resto végétarien bien noté, je pile devant une cantine vietnamienne nommée Anan et décide que je veux m’arrêter là. Ce n’est pas un mauvais choix: j’adore la déco, il n’y a pas beaucoup de monde, le service est rapide et la nourriture pas chère. Après un très gros petit déjeuner et dans l’optique de garder de la place pour un goûter plus tard, nous ne faisons qu’un déjeuner léger: bao à la viande et soupe de raviolis pour Chouchou, riz sauté mixte pour moi. Les portions modestes nous conviennent très bien.
Nous partons ensuite en quête de notre première géocache du week-end. Elle se trouve à l’intérieur de l’ancienne poste centrale transformé en centre culturel, un bâtiment à l’architecture assez étonnante. En cherchant la statue qui incarne l’Europe, je tombe sur un distributeur d’histoires courtes. Ma curiosité me pousse à appuyer sur un bouton, et je reçois un long ruban de papier sur lequel est imprimée une petite histoire de SF pour enfants, avec même une illustration en noir et blanc. Quelle merveilleuse idée! S’il était un peu plus tard dans l’après-midi, nous aurions sans doute fait une pause dans l’espace café qui a l’air bien douillet. Nous ressortons enchantés par cet endroit que nous n’aurions jamais découvert s’il n’abritait pas une géocache.
Sur le chemin de la géocache suivante, autre découverte: celle de Speelklok Museum, un musée des automates que je n’avais bizarrement pas du tout repéré en préparant notre voyage. Nous y admirons une incroyable collection d’instruments de musique automatiques, dont des orgues gigantesques et somptueuses, ainsi que des horloges absolument étonnantes.
Après ce long arrêt impromptu, nous ressortons sous la bruine et loguons encore deux géocaches virtuelles. La première est une statue de la fameuse lapine Nintje, et la seconde une guérite de garde que j’ai, de loin, prise pour un WC! Nous renonçons à monter en haut du Dom en travaux pour y chercher une quatrième cache et cherchons enfin un endroit où nous poser pour le goûter. Ce sera Graaf Floris, où nous devons faire la queue pour obtenir une table dans une petite salle sombre et bondée. Mais l’endroit ne manque pas de charme, et j’y déguste une spécialité locale appelée appelbol: une pomme entière parfumée à la cannelle et enrobée d’une couche de pâte à beignet frite. C’est fondant et délicieux.
En retournant à l’hôtel pour nous poser un peu avant le dîner, je décide de m’arrêter sur le marché au pied du centre commercial Hoog Catharijne pour y acheter un peu de fromage. Tout à fait au hasard, je jette mon dévolu sur le Oude Gracht baptisé d’après le principal canal d’Utrecht. Il a une bonne tête de pâte pressée mi-vieille, sans doute un peu trop salée pour moi qui suis censée faire attention, mais je ne vais pas non plus en manger une roue entière.
En cherchant un endroit où dîner, je me rends compte que le problème va être encore pire qu’hier soir. Tous les établissements où je tente de réserver sont déjà complets, et errer pendant des heures avec l’estomac dans les talons n’est jamais propice au maintien d’une humeur harmonieuse dans mon couple. Je finis par trouver de la place à 19h30 au Humphrey’s, un restaurant romantique situé dans les anciennes caves de stockage de l’hôtel de ville, au bord de l’Oude Gracht. Le lieu est immense, composé d’une succession de salles petites et grandes, décoré de velours rouge et de lustres à pendeloques. Très joli.
Le soir, on y sert un menu 3 services à 37,50€ avec des options végétariennes. Nos plats sont bons, et nous passerions un excellent moment sans les cinq jeunes Anversois ultra-bruyants de la table voisine. Je mets mes bouchons d’oreille: ça ne suffit pas. Quand la serveuse vient nous demander si tout se passe bien, je lui fais part de ma gêne, et elle propose aussitôt de nous déplacer dans la salle voisine beaucoup plus calme. Je commence par décliner en la remerciant, puis finis par craquer avant l’arrivée des desserts. Notre petit déménagement nous permet de finir notre repas sur une bonne note.
Nous avons repéré un parcours lumineux nocturne à faire pour conclure cette journée. Hélas, je crains que Bright Brussels ne nous ait rendus complètement blasés par rapport à ce type d’installations. Après avoir « admiré » un tunnel rempli de graffiti dans lequel une foule de fumeurs se presse à l’entrée d’un karaoké, puis une église couronnée d’un cercle de néon blanc, puis une pissotière en bord de canal balayée par des taches vertes, nous décidons que la suite ne vaut probablement pas qu’on s’y use les semelles. Il est de toute façon déjà 23h le temps que nous rentrions à l’hôtel.
L’appelbol est peut-être la seule et unique spécialité culinaire hollandaise et elle me manque toujours, j’adorais ça ! La Poste était encore poste quand j’y vivais… je vois que la ville n’a rien perdu de son charme, tu me donnes tellement envie d’y retourner faire un tour pour redécouvrir ce qui fut mon chez-moi pendant 3 ans !