Où je m’interroge sur l’impact durable de la pandémie

J’ai beaucoup de mal à réaliser que la pandémie a commencé voici maintenant 4 ans.

J’ai sans doute fait partie des gens dont le quotidien a été le moins affecté par les confinements successifs et autres mesures sanitaires. Je n’avais pas d’enfants; je bossais de toute façon à la maison, avais un caractère casanier et une vie sociale des plus réduites. Concrètement, je suis restée chez moi le week-end au lieu d’aller au musée et au resto; je n’ai pas pu voyager pendant deux ans et j’ai mis plus de sous de côté que d’habitude.

Mais je n’ai jamais attrapé le Covid, et personne dans mon entourage proche n’a été gravement malade. J’ai eu autant de boulot que d’habitude, donc pas de soucis financiers. Mon couple a résisté, d’abord à la promiscuité forcée dans un tout petit appart’ pendant des semaines, puis à une séparation de plusieurs mois quand j’étais en France et Chouchou en Belgique durant le confinement de l’automne 2020.

Du côté santé mentale, par contre, ça a été très compliqué. Anxiété délirante, nombreuses attaques de panique, pulsions suicidaires… J’ai morflé d’une manière invisible. Je sais que je suis loin d’être la seule.

Quatre ans plus tard, on ne peut pas dire que la pandémie ait pris fin. Le Covid continue à circuler, quoi qu’en faisant moins de dégâts maintenant que la plupart des gens sont vaccinés dans nos pays riches. Mais notre vie est progressivement revenue à la normale, pour le meilleur et pour le pire.

Récemment, je me suis interrogée sur les traces durables que le Covid avait laissées dans ma vie. Les choses qui ne seraient pas arrivées sans la pandémie, ou différemment et à un autre moment, avec un autre déclencheur.

La plus importante, bien entendu, c’est la prise en charge de ma santé mentale. J’ai commencé pendant l’été 2020 une première TCC qui n’a rien donné, mais qui m’a poussée à entreprendre un diagnostic officiel d’autisme pour pouvoir trouver un.e psy qualifié.e. Et ce diagnostic a eu un impact beaucoup plus fort que ce que j’aurais pu imaginer.

J’avais déjà l’intime conviction d’être autiste depuis des années; ça n’a donc pas été une révélation. Pourtant, ça a changé ma perception de moi-même. Je n’étais plus une personne difficile et pénible: j’étais une personne au cerveau câblé différemment, qui faisait de son mieux et qui ne s’en sortait pas si mal. J’ai accepté que certaines choses faciles pour les neurotypiques me stressaient au-delà du raisonnable et que je pouvais m’autoriser à ne pas les faire. J’ai reconnu et commencé à tenir compte de mes propres limites, notamment en matière d’énergie mentale et physique.

Par ricochet, Chouchou aussi s’est décidé à entreprendre une démarche de diagnostic pour le TDAH qu’il savait avoir depuis longtemps. Et à partir du moment où sa neurodivergence a été entérinée par un spécialiste, il s’est mis à étudier le sujet pour trouver des moyens de gérer au mieux. Cela l’a notamment poussé à revoir sa manière de travailler, et à réorienter son activité professionnelle suite à son burnout sévère de 2021. Financièrement, c’est un peu compliqué, mais c’est un changement dont il était impossible de faire l’économie.

Au niveau de notre couple, ça nous a permis de comprendre enfin le mécanisme des crises apocalyptiques qui nous pourrissent la vie depuis 17 ans. Pas encore de les éviter, puisqu’on en a de nouveau eu une au printemps 2023, mais on a quand même fait beaucoup de progrès. Maintenant que chacun sait que le comportement de l’autre est dû à des troubles neurologiques et pas à des caprices ou à un manque de bonne volonté, on fait très attention à nos déclencheurs respectifs, et on se protège mutuellement dans les situations stressantes au lieu de s’énerver.

Par ailleurs, je dirais que la pandémie m’a rendue encore plus asociale et casanière que je ne l’étais déjà. J’avais depuis quelques années perdu l’habitude de faire les magasins pour le plaisir et ne m’y aventurais plus que par nécessité; désormais, quand j’ai besoin d’un truc, je préfère le commander en ligne quitte à devoir le renvoyer parce qu’en fait, ça ne convient pas. (Exception notable: les livres, que je continue à acheter en librairie indépendante dans la mesure du possible.) Même pour les grosses courses à Monpatelin, je ne vais plus chez Carrefour: je me fais livrer.

J’ai cessé de me rendre aux festivals littéraires et autres manifestations professionnelles où je pouvais croiser les trois quarts de mon cercle social – du coup perdu de vue depuis, sauf sur Facebook ou Instagram pour les gens (de moins en moins nombreux) qui y sont encore. Je n’ai quasiment plus fait aucun effort pour entretenir mes amitiés. Mais je me rends compte que ce n’est pas une bonne chose de ne plus avoir d’échanges réguliers qu’avec Chouchou et ma Ministre de Tout, et j’ai bien l’intention d’y remédier à partir de maintenant.

Si ça ne vous dérange pas d’en parler, ça m’intéresserait beaucoup de savoir de quelle(s) manière(s) -positives ou négatives – la pandémie a impacté durablement votre propre vie.

14 réflexions sur “Où je m’interroge sur l’impact durable de la pandémie”

  1. Pour moi, ça a été une séparation pendant le Covid et grâce à cela une prise de conscience de l’image que je voulais renvoyer à mes enfants avec qui j’étais H24. Aussi, le fait de ne plus pouvoir avoir de relations sociales et de sorties culturelles a été compliqué et m’a poussée (et me pousse encore) à sortir de chez moi dès que je le peux, alors que j’étais plutôt casanière et réservée avant. Je ne veux plus perdre de temps !

  2. Sans la pandémie je pense que je serais encore en train de me dire que je suis nulle de ne pas arriver à tout gérer, que mon anxiété serait toujours totalement niée et je serais encore en train de me dire que je suis dépressive et qu’il suffit juste que je me mette un coup de pied aux fesses pour y arriver.
    C’est la sortie du confinement qui a été pour moi un évènement déclencheur, tout ce que je gérais avant est devenu impossible, le confinement m’a offert un moment de calme et de sérénité, sortir de là a été dévastateur, j’ai été obligée de me prendre en main, sinon, je pense que je ne serais plus là pour en parler…
    Le diagnostic de TDAH a tout changé ! J’ai compris mon anxiété sociale (j’ai encore de la peine a être d’accord avec le diagnostic d’anxiété généralisée), j’ai mis en place pleins de choses pour m’aider et maintenant je me reconstruits avec ces connaissances.
    J’ai même à nouveau envie d’avoir des interactions sociales !

    1. Le Rose et le Noir

      Contente d’apprendre que pour toi aussi, le diagnostic de neurodivergence a été un déclencheur positif!

  3. Ici je pense que les confinements m’ont permis à la fois d’avoir un environnement ultra contrôlé et de ne plus masquer autant mon autisme. Résultat des courses : mon anxiété a énormément augmenté et j’ai perdu en capacité d’adaptation.
    Le tout m’a poussé à accepter vraiment mon handicap, et à commencer à mettre des choses en place comme une demande de RQTH.

  4. Ces confinements ont détruit la maigre vie sociale que je pouvais avoir. J’avais changé assez récemment de région, j’essayais malgré mon caractère très renfermé de me faire des amis, et Dieu sait si c’est difficile à l’âge adulte, surtout quand les gens ont déjà leur cercle d’amis. La fermeture de tous les lieux que je fréquentais (salle de sport, ateliers, clubs…) a réduit à néant les embryons de relations que j’avais tissées. Bien vite, je n’ai plus eu de nouvelles de personne. Quatre ans après, je n’ai pas renoué avec quiconque et je suis seule en permanence. Les copines que j’avais ne fréquentent plus ces lieux, et moi, j’y allais uniquement pour voir du monde.
    Je n’ai plus l’énergie de sortir seule et d’essayer encore, même si la situation devient de plus en plus difficile à supporter.

  5. La pandémie a impacté durablement ma vie car depuis mon infection en octobre 2020 (j’ai eu beau appliquer tous les gestes barrières possibles, une fois les enfants retournés à l’école, c’était une bataille perdue d’avance), je n’ai jamais récupéré mon odorat et mon goût normaux. La première année a été très dure. J’ai souffert de phantosmie (du matin au soir, sentir une odeur immonde de cigarette qui file mal à la tête), ne pas pouvoir sentir les odeurs (y compris ma propre odeur) correctement était handicapant, manger était juste déprimant. Depuis, j’ai récupéré une partie de mon goût et de mon odorat et je me suis habituée pour le reste. J’ai encore de temps en temps une odeur de brûlé le soir quand je vais dormir et je dois alors me relever et faire le tour de la maison pour vérifier que c’est dans ma tête.

    L’autre conséquence, c’est le fossé qui s’est créé entre mes collègues et moi. Je suis depuis perçue comme la folle qui a très peur d’attraper des maladies parce que j’étais la seule à vouloir appliquer les gestes barrières, porter un masque, me faire vacciner etc (alors que l’une d’entre elles a perdu un parent du covid !). Cela ne s’est pas arrangé depuis. Nous avions déjà très peu en commun, mais depuis les conversations du temps de midi autour de leur dernier régime alimentaire « parce qu’elles sont vraiment trop grosses » sont devenues compliquées à supporter.

    Seule conséquence positive de cette pandémie pour moi, mon employeur a instauré un jour de télétravail, ce qui aurait été inconcevable auparavant.

  6. La crise sanitaire de la Covid-19 m’a apporté du bon et du moins bon.

    Le confinement lui-même a été un énorme soulagement, une parenthèse de bien-être. Comme je suis solitaire, casanière, routinière, etc, rester à la maison n’allait pas à l’encontre de mes préférences, bien au contraire. Cette période a même été celle où mes troubles du comportement alimentaires ont été les moins marqués (quasiment absents !) depuis que j’en ai, soit quasiment 18 ans au moment du confinement !

    Globalement, pas mal de restrictions arrangeaient mon caractère : prendre rendez-vous, anticiper, peu/pas de spontanéité, réduire les sociabilités en présentiel, etc. Cela me fait d’ailleurs penser à un passage de « L’année suspendue » de Mélanie Fazi dans lequel elle dit que pendant la pandémie, les neurotypiques ont eu à s’adapter à une façon de vivre plutôt neurodivergente, alors que le reste du temps ce sont aux neurodivergents de s’adapter à une société neurotypique. Par rapport à mes caractéristiques de neurodivergence, j’ai aussi eu cette impression.

    En tout cas, le confinement m’a fait réaliser en l’expérimentant à quel point la régularité, la solitude, etc, me font du bien, me font me sentir mieux, que ce n’est pas moi qui suis inadaptée, nulle, défaillante, etc, ce sont le fonctionnement et les attentes de la société ne me correspondent pas.

    Par contre le déconfinement a été une catastrophe. Les choses n’allaient pas très bien à mon travail avant 2020, mais je m’y étais habituée progressivement au fil des années (effet de la grenouille dans la casserole d’eau qui chauffe), donc le retour en mai 2020 a été brutal parce que je me suis pris d’un seul coup toutes les choses toxiques/malsaines desquels je m’étais libérée pendant le confinement, et pour le coup, c’était insupportable et ça a mené à un burnout.

    En plus de ça, je n’ai pas eu de chance parce que la majorité de la minorité des antivax/complotistes/etc de mon travail se trouvaient dans mon équipe… Du coup ça a créée une ambiance pourrie où j’étais considérée comme une naïve, un mouton, quelqu’un qui se faisait manipuler et qui allait mourir dans quelques années à cause du vaccin, une personne liberticide, etc. Et l’hostilité s’est généralisée à tout, ce n’était pas seulement en rapport avec la Covid : de manière générale j’étais considérée comme une idiote qui disait n’importe quoi et n’avait pas de capacité de réflexion. Et comme j’avais déjà peu d’estime de moi et que j’étais en train de faire un burnout, ça m’a pas mal démolie.

    Donc bilan mitigé… La crise sanitaire m’a permis de découvrir et confirmer des choses que je savais sur moi et ce qui me convient lors du confinement, mais le problème c’est que ce n’est pas facilement applicable ou compatible avec la vie habituelle, « normal ». Au moins je sais vers quoi me diriger, comment orienter mes choix, mais il s’agit de compromis…

  7. La pandémie, et surtout l’isolement des premiers mois, ont aggravé les problèmes cognitifs de maman et cela a donc mis fin à une certaine insouciance et à ma liberté de mouvement.
    Je n’aimais déjà pas faire du shopping et je ne mets quasiment plus les pieds dans un centre commercial. Psychologiquement ça a fait du mal à beaucoup de personne.
    Cette crise m’a conforté dans le fait que je suis capable de m’adapter à toutes sortes de situations stressantes, rapidement. C’est plutôt positif ça non ?
    Je te souhaite une année 2024 ( bonne ou mauvaise c’est toi qui vois ^^ <3 )

    1. Le Rose et le Noir

      Désolée pour ta mère; c’est dur de voir décliner les gens qu’on aime…
      Et puisque j’ai le choix, je préfèrerais une bonne annér tant qu’à faire, merci d’avance! ^^^

  8. Bretonne à Lyon

    Assez paradoxalement mon premier mouvement serait de dire que la crise du Covid a été positive pour moi : travaillant dans la santé mentale, le confinement et surtout le déconfinement m’ont valu un tel état de fatigue que j’en ai fait une fracture d’épuisement du genou gauche… qui m’a valu de rencontrer un super médecin aux urgences qui a mis en place un plan de rééducation pour mes problèmes articulaires dûs à une malformation congénitale. Résultat : disparition des douleurs chroniques invalidantes que je me traînais depuis 25 ans.
    Mais plus profondément cette crise m’a mis devant les yeux l’égoïsme et parfois la méchanceté crasse de pas mal de monde et je dois bien admettre que cela a beaucoup abîmé la représentation que j’avais de l’humanité. Aujourd’hui c’est surtout cela que je retiens de cette crise : l’expansion du chacun-pour-soi.
    Belle année 2024 malgré tout !

  9. J’ai fini mon contrat de travail mi février 2020 dans une boîte aux premières loges avec la pandémie (ça n’allait pas fort chez nos collègues chinois). Au début, comme tout le monde, on voyait ça de loin. Et puis quand c’est arrivé en Italie du Nord, je me suis dit que ça n’allait pas être contenu. J’étais chez moi au chômage, m’attendant à y rester longtemps mais je n’imaginais pas que le monde allait se calfeutrer comme moi.

    Les gens m’ont déçu (pas trop mon entourage, ouf) : je me moquais de ces personnages qui mettaient bêtement tout le groupe en danger dans les films ; je sais maintenant que la réalité est pire, c’est effrayant.

    La situation n’était pas simple mais je pense que nos politiques n’ont généralement pas été à la hauteur. Ce qui me réconforte c’est qu’on a réussi à créer un vaccin assez rapidement et à l’administrer à plein de gens à une vitesse record. Je sais que ce n’est pas parfait mais c’est déjà ça.

    Côté perso, pendant la pandémie et mon chômage, j’ai appelé mes parents tous les deux jours, tacitement, pour garder le lien. Je me forçais aussi à sortir tous les jours, juste pour faire un peu d’exercice. Je suis assez solitaire mais le Noël 2020 loin de ma famille a été un peu dur.

    Aujourd’hui, je me rends compte que je suis beaucoup plus renfermé qu’avant : mes amis et moi sortons moins donc les liens se sont distendus. En revanche, j’ai beaucoup plus d’activités sociales en ligne (internet a tout de même permis de rompre l’isolement de manière très efficace). Sur un point plus anecdotique, je me rends compte que j’apprécie vraiment les caisses automatiques au supermarché car cela m’évite de parler avec des gens (ou d’attendre). Néanmoins, je n’achète rien en ligne (sauf peut-être deux fois par an) car je peux aller en magasin, j’ai besoin de peu de choses, et je n’aime pas promouvoir ce type de fonctionnement de l’économie.

    J’ai eu la chance de trouver (20 mois plus tard) un travail qui me convient parfaitement ce qui m’enlève beaucoup de poids sur les épaules. Je regrette néanmoins que collectivement, on ait peu tiré les leçons de la pandémie, que ce soit sur les masques quand on est malade, sur la prévention de la maladie ou le financement des services hospitaliers.

  10. Le 1er confinement a été très difficile : je n’ai pas vu ma fille pendant six mois, j’ai manqué plus de trois mois des petits bébés que mes deux fils avaient eus, tout en devant réconforter mon père que nous ne pouvions aller voir en EHPAD… ont suivi des problèmes de santé pour moi, puis pour d’autres personnes de la famille, le décès de mon père dix-huit mois après celui de ma mère, et finalement l’an dernier la COVID qui m’ a bien fatiguée…
    donc cette année qui a commencé par le mariage de ma fille et la naissance d’une petite fille chez un de mes fils, puis un nouveau job pour mon mari et qq bonnes nouvelles financières je l’ai bien aimée !
    je te souhaite une année 2024 paisible et joyeuse

  11. Chère Armalite,

    Merci d’avoir partagé tout ça – et merci pour cette piste sur les disputes apocalyptique de couple. Ça nous arrive encore et je réagis à peu près toujours en premier degré à imaginer que tout est fi-ni.

    J’avais commencé un questionnement religieux et éthique au printemps précédant le Covid.

    Je fais désormais partie des clichés du Covid : nous avons quitté l’île de France (dont nous ne sommes pas originaires) et nous sommes installés dans un village très rural d’un département très rural. Je suis en pleine reconversion pour un métier qui a plus de sens. J’ai fait du bénévolat auprès d’enfants, je compte bien en avoir, j’ai pris soin d’une brebis et nous avons fait un potager et des conserves. Nous nous sommes mariés, dans un mariage qui semble visiblement tradi mais que je pourrai aussi résumer comme écolo

    Paie ton cliché.

    Le Covid est en fait venu au milieu d’une période où on se questionnait et le choix a mûri pendant cette pandémie. Ça faisait un moment que mon mari voulait revenir à la campagne et je l’ai suivi parce que définitivement, les visios jusqu’à 20h le vendredi soir pendant la pandémie, c’était pas terrible. Le boulot bien-en-théorie que j’ai trouvé en région n’est pas celui espéré et le choix final est de partir faire autre chose, avec un rapport au temps différent en contrepartie d’un plus petit salaire. Mais du sens, que diable.

    La pandémie aura ancrée l’envie d’un jardin et d’un espace à nous, aussi. J’ai découvert une autre manière de vivre mes convictions sociales et écolos en campagne. Je pense que c’est du frugalisme sans l’impression de se priver et ça me va bien.

    Pour le reste, c’est toujours moi. Il paraît que je m’épanouis – c’est pas trop tôt.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut