Old is the new New

Comme tous les ans en décembre, j’ai dressé le bilan de l’année écoulée et réfléchi à ce que je souhaitais pour la suivante. J’ai commencé à rédiger une liste de choses que j’avais envie de faire et… j’ai été très surprise de me rendre compte que dans la plupart des cas, il s’agissait d’activités que j’avais déjà pratiquées et laissé tomber.

Reprendre une pratique régulière du yoga, en commençant par le challenge de janvier d’Adriene. Nous remettre au géocaching, arrêté début 2016. Me lancer dans un nouveau projet dessiné (la pandémie avait mis un terme abrupt au précédent, qui avait pourtant très bien débuté). Refaire une vidéo 1 seconde par jour, comme en 2020 et en 2022. Recommencer l’apprentissage d’une langue étrangère sur Duolingo. Me donner de nouveau pour objectif de jeter un objet par jour.

Niveau voyages, c’est un peu pareil. S’il reste des endroits que je ne connais pas encore et que j’ai envie d’explorer (essentiellement le Vietnam, Taiwan, le Costa Rica et le Canada), mes envies principales se portent sur des pays et des villes où je suis déjà allée, parfois il y a longtemps, et où j’adorerais retourner.

J’ai d’abord été étonnée par cette constatation. Longtemps, j’ai été en quête perpétuelle de nouveauté. Les choses déjà connues m’ennuyaient profondément. J’avais besoin de la stimulation que m’apportait la découverte d’un loisir, d’un.e artiste, d’un resto, d’une culture. Je produisais ma dopamine en achetant des quantités ahurissantes d’objets, en multipliant les explorations diverses et variées. Certain.es sont boulimiques de nourriture; j’étais boulimique de nouveauté. Il me semblait que mon cerveau, qui tourne constamment en sur-régime, en avait besoin pour ne pas s’auto-dévorer faute de carburant extérieur.

Est-ce la cinquantaine et la ménopause? Est-ce une cassure due à la pandémie? Est-ce la confirmation de mon autisme? Peut-être un peu de tout ça… Ces derniers mois, j’ai réalisé combien l’inconnu me stressait. Pris conscience que très souvent, les activités dans lesquelles je me lançais sans discernement me décevaient et me coûtaient plus qu’elles ne m’apportaient.

La satisfaction de gratter un nouveau pays sur ma mappemonde justifie-t-elle que je parte dans un endroit qui ne m’attire que moyennement, alors que je sais que je passerai toujours un bon moment en Europe du Nord? Cela vaut-il la peine de tester le nouveau restaurant à la mode alors que je me sens si bien et me régale systématiquement dans ceux que je fréquente déjà? A long terme, qu’est-ce que ça m’apporte d’acquérir plein d’embryons de compétences plutôt que de me consacrer sérieusement à en développer une ou deux?

Je n’aurai jamais fait le tour de toutes les choses qui pourraient m’intéresser potentiellement. Vivre 200 ans n’y suffirait pas. Et je pense que je suis arrivée à un stade de ma vie où je suis prête à cesser de picorer à droite à gauche. Ou je tirerai une plus grande satisfaction et une plus grande sérénité du fait de prendre sciemment résidence dans ma zone de confort. Je me fiche totalement qu’elle ait mauvaise presse en développement personnel: c’est un endroit calme et douillet, où il y a du thé et des livres et où personne ne m’emmerde. Je n’exclus pas de m’aventurer dehors de temps en temps, histoire de ne pas me scléroser, mais ça ne sera plus mon mode de fonctionnement par défaut.

2 réflexions sur “Old is the new New”

  1. Bonjour,
    Je suis plus âgée que vous . J’ai 60 ans.
    Le fait de prendre conscience de sa zone de confort et de s’autoriser enfin à y rester…c’est ouvrir la porte à une sérénité consentie et non culpabilisante.
    J’en suis là aujourd’hui. Je suis introvertie, hypersensible et asociale.
    Sortir de mes limites mais selon mes envies et à mes conditions.
    Prenez bien soin de vous.

  2. Bonjour, j’ai bientôt 52 piges et partage une grande partie de ce que tu dis. La ménopause est arrivée un peu tôt à mon goût (46 ans) mais quitte à être « vieille « (bon, c’est très relatif) autant ne plus se laisser emm.. par ce que les autres peuvent penser et les idée à la c.. On sait mieux ce qui nous fait du bien, autant le garder ! J’ai mes rituels et le thé en fait aussi partie. Parfois je sors un peu de mon confort mais sans tout changer. Ça me donne le sentiment de me faire gagner un peu de liberté si ça se passe bien et de faire un peu bosser mon cerveau et mes capacités d’adaptation..Et parfois c’est juste lié aux contraintes pro ou pour mon conjoint, qui fonctionne plutôt à l’opposé (il aime rassembler les gens par ex..moi j’aime les échanges plus intimes..). Donc je gère au mieux …C’est une raison de plus pour garder et cultiver ses ressources refuge.

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