Une fois de plus, la météo nous a menti: il n’était pas censé tomber une seule goutte d’eau aujourd’hui, mais ce matin quand on se lève, le ciel est uniformément gris, et il pleut. Je ne me sens du coup pas du tout motivée pour entreprendre l’excursion à Sopot qui était au menu du jour. Et pendant que je cherche des activités alternatives sur Gdansk, je reçois plusieurs mails à propos du patakès en cours avec le syndic, ainsi qu’un autre ayant trait à la relecture qu’on me demande d’effectuer en urgence à peine rentrée de vacances, alors que j’ai 8 rendez-vous médicaux dans les 3 semaines qui suivent en plus d’une charge de travail ordinaire assez lourde. Putain mais lâchez-moi.
J’essaie tant bien que mal de faire quand même quelque chose de cette journée glaciale. Le pub au bord du canal où je voulais déjeuner, et qui selon Google ouvrait à 12h, n’ouvre en réalité qu’à 13h alors qu’on crève déjà la dalle. Le musée voisin, que je comptais visiter l’après-midi, est fermé le lundi. Nous atterrissons finalement chez Cukiernia Sowa, un resto situé dans notre rue dont l’intérieur semble assez douillet et dont l’emblème est un hibou. Je commande des gnocchi épinards-gorgonzola; la serveuse m’apporte des gnocchi bolognaise végans que je n’ose pas renvoyer parce que j’ai peut-être montré la mauvaise ligne sur le menu. Grumpf.
Le ciel s’étant dégagé et la pluie ayant cessé, nous tentons de nous rendre dans les locaux d’une société qui propose des jeux de piste dans la vieille ville – nous en avions fait un une fois à Bruxelles et nous avions trouvé ça très amusant. Mais à l’adresse dite, les lumières sont éteintes et il n’y a aucune entreprise de ce nom. OK, cette journée ne veut pas de nous. On rentre à l’appartement dépités, et malgré mes efforts herculéens pour remonter mon propre moral à la force de mes muscles négligeables, je finis par craquer un bon coup.
Beaucoup trop d’inquiétude et de stress depuis six mois; non seulement je n’en vois pas le bout, mais j’ai peur que ça ne fasse qu’empirer au fil du temps. Chouchou me prend dans ses bras et me parle tout doucement, ce qui aide un peu. Puis je parviens à joindre la syndic au téléphone et à démêler le patakès en souffrance depuis 2 semaines, ce qui aide également – même si la résolution est défavorable à mon portefeuille et à celui de mes co-propriétaires.
Dans une vaillante tentative pour sauver au moins la fin de journée, je suggère qu’on aille bouquiner au Kawiarnia Retro, non loin du décevant Jozef K où nous étions deux jours plus tôt. Miracle: c’est une bonne pioche, avec une déco agréablement vieillotte et confortable, un niveau de bruit raisonnable et surtout, de délicieux chocolats chauds préparés avec de la crème ainsi qu’une vitrine de gâteaux bien garnie. Comme je suis infoutue de terminer ma tasse et mon morceau d’apple pie, Chouchou s’en charge à ma place malgré son allergie au lactose. Symphonie nocturne à prévoir sous la couette dans quelques heures. Mais c’était le moment réconfortant dont nous avions besoin.
Nous retournons au pub Gdanski Bowke où nous n’avions pas réussi à manger ce midi. L’atmosphère est très douillette, et il n’y a pas trop de monde. Nous nous installons près d’une fenêtre sur le rebord de laquelle se dressent quatre bougeoirs en étain avec de longues chandelles allumées, au milieu de citrouilles et de potimarrons factices mais bien imités. Chouchou commande un fish & chips et moi des travers de porc. Selon un rituel désormais bien établi, je cale alors qu’il reste encore un bon tiers du plat sur mon assiette, et même si la viande autant que les gnocchi maison sont à se damner, j’écoute mon estomac qui dit stop.
Je passe l’essentiel de la soirée roulée en boule sur le canapé avec une couverture en polaire, la fin du documentaire sur David Beckham et le tome 4 du manga « Skip & Loafer », que je suis en train de dévorer méthodiquement sur ma Kindle depuis le début des vacances.
🧡