Où nous tentons de nous envoyer en l’air au GEMAB (2)

Mettons fin au suspense tout de suite: nous n’avons pas gagné au concours de la radio, et il n’y a eu aucun désistement ce soir-là. Je n’avais pas grand espoir de réussir à voler étant donné que je m’y étais prise au dernier moment; aussi j’ai tenté de me convaincre que je n’étais pas trop déçue, et que c’était déjà super de pouvoir assister à un envol de masse avec un ciel nuageux aussi magnifique.

J’aurais voulu me placer loin afin d’avoir une belle vue d’ensemble, mais pour prendre des photos intéressantes, Chouchou souhaitait se rapprocher le plus possible du tarmac. Nous nous sommes donc postés sur l’esplanade, au deuxième rang derrière un papy minuscule muni d’un téléobjectif presque aussi grand que lui, et ses deux petits-enfants grimpés sur la barrière de sécurité.

L’animateur muni d’un micro est venu se mettre face à nous pour expliquer différentes considérations techniques, parler de l’organisation du GEMAB et de l’histoire de l’aérostation, puis commenter le montage et le décollage des ballons. C’était très intéressant et nous avons appris plein de choses. La foule n’était heureusement pas trop dense à cet endroit, même si au bout d’un moment, j’ai dû finir par mettre des bouchons d’oreille pour supporter les éclats de voix. A quelques mètres de nous, les Sky Amazons, équipage letton entièrement féminin emmené par sa capitaine Inga Van Haver, préparait le Crystal Gloria, son ballon à l’enveloppe rose et bleue ornée de motifs psychédéliques. Mise en place et test du brûleur, gonflage de la toile – nous étions aux premières loges pour voir comment ça se passait.

Inga a décidé d’emmener deux passagers choisis dans le public: les deux premières personnes à se manifester qui auraient le même anniversaire qu’elle. Pas le 26 mars, hélas, mais le 16 août. Et l’une de ces personnes était…. Mini-Papy! Je me suis dit: « Chouette, il va libérer sa place contre la barrière et je me retrouverai au premier rang ». Mais Mini-Papy a décliné l’invitation, et ses petits-enfants étaient encore d’une taille insuffisante pour un vol en ballon (il faut avoir les yeux plus haut que le bord de la nacelle, à la fois pour profiter du vol et pour pouvoir anticiper l’impact de l’atterrissage). Du coup, il a offert sa place à l’inconnue qui se trouvait sur sa gauche pendant que je pleurais un peu à l’intérieur. Jennifer, 41 ans, a sans le savoir échappé de peu à un rituel vaudou concocté par ma petite âme noire de jalousie.

Les montgolfières ont décollé de façon très étalée dans le temps, sur une période d’environ une heure et demie, ceci évidemment afin de ne pas risquer qu’elles se percutent en l’air: la seule chose que peut contrôler le pilote, c’est l’altitude, pas du tout les déplacements latéraux qui sont fonction du vent. Certains ballons étaient ronds et multicolores; d’autres portaient le logo de leur sponsor; d’autres encore avaient des formes de têtes d’animaux (loup, chat, lapin, canard, nounours…), d’objets ou de personnages. La plupart étaient munis de nacelles en rotin de taille variable, mais quelques-uns n’avaient qu’un siège métallique à une ou deux places suspendu sous la toile. Il y en avait des petits et des très gros, et leurs pilotes représentaient soixante-dix pays différents. Nous avons notamment vu passer plusieurs ballons suisses et un aux couleurs de l’Ukraine, celui des Hottolfiades belges ainsi qu’une reproduction du ballon originel utilisé par Pilâtre de Rozière.

Et pendant que je les regardais s’élever un par un, j’ai été submergée par un mélange d’émerveillement et de tristesse: j’aurais TELLEMENT voulu être là-haut. J’étais à la fois ravie d’assister à cet envol et malheureuse comme les pierres de ne pas y prendre part. Beaucoup plus que je ne l’aurais cru. J’en ai pleuré le nez en l’air, en fixant les nacelles jusqu’à ce que je ne puisse plus distinguer leurs passagers à l’horizon. Si elle avait été là, ma psy m’aurait félicitée d’accueillir ainsi mes émotions – un processus qui a dû embaucher une excellente équipe marketing pour jouir d’une telle popularité alors qu’il est à peu près aussi agréable qu’un coup de pied au cul. (#TeamDéniEtRépressionEmotionnelle)

Peu après 21h, alors qu’il ne restait que deux ou trois ballons encore au sol et que les premiers partis commençaient à se poser au loin, nous nous sommes dirigés vers le parking Est avec une bonne moitié de la foule. Pris dans un immense bouchon, nous avons mis plus d’une heure à parcourir le kilomètre qui nous séparait du rond-point voisin de l’entrée du parking Ouest. Un peu long, mais rien d’étonnant, et il suffisait de s’armer de patience. C’est après que ça s’est compliqué.

A suivre

1 réflexion sur “Où nous tentons de nous envoyer en l’air au GEMAB (2)”

  1. Quel suspens!! J’espère que vous pourrez revenir à Château d’Oex un jour et y faire votre baptême de l’air. En hiver voler au-dessus des montagnes ça doit être majestueux.

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