La liste de mes rêves a fortement évolué au cours de mes 52 années sur Terre. Mais il en est un qui figure dessus depuis que je suis toute petite: faire un vol en montgolfière. J’ai failli le réaliser début 2021 au Festival International de Ballons de Château-d’Oex. J’avais réservé deux baptêmes pour Chouchou et moi, pris les billets d’avion pour aller en Suisse, et notre amie Lady Pops qui nous héberge près de Lausanne avait gentiment proposé de nous emmener sur place le jour dit. Puis le festival a été annulé à cause d’Omicron. O rage, ô désespoir. J’ai envisagé de me rabattre sur les Hottolfiades, dans le sud de la Belgique, mais cet événement se déroule le dernier week-end d’août, dans une période où je suis généralement à Monpatelin.
Il y a un mois environ, le hasard des publicités Instagram m’a fait découvrir l’existence du Grand Est Mondial Air Ballons à l’aérodrome de Chambley, dans le sud de Metz. Le plus grand rassemblement de montgolfières du monde, apparemment, alors que j’étais persuadée que ce titre revenait à celui d’Albuquerque ou de Cappadoce – deux endroits où je n’ai aucune intention de (re)mettre les pieds un jour. D’accès gratuit, le GEMAB a lieu tous les deux ans, les années impaires, durant une dizaine de jours à la fin du mois de juillet.
Nous avions déjà des choses prévues les deux week-ends concernés, mais malgré un planning de boulot chargé, je me suis dépêchée de nous trouver un hébergement pour la nuit du mercredi au jeudi tandis que Chouchou bloquait une Cambio. La réservation de baptêmes de l’air en ligne était déjà close; cependant il restait possibilité de s’inscrire sur place en fonction des disponibilités, et je me suis dit qu’en semaine, nous aurions plus de chances d’y parvenir que le week-end.
Mercredi matin, nous nous sommes donc mis en route vers 9h, et après un mini-cafouillage dû à un câble d’iPhone qui ne connectait pas au GPS de la voiture, nous avons roulé sans encombres jusqu’à la petite commune de Vigneulles-lès-Hattonchatel où j’avais réservé une chambre pour la nuit dans le château local. L’arrivée fut plus mouvementée que prévu: la route initialement indiquée par notre GPS s’est avérée barrée pour travaux. La route de remplacement était un simple chemin de campagne dont l’état n’a cessé de dégénérer au fur et à mesure que nous nous rapprochions de notre destination. Il nous restait 400 mètres à parcourir quand notre voiture s’est retrouvée coincée sur un sentier gravillonneux en pente abrupte.
Une fois de plus, j’ai craint qu’on ne puisse pas repartir et qu’on soit obligés d’appeler une dépanneuse, ou qu’on casse quelque chose sur la Cambio. Heureusement que Chouchou est un pilote hors pair, qui a réussi à nous sortir de là. Nous sommes retournés vers la route barrée dans l’intention d’appeler l’hôtel de là-bas pour demander par où passer. Une fois face aux barrières, nous nous sommes aperçus que les travaux ne s’étalaient que sur quelques dizaines de mètres, et qu’une mini-déviation avait été improvisée par le champ voisin. Ainsi, nous avons fini par arriver sains et saufs à destination – non sans que quelques litres de transpiration de stress aient été versés au passage.
Après avoir déposé nos bagages dans la chambre, nous avons mis le cap sur l’aérodrome de Chambley distant d’une vingtaine de kilomètres. Nous nous sommes garés dans le premier parking sur lequel nous sommes tombés, côté Ouest. Il était 14h30 et le site était relativement calme, les deux grands pics d’activité ayant lieu le matin de 7h à 9h et le soir de 19h à 21h pour les envols de masse lorsque la météo le permet. En effet, pour la sécurité des pilotes et de leurs passagers, le vent ne doit pas dépasser 9km/h (contre 18 pour une montgolfière qui vole seule), ce qui est malheureusement assez vite atteint. Nous avons appris que jusqu’ici, sur les 10 créneaux prévus, 7 envols avaient pu avoir lieu, ce qui est plutôt bien. Nous croisions vraiment les doigts pour assister à l’un d’eux soit le soir même, soit le lendemain matin.
Pour les baptêmes, malheureusement, tout était complet dans les deux cas, m’a-t-on appris à la billetterie située du côté Est de l’aérodrome. J’ai demandé s’il était possible qu’il y ait des désistements de dernière minute; on m’a répondu que c’était très rare, qu’il n’y en avait eu que 2 en tout au cours des 5 jours écoulés depuis le début de cette édition 2023, mais que je pouvais quand même revenir à 18h30 au moment de l’appel des passagers et croiser les doigts. J’ai alors eu l’idée brillante de déplacer notre voiture sur le parking Est, de manière à avoir nos affaires – les vêtements plus chauds que j’avais emportés dans le coffre – sous la main si par miracle des places se libéraient et que nous pouvions décoller. On verra plus tard que cette initiative était, en réalité, assez désastreuse…
Il nous restait donc plusieurs heures à occuper sur site avant l’éventuel envol de masse du soir. J’ai acheté une glace à l’italienne, et comme il ne restait plus assez de parfum chocolat pour me faire une double, la dame m’a dit: « Je vous l’offre ». (Moi: « C’est gentil, mais je vous ai déjà payée. » La dame, confuse, m’a rendu mes sous.) Nous avons glissé nos bulletins dans l’urne du concours permettant de gagner deux baptêmes par jour, organisé par la radio locale qui assurait l’animation sonore. Nous avons fait un tour dans l’attraction appelée le Ventre du Ballon, et permettant d’entrer à l’intérieur d’une toile semi-gonflée.
Comme le soleil tapait dur, Chouchou s’est acheté une casquette violette à l’effigie de Pilâtre de Rozier (l’un des deux premiers aéronautes de l’histoire, qui connut un destin tragique et dont l’association organisatrice du GEMAB a pris le nom). J’aurais bien voulu un pins ou un magnet, mais il n’y en avait pas: la boutique ne proposait que des vêtements et autres accessoires assez chers que je n’étais pas du tout sûre de remettre plus tard. Nous avons mangé des américains garnis d’une quantité stupéfiante de frites et accompagnés d’un seul minuscule sachet de mayonnaise. Je voulais visiter le musée de l’aérostation, mais j’étais un peu nerveuse, et je me suis dit que je garderais plutôt ça pour la matinée du lendemain.
A 18h30, Chouchou était en place devant le podium de la radio au cas où, par miracle, un de nos bulletins serait tiré au sort. Moi, je faisais le pied de grue à la billetterie en compagnie des 70 chanceux qui avaient pu réserver un baptême en ligne pour ce soir-là, plus quelques autres retardataires dans mon genre qui espéraient aussi des désistements. Autant dire que dans tous les cas, il n’allait pas y en avoir pour tout le monde… Vers 18h45, la direction du GEMAB a levé le drapeau vert: les conditions météo permettaient de voler, ouf!
Pendant que l’appel des passagers commençait, j’ai aperçu un peu plus loin le défilé des pilotes qui, telles des rock stars, se dirigeaient vers le tarmac avec le véhicule contenant leur ballon démonté sous les vivats de la foule. A ce moment-là, il devait y avoir plusieurs milliers de spectateurs postés contre les barrières de sécurité pour assister à la préparation des ballons, ou un peu en arrière sur les espaces dégagés pour bénéficier d’une meilleure vue d’ensemble.
A suivre…