J’étais certaine de bien dormir cette nuit. En réalité, écroulée à 22h, je me suis réveillée à… 23h45. Et j’ai passé les 7 heures suivantes à désespérer en silence, ivre de fatigue mais incapable de me rendormir, ruminant tous les problèmes imaginaires du monde et pleurant intérieurement à l’idée de devoir tenir une journée de plus avec moins de deux heures de sommeil. C’est drôle, parce que le week-end dernier, je lisais le journal dessiné d’une illustratrice qui racontait sa ménopause, et dont l’un des symptômes principaux était justement les insomnies – moyennant quoi, j’ai quand même mis plusieurs jours à faire le rapprochement. Et bien entendu, je n’ai pas emporté de somnifères cette fois.
Nos bagages refaits, nous quittons l’hostel vers 8h30 et descendons à la gare de Waverley toute proche (l’escalier de la mort passe vraiment mieux dans ce sens!). Faute d’autre choix, nous nous installons au Starbucks pour petit-déjeuner. Chouchou a un petit moment de panique en vérifiant nos billets de train sur l’app de ScotRail: il n’en trouve qu’un seul, bien que j’en aie acheté deux. Finalement, il s’avère que les deux QR codes défilent à l’aide d’une flèche si minuscule qu’il est très facile de la louper. Ouf!
Nous achetons au Co-op de la gare de quoi pique-niquer dans le train. Puis j’ai moi aussi un petit moment de stress alors que l’heure d’embarquer approche et que le quai de notre train n’est toujours pas annoncé sur les panneaux d’affichage – tandis que l’app indique que ce sera le 16. La dame du guichet d’information me confirme laconiquement que oui, ce sera bien le 16, que non, elle ne sait pas pourquoi ça n’apparaît pas sur les panneaux, et qu’il ne faut pas stresser comme ça ma petite dame. Bien sûr, suis-je bête: j’aurais dû y penser. Il suffit de ne pas stresser, enfin.
Après avoir passé un point de contrôle à l’entrée du quai, nous montons donc à bord du 10h33 à destination d’Inverness. J’ai pris des billets flexibles valables toute la journée, aussi nous n’avons pas de sièges attribués, mais nous en trouvons facilement deux de libres. Je passe les 3h45 du trajet à regarder défiler le (très joli) paysage et à somnoler la tête appuyée contre la vitre.
Nous débarquons à Inverness vers 14h15 et, après dix minutes de marche, atteignons le Bed & Breakfast Fraser House où j’ai réservé pour deux nuits. Notre logeuse Leah a la stature, les yeux très bleus, la voix et la façon de s’exprimer d’une jeune Hannah Waddingham. Elle nous fait monter au deuxième étage où nous découvrons une chambre sous les toits hyper cosy avec ses murs rose pâle, son épaisse moquette à fleurs, le carrelage à damier noir et blanc de sa salle de bain et surtout ses deux fenêtres donnant l’une sur le fleuve Ness et l’autre sur les toits du quartier. Par contre, avec deux fauteuils mais zéro table et chaise, ce n’est pas encore ici que je vais pouvoir bloguer ce voyage.
Après le temps d’installation et de repos règlementaire, nous ressortons explorer le centre d’Inverness. Première étape obligatoire: Leakey’s Bookshop, la deuxième plus grande bouquinerie d’Ecosse derrière le Bookshop de Shaun Bythell à Wigtown. Je dois avouer que malgré mon amour des livres, les bouquineries me mettent aussi mal à l’aise que les friperies avec leur odeur de vieux et tous ces objets qui ont déjà eu une vie inconnue avant d’atterrir là. En plus, je déteste fouiller sans savoir ce que je vais trouver ou non. Nous nous contentons donc de prendre quelques photos avant de repartir.
Juste à côté, nous tombons sur un petit cimetière paisible où nous improvisons un shooting rapide. Un des côtés surplombe le fleuve, et quelques jeunes chillent dans l’herbe au soleil.
Le reste de la balade se révèle assez décevant. Bien qu’appréciable, la lumière est trop crue pour faire de jolies photos des maisons sur les berges de la Ness. Le château est en travaux et ne se visite pas en ce moment. La galerie couverte Victorian Market est semi-déserte et limite lugubre. Dans un magasin à touristes, j’hésite devant un pull torsadé corail avant de le reposer en décidant d’être raisonnable. Las de tourner en rond, nous cherchons un endroit où dîner de bonne heure et jetons notre dévolu sur le pub Highlander.
C’est une très bonne pioche. Arrivés avant l’affluence, nous trouvons sans peine une table près de la baie vitrée, et on nous apporte rapidement le bacon cheeseburger de Chouchou et ma steak & ale pie. A 18h, les vieux classiques du rock diffusés par les haut-parleurs s’interrompent pour laisser place à un groupe de musique traditionnelle, les Tartan Paint, composé d’un chanteur-guitariste et d’une violoniste. Ils sont très agréables à écouter; nous passons un bon moment jusqu’à ce que la salle soit bondée et que les nouveaux arrivants commencent à lorgner notre table. Nous nous éclipsons vers 18h45 pour regagner nos pénates et glandons dans notre chambre le reste de la soirée. Je n’ose plus espérer passer une nuit de sommeil correcte.
Si la suite de votre séjour se fait en voiture, nous avions beaucoup aimé le Camerons Tea Room (Ali & Morag Cameron, Glenlia Farm Estate, Foyers, Inverness, IV2 6YA). Merci pour les billets qui permettent de voyager !