Ce matin, nous quittons l’horrible hôtel de Fraserburgh le ventre vide, puisqu’ils ne servent même pas de petit déjeuner. Par chance, il y a à la sortie de la ville un hypermarché Tesco ouvert de bonne heure en ce dimanche; nous y achetons de quoi nous sustenter maintenant, mais aussi un pique-nique pour ce midi car je ne suis pas sûre que nous trouvions le moindre restaurant ou snack sur notre route (la suite prouvera que j’ai eu bien raison).
Notre première étape le long de la côte en redescendant vers le sud est le phare de Rattray Head. Ce que je n’avais pas prévu, c’est que pour l’atteindre, il faudrait suivre pendant un bon mile un chemin de terre cahotant et très étroit bien qu’à double sens. Chouchou gère parfaitement, mais j’avoue que chaque secousse fait monter ma tension artérielle d’un point et m’amène une fois de plus à reconsidérer mes choix de vie. Malgré notre assurance maximale, j’ai hyper peur qu’on se retrouve en panne au milieu de nulle part, et je n’en mène pas large lorsque nous atteignons enfin un parking presque désert. Après ça, nous devons encore marcher quelques minutes à travers les dunes avant de déboucher sur une plage où souffle un vent glacial.
La vue du phare quasi-platonicien me rassérène quelque peu: oui, ça valait la peine de venir jusqu’ici. Même si je suis frigorifiée dès que je retire ma veste et mon pull pour enchaîner les passages au bord de l’eau. Je me dis qu’à tout le moins, les photos devraient être superbes. Triple buse de Harris que je suis, je ne réalise pas que je marche dans le mauvais sens, avec le vent dans le dos, et qu’il rabat ma jupe contre mes mollets au lieu de la faire claquer joliment derrière moi. Quant aux cheveux qui volent dans tous les sens en m’aveuglant et en me donnant l’air d’une folle, n’en parlons même pas. En découvrant le résultat, des heures plus tard, je m’en voudrai terriblement de cette occasion mal exploitée qui ne se représentera sans doute jamais.
Un peu éprouvée par cette première étape, je ne suis pas chaude pour me rendre au deuxième phare de notre itinéraire, mais Chouchou insiste: on n’est pas du tout passés à un cheveu (décoiffé) d’avoir un accident, et il n’y a aucune raison de changer nos plans. Le phare de Buchan Ness lui donne raison. Bâti sur la terre ferme, il est très facilement accessible en voiture, bien que situé dans une enceinte désormais privée qui nous empêche d’aller jusqu’à son pied.
La prochaine étape est celle du point de vue suggéré par le serveur de The Captain’s Table hier: les Bullers of Buchan, des falaises spectaculaires où nichent toutes sortes d’oiseaux. Nous commençons par avaler nos sandwichs et nos tomates-cerises trempées dans du guacamole, bien au chaud dans la voiture garée sur le parking du site. Puis nous nous lançons sur le chemin à l’entrée duquel une pancarte nous met en garde: il est étroit, et à éviter les jours de grand vent. Comme souvent en Ecosse, pas d’interdiction, juste une invitation à faire usage de notre bon sens.
C’est une balade agréable, avec une vue effectivement magnifique, même si le froid nous pousse à faire tourner les talons à mi-chemin au lieu de continuer jusqu’à l’endroit depuis lequel on aperçoit le château de Slains situé plus bas sur la côte (et qui est notre destination suivante). A notre décharge, nous ne croisons guère de gens plus courageux que nous. La plupart des promeneurs font demi-tour à l’endroit où une observatrice d’oiseaux solitaire et bien emmitouflée a installé son télescope.
Après ça, direction le château de Slains, donc. Ou plutôt, ses ruines, assez fréquentées en ce week-end de pont bien que pas d’un fol intérêt à mon sens. Ce qui m’aura le plus marqué dans cette étape, c’est qu’après avoir posé mon sac à dos jaune par terre quelques minutes, le temps de poser, je l’ai retrouvé couvert de bestioles noires dont j’ai flippé à l’idée qu’il puisse s’agir de tiques. En plus, ça ne sent pas très bon là-dedans. On ne s’attarde pas outre mesure.
Dernier arrêt le long de la côte: la plage de Newburgh, célèbre pour les phoques qui se prélassent généralement à l’une de ses extrémités. Après avoir payé les £3 de stationnement (nous pensions le parking gratuit, et ne nous sommes aperçus de notre erreur qu’à la vue du panneau « Have you paid and displayed? » à l’entrée de la passerelle qui traverse les dunes), nous descendons sur le rivage. C’est une plage à la beauté sauvage et un peu étrange, sur laquelle nous n’apercevons malheureusement aucun autre animal qu’un minuscule crabe transparent au milieu des rochers couverts d’algues. Je suis assez déçue, et surtout trèèèès fatiguée à ce stade de notre périple.
Avant de repartir, je contacte notre prochaine logeuse pour la prévenir que nous allons arriver plus tôt que prévu (je compte toujours large). Puis nous prenons la route une dernière fois pour aller rendre la Kia à l’agence Europcar de l’aéroport d’Aberdeen. Surprise: nous y tombons sur le même employé jovial qui nous a remis les clés à Inverness avant-hier. Je lui demande ce qu’il fait là, et il commence par me répondre en riant qu’il nous suit avant de m’expliquer qu’il est basé ici, et qu’on l’avait juste appelé en renfort vendredi à l’agence d’Inverness qui manquait de personnel. Je le préviens que si on le recroise à Edimbourg en fin de semaine, on va commencer à avoir des soupçons.
Un trajet en navette plus tard, nous débarquons à la gare d’Union Square, quasiment en face de notre logement pour les trois prochaines nuits. Gillian, la sympathique propriétaire, nous y attend pour nous remettre les clés. Elle nous donne quelques conseils de restos où manger et d’endroits à visiter pendant notre séjour en ville.
Après son départ, nous descendons au Sainsbury situé au rez-de-chaussée de l’immeuble pour y faire des courses. Quel bonheur d’avoir, pour la première fois depuis une semaine, une cuisine où préparer à manger, un lave-linge où nettoyer nos vêtements imprégnés de transpiration, une table où nous installer avec nos ordinateurs et un canapé où m’écrouler avec un bouquin en fin de soirée!
Mais les couleurs de la mer ! ♥️ (Oui, je suis désormais prévisible.) Même si tu as été déçue de ce shooting, Chouchou fait toujours de magnifiques photos.