[ECOSSE] Où Aberdeen ne veut pas de mes sous

La semaine dernière, avec son manque de sommeil, ses déplacements constants, ses changements d’hébergement et ses 20 000 pas par jour en moyenne, m’a totalement lessivée. Et les photos à traiter s’accumulent dans les cartes mémoire de Chouchou. Aussi, en ce lundi de Pentecôte, nous décidons de nous accorder la matinée pour traîner à l’appartement. Manière de parler, puisqu’on bosse tous les deux sur nos ordinateurs, mais physiquement au moins, on se repose. J’ai le dessus du pied gauche à vif à cause du frottement constant avec le nylon de mes collants et le caoutchouc de mes bottines de pluie, et un des tendons de ma cheville droite m’élance salement depuis plusieurs jours – donc, ça ne sera pas du luxe!

Vers midi, on se met en route à pied vers la plage d’Aberdeen qui semble assez proche. Mais les apparences sont trompeuses: en réalité, pour l’atteindre, on doit marcher près d’une demi-heure à travers une zone industrielle déserte et accablée de soleil. Le genre d’endroit qui me déprime autant qu’il enchante Chouchou.

En débouchant enfin sur la plage, je pousse des couinements de joie à la vue d’une grande roue. Puis je déchante rapidement, car les nacelles ne bougent pas du tout. Je me dis qu’elle n’ouvre peut-être qu’en début d’après-midi, mais une recherche Google nous confirme qu’elle devrait tourner depuis 10h du matin. C’est un jour férié et la moitié de la ville se presse sur le bord de mer. La religion des propriétaires leur interdit de gagner de l’argent, je ne vois pas d’autre explication. Comme il y a quand même moyen de s’approcher sans escalader quoi que ce soit, on se console avec un petit shooting vite fait.

Après ça, on cherche un endroit où déjeuner parmi les petits restos aux devantures colorées et aux terrasses grouillantes de monde. Parce que j’aime son auvent rayé qui me fait penser à Coney Island, je jette mon dévolu sur The Pier, où nous dévorons des Philly cheesesteaks passablement crapuleux.

Rassasiés, nous déambulons le long de la plage en direction de l’ancien village de pêcheurs de Footdee (prononcer « Fittie »), souvent cité comme l’attraction numéro un d’Aberdeen. Je m’attendais du coup à y trouver glacier, salon de thé, boutique de souvenirs ou autres commerces destinés aux touristes de passage. En réalité, il semble que cette ville ne veuille décidément pas de mon argent. Les rues parfaitement rectilignes ne sont bordées que de maisons modestes à la déco super kitsch. Ca et là, les habitants prennent le soleil sur un banc. Je me sens gênée de me promener chez eux et de prendre des photos, donc d’exploiter leur environnement quotidien, sans rien pouvoir leur donner en retour.

Nous envisageons de prendre le bus pour rentrer afin de m’épargner une seconde traversée de la zone industrielle, mais le plus proche passe seulement à la moitié du chemin, donc j’estime que ça n’en vaut pas la peine. Au moins, Chouchou est ravi de pouvoir mitrailler les alignements de containers qu’il trouve fabuleusement géométriques. Moui moui moui.

Nous passons la fin de l’après-midi à l’appartement avant de ressortir pour nous rendre au restaurant indien Light of Bengal, où nous avons réservé sur une suggestion de Gillian. C’est plus chic que j’imaginais, et je me sens un peu honteuse avec mon legging et le T-shirt Hard Rock Café bien trop grand pour moi emprunté à Chouchou.

La carte est extrêmement variée; parmi les nombreux plats dont je lis le nom pour la première fois de ma vie, je choisis un poulet akhini en sauce crémeuse à l’ananas, et Chouchou un shalimar kharni moyennement épicé avec viandes mixtes. Plus du riz pilaf et, bien entendu, des garlic naans. Nous nous régalons, et sitôt rentrés à l’appartement, j’envoie un message à Gillian pour la remercier de son excellente recommandation.

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