[ECOSSE] Où je prends une bonne et une mauvaise initiatives

Première nuit de sommeil ininterrompue du voyage, youhou (même si on s’est couché tard et réveillés tôt)! On a demandé à petit-déjeuner à 8h, mais la dame qui fait le service – et peut-être aussi la cuisine – est toute seule, de sorte qu’on ne reçoit nos assiettes qu’à 8h40. Ma végétarienne comporte zéro assaisonnement et n’a aucun goût; je ne me force pas à finir les patates les plus molles et la tomate la plus fade de la création.

Aujourd’hui, j’ai prévu de longer la côte en explorant les petits villages de pêcheurs signalés par mon guide des plus beaux points photos de l’Ecosse: Cullen, Banff, Macduff, Crovie et Pennan où j’ai réservé un bed & breakfast pour la nuit. J’imaginais bêtement déambuler dans des rues coquettes, flâner sur des ports plein de barques colorées, acheter une glace à un marchand ambulant ou glander dans un salon de thé. En réalité, si tous ces endroits sont effectivement très jolis vus du dessus dans leur écrin de falaises déchiquetées et d’ajoncs touffus, ils n’abritent aucun commerce touristique et il n’y a absolument rien à y faire.

Résultat: une route agréable, que nous parcourons en écoutant The Red Hot Chili Pipers et en admirant les paysages, mais qui défile beaucoup plus vite que prévu. Avant midi, nous arrivons au niveau de Pennan, et j’improvise un changement de plan. Nous allons poursuivre vers l’est pour entamer le programme de demain, et je vais chercher un autre endroit où passer la nuit afin de ne pas devoir faire un aller retour inutile sur ces chemins un peu stressants malgré leur charme. En ce week-end de Pentecôte, il ne reste qu’un seul hébergement de libre dans la zone que je vise, et il n’a qu’une note de 7.9 sur Booking.com. Par ailleurs, il est trop tard pour me faire rembourser le bed and breakfast réservé il y a des mois. Mais tant pis, ça nous fera gagner du temps et de l’énergie.

Arrivés à Fraserburgh – premier port écossais pour la pêche aux coquillages, et néanmoins ville de taille assez modeste -, nous nous arrêtons pour déjeuner. Notre premier choix de restaurant se révèle fermé; le deuxième n’accepte que les paiements en cash et je n’en ai pas sur moi. C’est ainsi que nous atterrissons à The Captain’s Table, qui sert des produits de la mer locaux. La nourriture est bonne mais tout à fait classique; en revanche, les serveurs sont d’une gentillesse extraordinaire. A l’entrée de la cuisine, un immense drapeau arc-en-ciel; dans les toilettes, une affichette « Ask for Angela » invitant les clientes qui se sentiraient en danger avec leur compagnon de table à se signaler ainsi au personnel. Pour couronner le tout, notre adorable serveur nous recommande un point de vue spectaculaire situé sur notre route de demain et qui nous avait totalement échappé pendant notre phase de préparatifs: les Bullers of Buchan.

Malheureusement, il n’est ici pas possible d’ajouter un pourboire au paiement en carte. Lorsque nous sortons du restaurant, je m’empresse donc de faire un retrait au distributeur le plus proche. Ai-je mentionné qu’en plus d’avoir des habitants sympas, des paysages sublimes, des châteaux à profusion et de la bouffe délicieuse, l’Ecosse possède aussi les plus beaux billets de banque du monde?

Prochain arrêt: le musée des phares écossais. J’ai depuis toujours une passion pour les phares qui excitent mon imagination comme peu d’autres choses, hormis peut-être les montgolfières. Aussi ce lieu figurait-il en très bonne place dans ma liste d’activités pour ces vacances. Nous commençons par nous joindre à deux autres couples pour une visite du phare de Kinnaird Head, bâti en 1787 dans un ancien château et qui fut le premier phare écossais à terre. Comme tous ses semblables, il a été automatisé au vingtième siècle, et son dernier gardien-chef est décédé le mois dernier.

Notre guide Brenda, une enseignante à la retraite qui a passé toute sa vie à Fraserburgh et qui se surnomme elle-même « the fittest granny in the land » à force de gravir les escaliers du phare et d’en actionner les divers mécanismes, nous explique la merveille d’ingénierie qui permettait autrefois de guider les bateaux en cet endroit situé à la jonction de deux mers, donc particulièrement sujet aux intempéries violentes. Elle nous parle aussi des gardiens de phare, qui menaient une existence rude mais jouissaient de nombreux avantages matériels et du respect de toute la communauté. C’est une visite passionnante.

Après ça, nous explorons le musée proprement dit, qui reprend l’histoire du développement des phares en Ecosse et expose diverses lentilles dont l’une évoque la tête de C3PO. Au dernier étage, nous nous posons dans le tea room doté d’une vue sublime pour y prendre un délicieux goûter. Un de ces moments suspendus où tout mon stress s’envole comme par magie.

En sortant, nous faisons un détour par le port où je veux photographier les bateaux de pêche. Puis nous nous rendons au Findlay’s, l’hôtel réservé au débotté pour cette nuit. Et là, je comprends tout de suite pourquoi c’était le dernier où il restait de la place. C’est un endroit affreusement déprimant, genre chambre de motel américain mais pour trois fois le prix. Je regrette d’avoir eu la flemme de me taper une demi-heure de route supplémentaire ce soir et demain matin, et de devoir maintenant passer la nuit ici plutôt que dans le joli bed and breakfast de Pennan.

Frustrée et grognon, je laisse Chouchou chercher un restaurant pour ce soir, et ici aussi c’est une grosse galère pour trouver quelque chose d’ouvert et de pas complet. Nous atterrissons au Peartree Coffeehouse and Bistro où je mange des raviolis végans très quelconques accompagnés d’un pseudo-garlic bread ignoble (que j’abandonne dans sa petite assiette, parce qu’ON NE DECONNE PAS AVEC LE GARLIC BREAD). Puis on rentre au Findlay’s. Pour une fois qu’on a une longue soirée au calme devant nous, je suis dégoûtée de la passer ici – mais je ne peux m’en prendre qu’à moi et à mes fausses bonnes idées.

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