Réveillée à 3h par l’inconfort du lit et les ronflements de Chouchou, je n’ai jamais réussi à me rendormir. Je finis donc par me lever assez tôt pour préparer le petit déjeuner et mettre la dernière main au programme de la journée. Vers 9h45, nous quittons l’appartement pour prendre un bus jusqu’à notre premier arrêt du jour: le mythique Armchair Books.
Ici, je dois vous faire un aveu. En théorie, les boutiques de seconde main – bouquineries, friperies ou autres – me semblent une excellente idée, et je comprends que certain.es aient plaisir à y fouiller en quête de trésors. Mais je m’y sens toujours oppressée par l’âge et le passé des objets, à un point qui frise le dégoût. A de rares exceptions près, j’aime les choses neuves, bien rangées et vierges de toute histoire. (J’ai aussi, depuis quelques années, terriblement peur des infestations éventuelles de punaises de lit.) Bref, nous nous contentons d’un tour rapide pour prendre quelques photos, alors que la boutique vient d’ouvrir et qu’il n’y a pas encore trop de monde.
Il fait effectivement moins froid qu’hier, mais alors que nous nous dirigeons vers notre arrêt suivant, la pluie commence à tomber. C’est ballot: la Venelle est l’un des spots photos les plus connus et les plus spectaculaires de la ville, et j’espérais bien y obtenir au moins un beau cliché. Autrement dit, un cliché sur lequel je ne serais pas emballée dans ma parka-mon écharpe-mes moufles-mon gros pull. Si je ne veux pas cramer toutes mes cuillères dès le matin, l’opération exige une précision militaire.
Nous choisissons le niveau de l’escalier où nous voulons nous positionner; Chouchou procède à son cadrage, à ses réglages, et nous faisons quelques passages « à blanc » pour déterminer exactement le résultat recherché. Puis j’enclenche la 5ème: je me déshabille à toute allure sur un côté en suspendant mes affaires aux piques d’une grille, ajuste mon écharpe pour qu’elle pende joliment dans mon dos et fonce faire ma descente des marches. Une fois, deux fois, trois fois. Chouchou regarde l’écran de son appareil et crie « Je l’ai! ». Je remonte en courant et me rhabille à toute allure, presque pas mouillée pour la peine.
Sur le chemin de notre arrêt suivant, je ne résiste pas au plaisir de remonter Victoria Street juste pour le fun. Et comme la pluie redouble d’intensité, je décide qu’on va s’abriter chez Museum Context, une boutique Harry Potter sur plusieurs étages, tarabiscotée, exiguë et hyper encombrée mais bourrée d’objets irrésistibles. Si j’étais prête à le trimballer pendant tout le reste de la journée, je craquerais sur le dernier chaudron ouija qui ferait un merveilleux accessoire pour un shooting sorcière en intérieur. Pour une fois, ma flemme me sauve!
Lorsque nous ressortons, la pluie s’est changée en neige légère, qui ne tiendra sans doute pas mais que j’apprécie quand même. Une météo intéressante pour explorer le cimetière de Greyfriars, dont nous avions fait une visite guidée assez pittoresque en 2016. Il est néanmoins plus petit que dans mon souvenir; je n’y vois pas des tas d’endroits où poser en étant à la fois un peu protégée et respectueuse du lieu. La seconde opération-éclair de la journée ne donne pas d’aussi bons résultats que la première, mais c’est le jeu, ma pov’ Lucette. Parfois on obtient un résultat miraculeux, et parfois on est juste déçu. Un peu comme dans toute entreprise créative, en somme.
Il est maintenant l’heure de déjeuner. Nous remontons vers chez MUMS comfort food, une chaîne écossaise connue notamment pour ses bangers & mash (des saucisses-purée, donc, mais délicieuses). Nous passons devant Black Moon Botanica, une boutique de « sorcellerie » repérée sur Instagram et malheureusement fermée jusqu’au 11 janvier. Des mois que je dressais amoureusement une liste de tous les accessoires que je souhaitais acheter sur place pour m’éviter les frais de port et de douane; je suis désespoir. Pour me venger, au lieu du plat végétarien raisonnable sur lequel j’avais porté mon choix, je m’entends réclamer à la serveuse de chez MUMS deux saucisses aux herbes avec une purée à l’ail et aux champignons et une sauce brune traditionnelle. Plus un soda à la rhubarbe. Le gras et le croustillant, y’a que ça de vrai pour éponger la déception.
Arrêt suivant: le Royal Mile, soit l’enfilade de rues pavées bordées de boutiques à touristes qui monte vers le château d’Edimbourg. Ma mission du jour: trouver un pull torsadé qui ne gratte pas et ne me transforme pas en Bibendum. Hélas, trois fois hélas! Le modèle beige très doux sur lequel je jette mon dévolu n’est plus disponible dans ma taille. Je sens bien que les dieux du shopping ne sont pas avec moi aujourd’hui. Après que j’ai loooonguement hésité à m’offrir une écharpe en tartan chez Edinburgh Woollen Mill, nous pénétrons dans la cour du château. Nous ne nous étions jamais aventurés jusque là, et je dois admettre que la vue sur les montagnes est assez spectaculaire.
Nous descendons ensuite vers New Town. Au passage, je propose à Chouchou de faire un tour sur la grande roue du marché de Noël: étant donné l’éclairage public réduit pour faire des économies, on profitera mieux de la vue en plein jour. Et puis, la file d’attente est bien moindre que le soir. D’en haut, je suis surprise de constater à quel point la mer est proche à vol d’oiseau. S’il faisait meilleur et si on n’avait pas mieux à faire, on pourrait s’y rendre à pied depuis le centre. Tout de même, le panorama est très gris.
L’heure de la vengeance shoppingesque a sonné. Chez Anthropologie, je craque pour un improbable pull noir très court. Ses manches bouffantes vont être chiantissimes à caser sous un manteau, mais il me fait une silhouette très chouette porté par-dessus mon ample robe en lin et ceinturé un peu serré. A la boutique du Hard Rock Café que je ne me souviens pas avoir vu lors de nos séjours précédents, je rafle un T-shirt gris hyper doux orné du logo de la maison.
Satisfaite, je décide le moment venu d’aller nous poser dans un de mes endroits préférés au monde: le café du Waterstones de Princes Street. Les dieux du tea time ont décidé de compenser la performance décevante de ceux du shopping; ils font en sorte qu’une des deux meilleures tables de la maison se libère juste à notre arrivée. Nous nous installons donc contre la baie vitrée, avec une vue imprenable sur le château. Nous y passons une délicieuse heure et demie à siroter un thé vert assez mauvais (mais soit, on est au pays du thé noir) en grignotant un gâteau au citron et un scone qui, par contre, tabassent tout.
Après ça, nous prenons le temps d’explorer le magasin. Sans trop savoir comment, je me retrouve à la caisse avec cinq livres qui auraient sans doute coûté moins cher chez Satan, et que je vais devoir rapatrier à Bruxelles croulant sous le poids de mon incapacité à résister fût-ce temporairement à une belle couverture. On ne peut pas lutter contre son destin.
Il me reste tout juste la force de me traîner jusqu’au Marks & Spencer situé à l’autre bout de l’avenue pour y faire des courses de nourriture. Des scones au cheddar (deux pauvres paquets oubliés au fond du rayon: apparemment, je ne suis pas la seule à les kiffer)! La bouffe indienne dont le souvenir nous fait pleurer tous les samedis soirs depuis la fermeture du magasin de Bruxelles! C’est chargés mais très satisfaits que nous reprenons le bus pour rentrer à l’appartement et passer la soirée écroulés sur le canapé.
Quelle belle journée! Tu me donnes très envie d’aller refaire un tour à Edimbourg 🙂
Je ne vois pas comment ça pourrait être une mauvaise idée 🙂