[EDIMBOURG] Où la subtilité n’étouffe pas le panda

Ce matin, j’ai prévu un petit tour du côté de Stockbridge, un quartier bourgeois situé au nord du centre-ville où se trouvent deux spots photos très connus: Circus Lane et Royal Circus. La température est assez douce, et je supporte sans problème de rester sans manteau ni pull pendant plusieurs minutes. Je suis agréablement surprise qu’il n’y ait presque personne; nous ne croisons guère que quelques habitants du coin à l’air blasé, dont une vieille dame qui lève les yeux au ciel et grommelle audiblement. Quelle plaie ce doit être d’habiter dans un endroit si beau que les touristes risquent d’en vouloir un souvenir!

Nous avions quitté l’appartement en bus, mais de Stockbridge à New Town, la distance est assez courte pour que nous poursuivions à pied. Je jette cependant des coups d’oeil inquiets au ciel plombé, car la météo a prévu des pluies assez fortes à partir de 11h30 et pour tout le reste de la journée. Afin de tuer le temps en attendant l’heure du déjeuner, nous allons boire un thé à l’Eteaket de Frederick Street. Me laissant abuser par la dénomination « tea » qui, en anglais, désigne aussi bien le thé que les infusions d’autres plantes, je crois commander un thé vert à la pomme et me retrouve avec une bête tisane aux fruits. Pfff.

A midi pile, nous faisons l’ouverture du Bar Soba, un resto lounge fusion asiatique assez bien coté. J’en ressors avec une impression mitigée: la nourriture était délicieuse, la déco plutôt agréable, mais j’ai détesté la musique beaucoup trop forte à mon goût et trouvé le service peu sympathique. Quelques dizaines de mètres plus loin, je note que Hendersons, le merveilleux resto végan où nous nous étions régalés en 2016 et 2018, a fermé son établissement au coin de Thistle Street, et cela m’attriste car j’espérais y retourner cette fois encore.

Bien qu’un peu en retard, la pluie se met bel et bien à tomber lorsque nous ressortons du Bar Soba. J’ai prévu que nous nous en abritions à la National Portrait Gallery, un musée que nous avions adoré lors de notre séjour précédent et qui propose actuellement deux expos au thème assez alléchant. « The modern portrait » regroupe des effigies d’Ecossais.es plus ou moins connu.es. Deux d’entre eux retiennent particulièrement mon attention. Même coulé dans le bronze, le capitaine Eric Melrose Brown, pilote le plus décoré de la Royal Navy et détenteur de plusieurs records qui ne seront sans doute jamais battus, a l’oeil qui frise et le sourire de quelqu’un qui devait bien aimer blaguer. Le professeur Sir James Black, lui, est responsable de la découverte des béta-bloquants qui servent entre autres choses à traiter certaines maladies coronariennes et l’hypertension – tôt ou tard, je vais sans doute lui devoir mon confort de vie.

Autre expo temporaire fort sympathique: « Artists at work 2 », qui présente les oeuvres des employés du musée. Un joyeux bazar, hétéroclite et inspirant. Par contraste, la collection permanente située au dernier niveau aligne les portraits de personnages historiques affichant leurs plus beaux atours et un air invariablement coincé. Cependant, l’architecture de la galerie est très belle et justifie le coup d’oeil à elle seule.

J’envisageais de goûter au café Portrait situé au rez-de-chaussée du musée, mais quand nous terminons notre visite, il est bondé et archi-bruyant. Nous décidons donc – quelle surprise – de nous réfugier chez Waterstones. Mais nous ne sommes pas les seuls à avoir eu cette idée, et aujourd’hui, même les tables de l’étage sont toutes occupées. Néanmoins, les dieux du tea time ne m’ont pas totalement abandonnée: nous arrivons à grappiller une table basse entourée de deux fauteuils confortables, dans un petit renfoncement qui nous protège à la fois du passage et des conversations.

J’ai décidé de clôturer la journée au Panda & Sons, un speakeasy que j’avais adoré lors de notre séjour précédent pour sa belle déco d’inspiration coloniale, sa carte variée et originale ainsi que la mise en scène des propriétaires sous les traits d’une famille de pandas. Pour éviter la foule, nous y arrivons peu après l’ouverture, vers 16h15. Mais lorsque le serveur venu nous chercher dans la pseudo-échoppe de barbier du rez-de-chaussée pousse la porte du sous-sol, je me prends un mur de bruit quasi-solide en pleine face. La salle est déjà bondée, et les clients sans doute un peu éméchés à en juger le volume auquel ils croient bon de s’exprimer. Je manque tourner les talons aussi sec. Heureusement, le serveur nous trouve une table dans l’alcôve du fond où l’agression sonore est un peu moindre. Plus de jolies cartes en papier parchemin, juste un menu numérique auquel on accède par un QR code. Chouchou, qui ne boit pratiquement pas d’alcool, commande un cidre tandis que j’opte pour un Softcore Porn et reçois… un cocktail orné d’une aubergine. Pas très subtil, mais délicieux. Hélas, le bruit ainsi que la jovialité agressive de la serveuse ne m’incitent pas à m’attarder. Dès que j’ai fini mon verre, nous fuyons.

Ce soir encore, nous dînons à l’appartement d’une tourte poulet-champignons de chez Sainsbury, accompagnée d’un velouté de petits pois et d’une salade italienne. Je voudrais bien qu’on m’explique pourquoi la bouffe de supermarché est toujours aussi délicieuse au Royaume-Uni alors que je la trouve dégueu et l’évite à tout prix en France comme en Belgique.

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