[EDIMBOURG] Où je me demande si c’était vraiment une idée brillante de venir passer les fêtes ici

En principe, à partir du moment où je réserve mes voyages, je me mets à fantasmer sur tout ce que je ferai une fois à destination. Mais comme pas mal de gens sûrement, j’ai été quelque peu traumatisée par les restrictions dues à la pandémie depuis le printemps 2020. Et puis, deux jours après que j’ai acheté nos billets d’avion au mois de septembre, Brussels Airlines m’a informée que notre vol aller du 25 décembre était supprimé et remplacé par son équivalent du lendemain, ce qui avec un retour initialement prévu le 30 ne nous laissait que trop peu de temps sur place à mon goût.

Un coup de fil au service client m’a permis de déplacer gratuitement ledit retour au 1er janvier, et de grignoter pour le coup 24h de rabe. Trop beau pour être vrai, se disait mon cerveau, qui s’attendait à un autre chamboulement de dernière minute. Ou à une grève des contrôleurs aériens, des douaniers, des bagagistes, du personnel volant. Ou à une tempête de neige qui paralyserait un des deux aéroports. Ou à un Covid/une grippe malencontreusement chopé.e par l’un de nous la semaine précédant les fêtes. Bref, je n’étais pas sereine du tout, au point que je n’ai annoncé notre destination à quasiment personne.

C’est pourtant sans mauvaise surprise et avec seulement 40 mn de retard sur l’horaire prévu que nous atterrissons à Edimbourg en ce lendemain de Noël – un jour que les Britanniques appellent Boxing Day, et qui est également considéré comme férié. Les commerces de l’aéroport sont fermés, mais le tram qui rallie le centre-ville en une demi-heure circule normalement. Tout juste le temps de prendre deux billets aller-retour aux automates situés en bout de quai et de sauter à bord, et nous voilà partis! Il est 16h et il fait encore vaguement jour; mais le temps d’atteindre l’arrêt de Princes Street, la nuit est complètement tombée, mettant en valeur les lumières du marché de Noël et de la grande roue multicolore. Nous marchons jusqu’à l’arrêt de bus voisin de The Mound et attendons trèèèèès longtemps un 8 qui tarde à se pointer. Le thermomètre a chuté sous zéro; il y a pas mal de vent, un peu de pluie, et je commence à douter de la brillance de mon idée de passer les fêtes en Ecosse.

Lorsque nous atteignons enfin notre Air BnB, deux heures se sont écoulées depuis notre atterrissage. Points positifs: l’entrée dans les lieux est rapide et facile grâce à une boîte à clés; l’appartement nous semble très cosy; notre logeuse a dressé un joli sapin dans un coin du salon et rempli le frigo et les placards de cuisine du nécessaire pour des petits-déjeuners copieux; le chauffage fonctionne très bien, et il y a même un poêle à gaz. Points négatifs: pas de bureau ou de table assez confortable pour s’installer avec les MacBook, si bien que je ne bloguerai pas de tout le séjour; une chasse d’eau extrêmement capricieuse dans les toilettes; une soufflerie de salle de bain hyper bruyante, et… un lit en 120, alors que la plupart des couples se trouvent désormais à l’étroit dans du 140. Par ailleurs, redescendant à pied vers le centre-ville pour profiter du marché de Noël avant sa fermeture, nous nous apercevons qu’il nous faut presque une demi-heure alors que l’annonce indiquait la moitié de ce laps de temps. Avec une météo pareille, la différence n’est pas négligeable…

Un des premiers stands que nous apercevons sur le marché de Noël est celui de Royal Silver Mile, une boutique repérée sur Etsy qui vend de chouettes bagues d’inspiration celtique. Nous envisagions d’en acheter deux assorties pour nous servir d’alliances, mais voilà: les seuls modèles qui nous plaisent sont en tungstène trop difficile à faire graver par un joaillier lambda après notre retour, et tous les anneaux sont beaucoup trop épais pour mes petits doigts. Tant pis, on regardera ailleurs.

En explorant la partie consacrée aux stands de nourriture, nous nous laissons tenter par une barquette de mac and cheese couverte d’oignons croustillants, et par un hot-dog que nous réclamons coupé en deux pour le partager. Je suis assez impressionnée par la popularité locale de la saucisse polonaise. Déçue, en revanche, d’apprendre que les photos de chaises volantes vues sur Instagram datent de l’année dernière et que ce manège ne se trouve pas là cette année. Je me console en m’offrant une maisonnette en céramique laborieusement choisie parmi les merveilles d’un artisan lituanien bougon, puis une bague argentée en forme de tête de mort ornée de deux énormes cornes – elle ira très bien avec ma robe brodée de sorcière. Le sol est verglacé, et nous devons faire très attention pour ne pas rejoindre la cohorte des gens qui effectuent un vol plané spectaculaire sous nos yeux alarmés.

Avant même la fermeture du marché, le froid nous pousse à nous replier vers un arrêt de bus déplacé pour cause de travaux. Cette fois encore, nous attendons bien plus longtemps que prévu. Je suis à un cheveu du lumbago, et pour protéger mon dos, je m’accroupis recroquevillée sur moi-même dans le renfoncement d’une porte d’hôtel. Quand le bus à deux étages arrive, nous montons dedans avec soulagement. Il n’y a bien entendu pas de places assises, et surtout… pour une raison obscure, il ne redémarre pas avant dix bonnes minutes. Autant dire que lorsque nous poussons de nouveau la porte de notre appartement, je suis au bout de ma vie.

Chouchou propose gentiment d’aller faire quelques courses au Sainsbury voisin qui ferme à 21h pendant que je rappelle ma soeur, qui a tenté de me joindre alors que nous nous apprêtions à descendre du tram de l’aéroport. Je passe trois quarts d’heure à papoter avec elle et à prendre des nouvelles de toute la famille. C’est très bizarre de me dire que je ne les ai pas vus de toute cette année, et qu’étant donnée la façon dont les choses se présentent, je ne les verrai peut-être pas non plus l’année prochaine. Mais bref. Nous allons nous coucher relativement tôt pour bien profiter de la journée de demain. Il devrait faire quelques degrés de plus, et ça ne sera pas du luxe!

1 réflexion sur “[EDIMBOURG] Où je me demande si c’était vraiment une idée brillante de venir passer les fêtes ici”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut