Je me suis inscrite sur GoodReads début 2018. Je m’étais fixé un défi un peu fou cette année-là: lire un livre par jour. J’ai effectivement fini avec un compteur à 373 (dont environ la moitié de bédés). En 2019, j’ai retrouvé un niveau un peu plus normal pour moi, avec 264 livres lus dans l’année. En 2020, j’étais à 195; en 2021, à 192, et cette année, je pense que je vais péniblement atteindre les 170 d’ici la fin du mois.
Vous me direz que 170 livres lus dans l’année, c’est beaucoup plus que la moyenne des gens. Sauf que je n’ai pas pour habitude de me comparer aux autres. La seule chose qui m’intéresse, c’est ma propre évolution. Et je sais très bien pourquoi je lis de moins en moins. Depuis que j’ai acheté un iPad mini, dont je fais à peu près le même usage que Chouchou de son smartphone, ma capacité d’attention a radicalement diminué. Avant, je pouvais lire des heures d’affilée, au point d’en perdre la notion du temps. Désormais, au bout de 20 minutes, je commence à décrocher, et je suis prise de l’envie irrésistible de consulter Instagram ou de jouer quelques parties d’un jeu débile.
Ce phénomène est encore accentué par mes cataractes qui diminuent énormément mon confort de lecture sur papier (et que je ferai opérer dès que possible, mais le moment n’est pas encore venu). Entre aussi en ligne de compte, sûrement, le fait que ma patience s’amenuise avec l’âge: désormais, soit un livre m’accroche fort dès les premiers chapitres, soit je le laisse tomber direct même si le sujet m’intéressait et que les critiques sont excellentes.
Bref, en 2022, j’ai quand même lu 170 livres. Aucun ne m’a plu au point d’entrer dans mon top de bouquins préférés de tous les temps, et rétrospectivement, j’ai presque tout oublié de ceux auxquels j’ai mis 5 étoiles en début d’année – ce qui n’est pas bon signe. Voici cependant les titres que je retiendrai pour le plaisir qu’ils m’ont procuré sur le coup, classés du plus récemment lu au plus ancien.
ROMANS:
« The golden enclaves », magnifique dernier tome de la trilogie de dark academia « The Scholomance » de Naomi Novik. Ici, l’unique espoir de survie des enfants doués de magie est de les enfermer pour quatre ans dans une école hors du monde, pleine de monstres qui vont essayer de les tuer. Non seulement l’héroïne est fabuleuse, non seulement l’histoire prend aux tripes, mais toute la trilogie est une attaque en règle à peine voilée contre le capitalisme. Premier tome est disponible en français chez Pygmalion; le deuxième à paraître en février prochain.
« All of our demise », second tome de l’excellente duologie de dark fantasy écrite à quatre mains par Christine Lynn Herman et Amanda Foody. Sept champions adolescents livrent un tournoi dont un seul ressortira vivant, et maître.sse de toute la haute magie du monde pour les 20 ans à venir. Vraiment sombre et plein de suspense. La série n’a pas encore été traduite, mais au cas où, je ne demande qu’à m’en charger!
« This time tomorrow » d’Emma Straub: Une très belle histoire de voyage dans le temps doublée d’une magnifique relation père-fille, avec de la vraie leçon de vie qui fait bousiller toute une palette de Kleenex à la fin. Pas de VF non plus à ma connaissance, mais là encore, je rêverais qu’on me confie ce texte.
« Anse rouge » de Sandrine Caillis, une histoire d’adolescence ardente comme le soleil des étés à Noirmoutier. Beau et lancinant.
« Les nuits bleues »: En plein confinement du printemps 2020, Anne-Fleur Multon raconte les débuts de sa relation passionnelle avec celle qui est depuis devenue sa femme. Intense et charnel.
BD/MANGA:
« Chauds comme le climat » (Lupano/Cauuet), 7ème tome de la truculente série des « Vieux fourneaux » dont la qualité ne faiblit pas avec le temps.
« La vie gourmande », encore une très belle oeuvre intime et gourmande d’Aurélia Aurita qui y raconte à la fois sa relation à la nourriture et son cancer du sein.
« Himawari house » (Harmony Becker). Trois étudiantes étrangères d’origines diverses partagent une maison lors de leur séjour d’un an au Japon. Un roman graphique tranche de vie impeccable de justesse et d’émotion (malheureusement pas disponible en français).
« Hawaï solitudes ». Tout est dans le titre: Kikuo Johnson met en scène des solitudes individuelles qui se côtoient à Maui, dans une atmosphère à la fois mélancolique et oppressante. Du dessin en bichromie épuré, au service d’une narration savamment étudiée.
« Otoshiyori ». Pas vraiment une bédé, mais plutôt un carnet illustré sur le thème des personnes âgées au Japon, basé sur les souvenirs de voyage et les commentaires personnels d’Isabelle Boinot. Touchant et intéressant.
Je me note This time tomorrow et Scholomance, dont j’attends désespérément que ma bibliothèque les acquière…
Comment tu expliques que tu te ne rappelles plus rien des oeuvres qui t’ont très fortement marquées au point d’avoir 5 étoiles ?
On ne peut dire si on a été marqué.e par un livre qu’a posteriori, pas juste après l’avoir fini. Au moment où j’attribue les étoiles, tout ce que je prends en compte, c’est mon plaisir de lecture. Et je peux avoir beaucoup aimé un livre sur le coup mais ne pas en garder grand-chose des mois et des dizaines d’autres romans plus tard.
La duologie All of us villains/All of our demise va être traduite chez Milan, le premier tome est à paraître début 2023 🙂
Et très contente de voir Himawari House dans ton top 10 !
Ah tant mieux! Ca m’étonnait qu’aucun éditeur français n’ait été intéressé…