Jeudi matin, nous prenons le train avec Lady Pops pour aller rejoindre les Shalbuline à Lausanne. On se retrouve au Tibits qui occupe désormais les locaux de l’ancien buffet de la gare. La salle est magnifique avec son plafond très haut et ses fresques peintes de grandes villes suisses, mais je n’y fais qu’un tour très bref le temps de m’acheter une cuchaule (brioche au safran originaire de la région de Fribourg) avant de m’installer en terrasse avec les autres.
Une fois tous les estomacs hydratés ou lestés selon les besoins, nous prenons le métro-qui-grimpe, puis un bus pour nous rendre jusqu’à la Tour de Sauvabelin. Situé dans les hauteurs de Lausanne, cet édifice en bois massif haut de plus de 35 mètres compte 300 marches qui forment une double hélice parfaitement symétrique. Chacune d’elles, ainsi que certains des montants de la balustrade, porte une petite plaque de laiton sur laquelle est gravé un court message des entreprises locales et des particuliers ayant financé sa construction. D’en bas, j’ai l’impression qu’atteindre le sommet va être une torture. En réalité, l’ascension des 3 niveaux est très agréable pour peu qu’on prenne son temps et qu’on s’amuse à déchiffrer au passage les messages tantôt drôles, tantôt émouvants.
Le clou du spectacle, évidemment, c’est la vue imprenable dont on jouit depuis le sommet de la tour. D’un côté le Jura, de l’autre la Gruyère – et par une journée ensoleillée comme celle-ci, le regard porte assez loin pour comparer la réalité aux dioramas qui reproduisent la ligne d’horizon en nommant chacun de ses multiples sommets. Pour quelqu’une qui a grandi et vécu essentiellement dans des régions plates comme le dos de sa main, c’est un spectacle très dépaysant!
Nous descendons ensuite à pied, sans nous presser et en recherchant les zones d’ombre, en papotant de l’horrible banalité des attaques au GHB dans les bars et les boîtes de nuit. Vers midi, nous faisons halte au musée de l’Hermitage. D’après Funambuline, l’entrée est hors de prix et les expos pas forcément intéressantes, mais le parc offre un lieu idéal pour un pique-nique. Par exemple, celui qu’elle a entièrement confectionné de ses blanches mains, et que Shalf et elle viennent de se coltiner jusqu’en haut de la Tour de Sauvabelin. Mais en le déballant, elle se rend compte qu’elle a oublié de prendre des fourchettes. Et manger de la salade composée avec les mains, ça peut vite devenir gore. Shalf se dévoue donc pour se rendre à la cafétéria du musée et tenter de leur extorquer quelques couverts.
Il revient avec une bouteille d’eau gazeuse hors de prix et trois (1+1+1) fourchettes en plastique qu’il faudra restituer après usage. A la guerre comme à la guerre: certains commencent leur repas par la salade tandis que d’autres attaquent les sandwichs, puis on nettoie les fourchettes avec l’eau des gourdes avant de se les passer. Je n’avais pas pique-niqué depuis hyper longtemps et je trouve ça très chouette (probablement parce que ce n’est pas moi qui ai dû préparer ou porter la bouffe). Mon truc préféré: le sandwich à la salade d’oeufs et aux pickles maison de fenouil. Oui: MOI, j’ai mangé du FENOUIL. Mais y’en avait pas beaucoup, et il avait macéré dans du vinaigre, et c’était un bébé encore tendre, plus croquant que goûtu. Voilà voilà.
Nous poursuivons notre descente à pied jusqu’au centre-ville. Vu que je n’ai honteusement rien foutu pour la communauté, je propose d’offrir une tournée de glaces. Mais c’est un jour férié, et on a déjà bien du mal à trouver un bar ouvert. Ce sera Les Grandes Roches, avec sa belle terrasse partiellement nichée sous une des arches du pont Bessières. La serveuse manifeste une connaissance des IPA locales qui satisfait les buveurs de bière du groupe, tandis que les autres optent pour des limonades maison. Bien installés autour d’une grande table à l’ombre, on discute de politique et du prix des chaises (trop de contexte). Et surtout, on se marre énormément. Ca faisait longtemps que je n’avais pas pris autant de plaisir à des interactions de groupe, et surtout, que ça ne m’avait pas donné de l’énergie au lieu de m’en pomper.
On se promène encore un peu avant de finir l’après-midi sur la terrasse de la brasserie de Montbenon, le premier endroit où Funambuline nous a emmenés manger quand nous sommes arrivés en mai 2015. C’est là que j’ai découvert l’ail des ours, parce que personne ne me dit jamais rien. Aujourd’hui, Chouchou et moi nous contentons d’un crumble à la rhubarbe. Lady Pops choisit une tartelette au citron, tandis que les Shalbuline optent pour « un dessert au houblon ». Je décèle comme une tendance. Vers 18h30, nous sommes chassés par une combinaison « table réservée par d’autres », « soleil couchant en pleine face » et « approche de l’heure du dîner ». Lady Pops, Chouchou et moi reprenons le train jusqu’à Sonpatelin pour finir la journée avec sa famille.
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Ah tiens on ne vous a pas fait monter à Sauvabelin à pied 😅
Non, nos guides avaient de gros sacs à dos très pleins et auraient souffert beaucoup plus que nous!