[VARSOVIE] Où nous rencontrons une sirène bien loin de la mer

 

Mardi matin. Nous sommes tous les deux réveillés à 4h, et changés en passoire par une horde de moustiques que la pluie incessante depuis le début de l’été belge n’a nullement découragés. D’habitude, je suis la seule à me faire piquer, mais là… « Apparemment, je suis de nouveau sur la liste des comestibles », commente Chouchou, philosophe. Nous nous préparons et vers 6h20, constatant qu’il y a plein de Poppy garées dans notre quartier, nous optons pour ce système de voitures partagées plutôt que pour la navette qui part de la place du Luxembourg. C’est toujours une demi-heure de gagnée sur le port du FFP2 qui m’a déjà à demi scié les oreilles l’avant-veille! 

A 7h10, nous sommes plantés au bout de la rangée 5 des comptoirs d’enregistrement – en ce moment, même avec juste des bagages cabine, il est impossible de générer soi-même sa carte d’embarquement en ligne à cause des vérifications obligatoires en lien avec le Covid. Tout le monde doit passer par le check in à l’aéroport… sauf que dans notre cas, l’employé de la compagnie LOT, lorsque son guichet ouvre enfin à 8h30, ne demande à voir ni notre certificat de vaccination, ni le récépissé de notre PLF. « Vous les montrerez à l’arrivée ». Mmmh OK, et s’ils ne se révèlent pas valables pour une raison ou une autre, il se passe quoi? On nous renvoie chez nous par l’avion suivant? Ca ne serait pas mieux de nous bloquer dès le départ? 

Bref, le temps de passer la sécurité – où la circulation est très fluide en dépit d’un grand nombre de voyageurs, bravo à l’aéroport de Zaventem! -, nous retrouvons avec bonheur les deux fauteuils rouges en forme d’oeuf installés face aux pistes, dans le hall dit « de la fusée de Tintin ». Nous sommes largement en avance, mais désormais sûrs de pouvoir partir sereinement, ce qui vaut bien une heure de glandouille avant de nous rendre à la porte A48. Le vol d’une durée d’1h40 se déroule sans anicroche, même si nous n’avons pas pu avoir de sièges côte à côte. (Le petit garçon assis près de moi est d’ailleurs bien plus discret que la plupart des adultes, et hyper discipliné sur le port du masque.) A la descente, surprise: la vérification des certifs de vaccination consiste en un vague coup d’oeil d’un policier qui ne scanne pas le QR code ni ne réclame de pièce d’identité. J’aurais pu créer moi-même un amas de pixels sous-titré Imogène Tartempion, et ça passait crème. 

Nous retirons des zlotys, récupérons la grosse valise de Chouchou et sortons du terminal pour prendre le bus 175… qui nous file littéralement sous le nez. J’ai même le temps d’appuyer sur le bouton d’ouverture des portes avant qu’il ne s’ébranle en nous plantant là. Tant pis, le suivant est dans un quart d’heure à peine. Il nous faut bien ça pour réussir à verser de l’argent sur l’app de la société de transports en commun locale que Chouchou a téléchargée la veille (comme à Hong Kong ou Singapour, ici on n’achète pas de tickets à l’unité mais un montant de crédit qui est ensuite débité au fur et à mesure des trajets). Le gag, c’est qu’on est censé valider quand même en montant dans le bus, mais comment? Chouchou rachète deux tickets à l’unité au distributeur intérieur du véhicule avant que son regard ne se pose sur un QR code situé en hauteur: c’est lui qu’il faut scanner pour débiter le crédit de l’app. OK, on le saura pour les prochaines fois. Je trouve aussi un peu bizarre qu’on n’achète pas les billets pour une certaine zone, mais pour un certain temps: 20, 75 ou 90 mn. Que se passe-t-il en cas d’embouteillages et de trajet plus long que prévu? Mystère. 

Le 175 nous laisse à 50 m de notre hébergement: un studio dans une résidence d’apparts-hôtel. En temps normal, pour plusieurs jours, je préfères les Airbnb. Mais rares sont ceux qui restent annulables sans frais jusqu’au dernier moment ou presque, et étant données les circonstances, je trouvais plus prudent de passer par Booking.com – c’est d’ailleurs une des choses qui m’ont permis de rester à peu près sereine face à la montée du variant Delta et aux menaces de reconfinement/quarantaine imposées aux étrangers localement. Nous passerons donc la semaine dans une chambre équipée d’une vraie table et de deux chaises pour bosser ou manger, ainsi que d’une kitchenette sans plaques de cuisson mais avec mini-frigo, four micro-ondes, bouilloire, évier et un minimum de vaisselle. Pas un logement coup de coeur, mais c’est confortable et bien placé, ce qui nous suffit. 

Après avoir défait nos bagages et pris une douche rapide (incroyable comme on se sent sale après avoir voyagé, alors qu’on n’a rien fait d’autre que rester le cul dans un siège pendant quelques heures d’affilée…), nous ressortons pour un déjeuner tardif dans un resto que j’avais noté sur ma Google Maps et qui fait le service en continu. Situé au pied d’un pont très impressionnant, le Warszawa Powisle, son « architecture de soucoupe volante » et son « charme 50’s » m’ont été quelque peu survendus par un guide quelconque. Mais nous mangeons sur sa terrasse des burgers délicieux et vraiment pas chers, tandis que la météo changeante s’abstient à la fois de nous pleuvoir dessus et de nous griller avec trop de soleil. Que demande le peuple? Après un an et demi de Covid, pas grand-chose de plus. 

Bien que déjà crevés par une journée qui nous semble durer depuis une semaine, nous remontons à pied le long de la Voie Royale, une enfilade de jolies avenues bordées de restaurants et de librairies, jusqu’à Stare Miasto alias la vieille ville historique – détruite pendant la Seconde Guerre mondiale mais rebâtie à l’identique. Les façades pastel nous font penser à Tallinn, à Bratislava ou à certains quartiers de Munich. Il y a peu de monde dans les rues pavées dont beaucoup sont uniquement piétonnes; il fait doux et la lumière rasante du soleil déclinant est de toute beauté. Nous déambulons au hasard, notant la présence de nombreux bouquets sous les plaques commémoratives de l’insurrection de Varsovie qui a débuté le 1er août 1944. Alors que j’examine la devanture de quelques marchands de souvenirs pour y repérer le magnet touristique qui grossira ma collection au retour, je suis intriguée par la présence de nombreuses effigies de sirènes – nous sommes pourtant à 200 bons kilomètres de la mer Baltique. Notre ami Google nous en explique aussitôt la raison, et cent mètres plus loin, nous tombons sur la statue de la protectrice de la ville dont elle est également devenue l’emblème. 

Fatigués mais désireux de profiter encore de cette magnifique fin de journée, nous nous posons à une terrasse pour y déguster des limonades maison en reposant nos jambes. Quand Chouchou commence à dodeliner du chef, je propose qu’on prenne le chemin du retour, et qu’on s’arrête en passant chez l’incontournable Zapiecek pour y prendre un assortiment de pierogis (de gros raviolis polonais fourrés à des parfums différents) à emporter. Ce que je n’avais pas escompté, c’est qu’il faudrait les attendre 20 mn! Munis des précieuses barquettes, nous ressortons de la vieille ville et sautons à bord du premier bus qui dessert notre arrêt – heureusement, ils sont nombreux. Nous passons la soirée à boire des litres de thé pour ne pas nous endormir avant 20h sans avoir trié nos photos, blogué et réglé les détails pratiques en suspens. 

4 réflexions sur “[VARSOVIE] Où nous rencontrons une sirène bien loin de la mer”

  1. Les photos donnent envie 🙂 Il y a effectivement un petit air en commun avec Tallinn qui n'est pas pour me déplaire… hâte de suivre vos aventures !

    Mélusine

  2. bonjour
    elle s'appelle comment cette appli de transports en commun ? (c'est pour mon job)
    certaines des photos, comme celle avec la fontaine on se croirait dans le midi !

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