Retour au Jardin des Hiboux (2/2)

 

Le spectacle terminé, la bénévole de tout à l’heure, qui s’appelle Aurélie, va chercher des rapaces à emmener en promenade. La première fois, j’avais eu le nez creux en jetant mon dévolu sur Guy le poids plume (ha ha). Cette fois, je me débrouille pour prendre l’oiseau le plus lourd de tous: Tabo, une vénérable femelle Grand Duc africain âgée de 22 ans qui affichait 720g à la pesée ce matin. Alors je sais, 720g, ça n’a l’air de rien. Mais quand vous devez les porter sur la tranche d’une main tenue bien à la verticale pour que les griffes aient une meilleure prise, en essayant de bouger le bras le moins possible alors même que vous marchez pendant un assez long moment… les crampes arrivent très vite! De son côté, Chouchou qui avait été déstabilisé par un milan joueur la première fois (Lan ne cessait de battre des ailes pour sentir le vent sous ses plumes; étant donnée son envergure, ça peut impressionner…) prend en charge une adorable petite mamie hulotte de 25 ans appelée Bossy. Elle a le regard fatigué et on a juste envie de lui faire un câlin – mais bien entendu, il est interdit de toucher les oiseaux pour ne pas les stresser. On les tient, c’est tout, et je vis déjà ça comme un immense bonheur. 


En rentrant de promenade, nous buvons un chocolat chaud (« Tournée générale de Nesquick! ») et bavardons un moment avec Steph, Wouter et Aurélie. Nous apprenons entre autres choses que malgré toutes les précautions qu’ils prennent – volières protégés par un fil électrique, grillage à mailles d’un centimètre de côté… -, certains prédateurs tels que fouines ou martres parviennent quand même à entrer et à tuer des oiseaux pendant la nuit. Quant aux ratons-laveurs que je trouve si mignons, ce sont apparemment des crapules qui saccagent tout. 

Retour sur le terrain pour les exercice de vol sous la supervision d’Aurélie. « Si vous ne voulez pas manipuler les bouts de poussins morts, je peux le faire à votre place », propose-t-elle, et je m’entends répondre sur un ton nonchalant: « Nan c’est bon, ça ne me dérange pas ». Même les petites têtes qui sont la friandise préférée de Mowgli? Même les petites têtes qui me dégoûtaient tant la première fois. Je suis surprise par la vitesse à laquelle j’ai surmonté ma chochotterie. Il me suffirait de m’acheter un sens de l’orientation et de vaincre mon blocage vis-à-vis de tous les appareils électriques ou électroniques pour pouvoir m’inscrire à une formation de fauconnier. Un jour, j’espère. 

Aujourd’hui, les oiseaux se prêtent aux exercices avec un enthousiasme très variable. Un kookabura (sorte de martin-pêcheur australien) arrive à choper au vol des pattes de poussin prudemment tendues entre deux doigts. Un faucon crécerelle est tellement au taquet qu’il se précipite de bras en bras sans même qu’on l’ait appelé ou qu’on ait agité un bout de viande pour le faire venir. Je lance: « L’essentiel, c’est qu’il ne s’emmêle pas dans mes cheveux ». La seconde d’après, je sens quelque chose remuer frénétiquement à l’arrière de ma tête: j’ai un faucon crécerelle dans les cheveux. Gros fou rire une fois qu’il est reparti. Plusieurs oiseaux vont spontanément se percher sur l’épaule de Chouchou, qui n’a pas de gant et ne participe pas aux exercices pour pouvoir filmer. « Qu’est-ce que tu veux, ils te kiffent! ». Mowgli, lui, se la joue paresseuse et après avoir récupéré chaque friandise, il se laisse tomber à terre pour se dandiner jusqu’à la personne suivante. « Mais enfin, tu n’es pas une poule! » s’écrie Aurélie. Peine perdue: le superbe vautour reste dignement indifférent. J’arrive quand même à le réceptionner plusieurs fois, et comme je sais désormais à quel point il pèse lourd, je m’en tire beaucoup mieux que l’été dernier. Mon bras gauche levé bien haut pour ne pas risquer un coup de bec dans l’oreille ne flanche pas; je n’en suis pas peu fière. 

Vers 18h, c’est déjà le moment de partir. Nous discutons avec Steph de la possibilité d’organiser un shooting avec un ou plusieurs photographes et des modèles costumées: ça donnerait des portraits magnifiques. Quoi qu’il en soit, nous renouvellerons nos parrainages quand ils arriveront à échéance car j’ai bien l’intention de revenir ici encore et encore. Steph et Wouter font un boulot formidable, et l’amour qu’ils portent à leurs oiseaux est palpable. Si vous cherchez pour cet été une activité en plein air originale et instructive qui enthousiasmera les petits comme les grands, n’hésitez pas à réserver pour un spectacle, une promenade ou un atelier sur le site du Jardin des Hiboux

1 réflexion sur “Retour au Jardin des Hiboux (2/2)”

  1. La 2e photo où vous échangez (?) un regard, on dirait une jolie sorcière mâtinée d'Athéna avec son familier. Ton univers est de plus en plus orinique. Et après m'avoir fait gagné du temps sur l'analyse de certaines émotions ou relations, tu mes fais à présent de plus en plus rêver sur ton blog et IG. Merci à votre duo photographe-modèle.

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