La semaine en bref #129

Lundi:
 Soudain, je m’aperçois qu’un des personnages principaux du roman que je suis en train de traduire était censé en tutoyer un autre, et non pas le vouvoyer comme je lui fais faire depuis le début de ce tome. Certes, 3 ans se sont écoulés depuis que j’ai traduit le tome précédent, mais c’est justement pour éviter ce genre de bourde que je prends des notes à la fin de mes lexiques. Pourquoi je ne les ai pas consultées cette fois, mystère.
Ma soeur, répondant au téléphone quand Attila parti jouer à la pétanque avec ses potes appelle à 20h45, alors que ses parents et moi lassés de l’attendre sans avoir de nouvelles de l’heure où il rentrait avons fini par passer à table sans lui: « Auberge du Poney Fringant, j’écoute? ». Le sarcasme est puissant dans ma famille.

Mardi:
 Une première reddition de comptes hyper décevante, voire inquiétante s’agissant de titres présentés comme à fort potentiel commercial et ayant péniblement dépassé la barre des 3000 exemplaires en un an.
 Attila m’emmène en voiture déjeuner chez ma mère. Arrivée 12h30, départ 13h50 car je dois reprendre le boulot à 14h: juste le temps d’échanger des nouvelles d’ordre général sans commencer à creuser jusqu’aux sujets qui fâchent. En prime, un pitichat à poupougner, et une photo des infâmes clowns en verre de Murano pour égayer la journée de ma copine Gaby.
 Vers 17h30, mon quota de pages une fois bouclé, je sors mes peintures pour improviser un bourdon sur fleur rouge-orangée. Le bourdon est nettement plus réussi que la fleur, mais surtout, près de deux heures s’envolent sans aucune pensée anxiogène.
 Ah. Il y a un cluster à Blagnac, où travaille ma soeur, et plusieurs cas de contagion au Covid-19 sont partis de l’Auchan où ma mère fait ses courses. Pourquoi j’ai déjà rangé mes pinceaux?
 Après le dîner, Attila propose un Tak Tik. Le sort me fait faire équipe avec mon beau-frère, et nous remportons la partie d’un cheveu. J’adore les jeux de société et j’ai trop peu souvent l’occasion d’en faire.
 La prochaine fois que quelqu’un me demande comment je vais, je réponds que la demeure de mon esprit s’écroule et brûle, façon Denethor devant le corps de Faramir – qui, ma soeur avait raison, n’était finalement pas mort. L’essentiel, c’est qu’Eowyn et l’armée des morts-vivants poutrent toujours du pangolin gnou. Et que Gandalf le méga-mago ne lance toujours pas le moindre sort, préférant distribuer des coups de bâton. C’était bien la peine de faire bac +20 à Poudlard.

Mercredi:
 La découverte gastronomique du jour, c’est la saucisse de canard. Bien poivrée, tendre à souhait – I’m in love.
 L’illustration du jour, c’est un mashup Hokusai-ramen pompé sur un T-shirt Qwertee. « J’aime bien tes dessins, Tatie », me dit Darklulu lors du Facetime du soir. Fière je suis.
 Le craquage du jour, c’est cette figurine en polymère qui me faisait baver depuis plusieurs semaines sur le compte Instagram de son créateur sicilien.

Jeudi:
 Aujourd’hui, nous sommes trois à bosser depuis la table de la salle à manger qui disparaît sous les laptops, les écrans, les casques et l’enchevêtrement de câbles associé. On dirait un espace de coworking, mais en famille.
 Il me semblait bien qu’il avait énormément de pièces, ce fauteuil en rotin suspendu. En fait, le magasin nous a filé deux pieds: un semi-monté et l’autre en pièces détachées.
 Je ne maîtrise ni la raquette à foudroyer les mouches, que j’utilise comme un gourdin, ni la carte 7×1 du Tak Tik, qui devrait s’appeler 1×7 pour que sa véritable fonction m’apparaisse clairement. On ne peut pas être doué pour tout.

Vendredi:
 La touche T de mon clavier est cassée, et l’Apple Store de Bruxelles n’a aucun créneau de réparation libre. Je maudis le jour où j’ai acheté ce MacBook Air.
 Je suis tellement pressée de livrer ma traduction avant le déjeuner que j’envoie le mail d’accompagnement sans fichier attaché. Quand mon éditrice me le fait remarquer gentiment, je réponds: « C’était pour voir si tu suivais ». On ne sait jamais, sur un malentendu…
 Je manque ressortir de Cultura les mains vides pour la première fois de ma vie, mais au dernier moment, je me souviens qu’ils ont un rayon presse – et, miracle, ils ont reçu le dernier Flow après lequel je courais vainement depuis sa parution. Il était temps: le suivant paraît la semaine prochaine.
 Vers 23h, un énorme orage éclate au-dessus de la banlieue toulousaine. « Rosie! » crie ma soeur qui est aux toilettes autrement occupée. « Empêchez Rosie de s’envoler! ». Rosie est le flotteur géant en forme de flamant rose qui squatte le bord de la piscine. Le temps qu’Attila se précipite dehors, elle est déjà trempée, et nous entreprenons de la sécher avec des serviettes de plage pour pouvoir la mettre à l’abri dans le salon.

Samedi:
★ Je passe la journée à faire la moule sur le canapé avec un roman jeunesse super sympa que je dévore d’une traite.
★ Ma biche sur le toit est déjà complet pour le dîner et ne prend pas les réservations juste pour boire un verre. Quand nous arrivons sur place, nous nous faisons refouler par les vigiles. Nous envisageons de nous rabattre sur un bar de la place Saint-Georges, mais le grouillement humain nous effraie, et nous reprenons directement le chemin du parking. L’expédition en ville aura été brève.
★ La plupart des gens ont un super-pouvoir pourri; mon beau-frère, lui, plie la réalité à ses désirs. C’est le champion pour trouver une place où se garer là où il n’y en a jamais, et pour piocher toutes les cartes dont il a besoin pile dans l’ordre où il en a besoin à la fin d’une partie de Tak Tik. Ma soeur a renoncé à lutter, et moi, je me tape un énorme fou-rire qui compense largement nos deux défaites.

Dimanche:
★ Malheur: mes tubes de gouache (considérés comme des liquides) sont trop nombreux pour que je les emporte dans mon bagage cabine. Qu’à cela ne tienne, je vais me les auto-envoyer par Mondial Relay, et il suffira que quelqu’un dépose le colis à l’accueil du supermarché le plus proche après mon départ.
★ « La vie, c’est bien jusqu’à 50 ans, déclare ma mère juste avant de rentrer chez elle après un déjeuner en famille suivi d’une séance de glande intensive devant Stéphane Plaza. Après, tout devient plus pénible chaque année. Tu arrives juste à l’âge-charnière, tu vas voir. A partir de maintenant, tu peux tirer un trait sur tout ce que tu trouvais agréable. » Toujours un grand plaisir de discuter avec toi, Maman. Heureusement que je ne suis ni angoissée ni déprimée à la base. (Ah, pardon, on me signale à l’oreillette que si.)

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1 réflexion sur “La semaine en bref #129”

  1. Oh j'ai adoré Starry Eyes ! J'ai beaucoup aimé Alex, approximately de la même autrice (mais beaucoup moins les autres)

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