★ C’est la période où Facebook me bombarde de photos de vieilles éditions des Imaginales. Je me rends compte qu’il y a des amis que je n’ai pas revus depuis les dernières auxquelles j’ai assisté, en… 2015, pfiou. Heureusement qu’il y a les réseaux sociaux pour garder le contact.
★ Bloquée dans le vidage de ma bibliothèque par 1/le manque de cartons adéquats pour envoyer les bédés qui valent encore quelque chose à Momox 2/la taille peu impressionnante de mes biceps pour charrier une partie du reste chez le bouquiniste de Toulon 3/le bac de recyclage papier de ma résidence, qui déborde depuis 15 jours.
★ Plaisir de retourner au chouette resto de mon village (qui a survécu au confinement, ouf!) pour manger de la nourriture que je n’ai pas eu à préparer moi-même, dans de la vaisselle que je ne devrai pas laver moi-même, apportée par des gens qui ont l’air super contents de me voir. Puis rentrer à la fraîche en faisant le grand tour le long du parc où un petit vent agite les buissons de roses blanches.
Mercredi:
★ A 5h30, je suis sur FaceTime avec Chouchou et je sanglote en boucle: « Je veux mourir, je veux mourir, je veux mourir ». J’espère vraiment que ça va se tasser, sinon je devrai renoncer aussi à la Sertraline et je pense qu’il ne restera guère de solution médicamenteuse même à court terme.
★ Idée de génie: j’apporte mes bouquins en rabe, et aussi les puzzles déjà faits que je ne veux pas garder, à la médiathèque de Monpatelin. La responsable a les yeux qui brillent en les voyant: « Mais tout est comme neuf! C’est formidable! » Je vais devoir faire plusieurs aller-retour avec mon caddie à roulettes pour tout éliminer, mais ce sera tellement plus chouette que de les revendre trois kopeks ou de les jeter à la poubelle… En particulier, j’aime beaucoup l’idée que des séries entières que j’ai traduites vont laisser une modeste trace de moi dans cette commune où j’aurai habité près de 20 ans.
★ Après la fermeture hivernale + 2 mois de confinement et 3 semaines d’attente de réouverture, les serveurs du Chamo se rappellent que ma copine Gaby commande toujours une Hollywood en remplaçant la boule chocolat blanc par une fruit de la passion, et que sa fille allergique au lactose prend systématiquement un jus de pommes. Je n’ose pas demander à quelle fréquence elles viennent d’habitude.
Jeudi:
★ La mort dans l’âme, je me décide à relancer une fois de plus la société d’assainissement et le plombier. La première me répond qu’elle enverra quelqu’un vendredi prochain; le second demande s’il peut passer cet après-midi. J’avoue qu’à ce stade, mes chances de capturer une licorne à paillettes me semblaient légèrement supérieures à celles de réussir à attirer chez moi ces honorables professionnels.
★ Souvent quand j’ai un truc qui ne marche pas sur mon ordinateur, je m’énerve toute seule un petit moment avant d’appeler Chouchou à l’aide – et dès que je tente de lui faire une démonstration, le truc marche normalement. Là, mon four a cessé de fonctionner depuis le mois de janvier. Je profite d’avoir mon électricien (qui fait également office de plombier) sous la main pour lui demander si c’est réparable ou si je dois le changer. « Parce que là, vous voyez, quand je tourne le bouton, il ne se passe ri… ». Mon four s’allume docilement, et j’ai une fois de plus l’air d’une grosse débile.
Vendredi:
★ Méditation du matin: « Pensez à quelque chose qui vous remplit d’émerveillement. Par exemple, un ciel étoilé. Ou le miracle de la vie, la naissance d’un bébé. Ou encore, un avion plein de gens en partance pour un pays lointain… » Je pense pouvoir affirmer que ceci a été enregistré avant le mois de mars. Et aussi, que la seule chose qui m’émerveille au sujet d’un accouchement, c’est d’avoir eu la bonne idée de ne jamais m’en infliger un.
★ Ma nouvelle carte d’identité est arrivée! On m’avait annoncé un délai d’un mois; en fait, ça a pris à peine 10 jours. C’est bien la seule procédure que le Covid-19 semble avoir accélérée. (Oui, je sais que l’Académie a décidé qu’on dirait la Covid-19 en dépit de toute logique, et si un jour on me paye pour traduire un texte qui mentionne le virus, j’emploierai l’article convenu. Jusque là: mon blog, mes règles.)
Samedi:
★ J’ai déjà reçu les deux robes commandées sur Ma penderie vintage il y a 10 jours (alors que le délai de livraison estimé était de 3 à 6 semaines). Pour le prix, je m’attendais à être déçue par la qualité, mais j’ai eu raison de laisser sa chance au produit. C’est bien coupé, dans un tissu confortable et facile d’entretien; les deux me vont pile poil et me font une jolie silhouette. Et j’apprécie que certains modèles aillent jusqu’au 5XL – marre de la mode dans laquelle on ne rentre plus passé 65 kilos.
★ Après une sortie matinale pour porter d’autres livres à la médiathèque et faire quelques courses sur le chemin du retour, je passe l’après-midi à glander avec un chouette roman 9-12, à me vernir les doigts de pied en turquoise et à préparer un clafoutis aux abricots dans mon four ressuscité. Je me sens raisonnablement bien pour la première fois depuis des semaines – pourvu que ça dure!
Dimanche:
★ Ca fait trois soirs d’affilée que je m’endors avec mon casque sur les oreilles avant la fin de ma méditation « bonne nuit ». Je ne sais pas si je dois imputer ça à la fatigue (réelle bien que pas écrasante) induite par les médocs ou à l’efficacité de l’app Breethe. Sans doute une combinaison des deux.
★ Très contente de discuter sur Messenger avec O&L. Ca faisait trop longtemps que chacune s’était refermée sur ses propres soucis sans oser contacter l’autre.
Comme tout le monde j’imagine, j’ai durant cette semaine suivi avec beaucoup d’attention les réactions incendiaires au meurtre raciste de George Floyd. Et alors que je suis généralement prompte à commenter l’actualité, pour une fois, j’ai décidé de me taire. En tant que blanche, je ne crois pas que ce soit ma place de m’exprimer. Je préfère écouter les personnes noires et tenter d’apprendre. Clairement, il y a encore plus de boulot que ce que j’imaginais.
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Le truc du four, ça m’est arrivé avec la machine à laver. Le mec, pas avare de mainsplaining, a cru bon de m’expliquer comment laver mon linge, au cas où. A moi, la jeune mère en congé mat, au bout du rouleau, larguée sur bien des points mais pas celui-là, vu que j’étais devenue bien malgré moi en moins de temps qu’il en faut aux hormones pour redescendre, experte du détachage des tout type de tâches sur tout type de vêtements.
As-tu toi aussi, après avoir attrapé un expert dans une branche du bâtiment, le souffle coupé une fois qu’il est chez toi à diagnostiquer ton problème, comme si il allait t’annoncer l’effondrement imminent de ton immeuble? Moi ça me fait ça, je ne sais pas du tout comment gérer les travaux sans perdre des points de vie, du coup ????
@Ness: J'ai dit mot pour mot à mon plombier-électricien, que je connais depuis 20 ans: "Monsieur G, il faut arrêter de lâcher "Oh putain" sur un ton catastrophé toutes les 5 mn chaque fois que vous venez faire un truc chez moi, parce que j'ai systématiquement l'impression que vous allez m'annoncer que la baraque est sur le point de s'écrouler sur ma tête." 😀
Je riais déjà avant la fin de la phrase sur la méditation, sachant ce que tu allais écrire. Un avion bondé ou un nouveau-né ne sont pas exactement la définition de la zénitude pour moi non plus ! Courage dans cette période compliquée de par bien des aspects.
A chaque fois que je lis "la Covid-19", j'entends dans ma tête un accent suisse allemand… va savoir pourquoi !