Le vendredi où Londres se montre exceptionnellement hostile envers nous



L’Eurostar a eu presque une heure de retard à l’arrivée (le « presque » est important, puisque grâce à lui, nous ne serons pas dédommagés). Le système de check-in de notre hostel était en rade quand nous sommes arrivés à midi dans le quartier excentré et déprimant de Shepherd’s Bush. Nous avons dû laisser nos bagages dans une consigne payante en panne d’encre, qui nous a sorti un ticket vierge au lieu du code-barre nécessaire pour rouvrir notre casier. La salle commune en sous-sol étant vraiment trop déprimante, nous nous sommes réfugiés dans un café voisin pour avoir du wifi et chercher où aller ensuite. J’y ai bu un thé vert hors de prix et parfaitement dégueulasse. A la sortie, il s’est mis à pleuvoir, et bien sûr, avec toutes ces contrariétés, j’avais oublié mon parapluie dans ma valise désormais inaccessible. Nous avons remonté Neal Street en quête de trois magasins: Origins a disparu, Yumi aussi, l’ex-Collectif vend désormais essentiellement d’horribles combinaisons en nylon vintage à £1. A 15h, la nuit commençait à tomber; j’avais emporté un manteau trop léger et je me caillais sévère. Nous nous sommes prévu une bonne marge pour nous rendre au Milestone Hotel où nous avions réservé pour un afternoon tea, et qui se trouvait exactement à 200m en ligne droite de la station de métro Kensington High Street; moyennant quoi, batterie d’iPhone en rade, nous avons tourné 45 mn dans un quartier désert et, alors que la crise de nerfs menaçait, fini par arriver à bon port échevelés (pour 50% d’entre nous), en nage et en retard d’une demi-heure sur notre réservation. Nous finissions nos finger sandwiches quand deux hommes d’affaires français ex-HEC accompagnés de leurs trophy wives sont venus s’installer sur le canapé voisin et ont commencé à discuter de New York qu’ils adorent, de Miami et San Francisco où ils ont des succursales, de la France où ce n’est vraiment plus possible d’entreprendre, du monde qui est heureusement devenu un village, et du Hyatt où ils descendent habituellement quand ils sont à Londres. Un pianiste a débarqué, je me suis crue sauvée: c’était jusqu’à ce qu’il attaque une version jazzy de « Everybody’s gotta learn sometimes » en chantant d’une voix chevrotante. On a demandé l’addition, et j’ai été prise de mal au coeur, mais sans trop savoir si c’était à cause du montant ahurissant une fois le service ajouté et le total converti en euros, ou du sucre et du gras que je venais de m’enfiler (2 bouchées pâtissières et demie + 1 scone clotted cream/confiture, apparemment, c’est désormais trop pour mon système digestif). Quand nous avons voulu regagner l’hôtel, les deux lignes de métro qui passaient par Kensington Hight Street étaient arrêtées pour une raison inconnue. Nous avons cherché une <s>alternative</s> autre solution et opté pour le bus 49. Qui nous a démarré sous le nez à l’arrêt le plus proche. Enfin arrivés à l’hôtel, nous avons poireauté plus de 20 mn dans un pub à la musique débilo-hurlante pendant que le client précédent, qui n’avait pas les moyens de payer sa chambre, essayait d’embrouiller la réceptionniste et refusait de lâcher l’affaire. Tout ça pour le privilège de débarquer dans une chambre à la fenêtre cassée en position ouverte alors qu’il gèle dehors et que nous surplombons un carrefour hyper bruyant. Bref, la seule chose positive que je peux dire sur cette journée, c’est qu’à côté d’elle, demain ne peut être que meilleur!


3 réflexions sur “Le vendredi où Londres se montre exceptionnellement hostile envers nous”

  1. J'espère vraiment que ça va s'arranger… Londres est une ville passionnante mais épuisante quand ça commence ainsi.

  2. Roulio, sa majesté le poivrot.

    Je suis désolée parce que c'est vraiment pas drôle tout ce qui vous est arrivé, mais d'une certaine façon comment dire, j'ai ri (un peu). (mais j'ai honte.) Sache seulement que comme tu dis, cet ouragan de caca, de tata, de catastrophes vous a déjà balayé et donc, ne repassera point son museau terreux chez vous. J'espère en tous cas qu'en ce moment, vous êtes en train de bien vous régaler la vérité. (et que la fenêtre de votre chamchambre est réparée). (ou qu'on vous en a donné une autre). (de chamchambre).(qu'elle avait un mini bar et aucune trace suspecte sur le linoleum).(ou alors, que vous avez trouvé refuge sur un strapontin du British Museum.) (d'accord, d'accord je sors).Des bisous? AU REVOIR.

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