Partir à 1000 kilomètres et arriver enfin à prendre du recul


La journée avait été excellente: belle balade photo dans les « champs de patates » le matin, déjeuner peinard au Laundromat Café, visite du génial musée de la ville de Copenhague (et son superbe salon de thé) l’après-midi, découverte d’une géocache dans un endroit original comme je les aime en début de soirée… Bref, j’étais d’une humeur délicieuse. Avant que Chouchou ne rentre à l’hôtel régler les problèmes d’un de ses clients, nous avons cherché une autre géocache sur Nyhavn, port intérieur célèbre pour les maisons colorées qui le bordent. Ca grouillait de monde à l’heure de l’apéro, et nous avons pensé que nous allions avoir bien du mal à rester discrets, surtout pour débusquer une « difficulté  4 » (sur 5). De fait, nos premières tentatives n’ont rien donné. Chouchou s’est assis pour réfléchir pendant que je palpais une bouée de sauvetage sans trop de conviction avant de le rejoindre. C’est alors qu’un type descendu d’un bateau voisin est venu me demander: « Vous cherchez quelque chose? » d’un air entendu. J’ai répondu par l’affirmative, mais avant que je puisse ajouter « Ne me dites pas où c’est », il a glissé tout son bras derrière la bouée et en a sorti un Tupperware planqué dans une cavité dont je n’aurais jamais soupçonné l’existence, et que je n’aurais certainement pas réussi à atteindre. Pourtant, je n’aime pas qu’on me serve une cache sur un plateau; ça me donne l’impression de ne pas mériter le log. Mais je sais aussi que ça arrive à tous les géocacheurs de temps en temps, et que le type essayait juste de me rendre service. Alors, au lieu de tirer la tronche, j’ai souri et j’ai dit « Merci beaucoup pour votre aide ». Lâcher-prise 1, misanthropie crasse 0.
Juste après ça, donc, j’ai laissé Chouchou reprendre le chemin du Generator et je suis partie tuer une heure au Magasin du Nord – les Galeries Lafayette locales. J’avais dans l’idée de m’acheter le foulard qui me fait cruellement défaut depuis le début de notre séjour (ensoleillé mais TRES venteux) et sans lequel je n’oserais pas faire un tour de chaises volantes au Tivoli. Bien entendu, une fois le foulard dans mon sac, j’ai déambulé un peu dans les autres rayons. Je suis passée très rapidement à l’étage mode femme; par contre, à l’étage maison, je me suis longuement attardée devant les ravissantes céramiques de Bloomingdale et de Miss Etoiles. C’est simple: tout me faisait envie. Mais tout était cher, tout risquait de se casser dans la valise du retour, et surtout, je n’avais besoin de rien. Je suis ressortie de là les mains vides, ce qui est déjà un exploit en soi, mais surtout sans le moinde sentiment de frustration. Tellement convaincue qu’il valait mieux que je garde mes sous et de la place dans mes placards que ça ne m’a fait aucune peine de laisser là toutes ces tasses si choupinettes et ce merveilleux beurrier à pois. Lâcher-prise 1, consumérisme aigu 0.
En arrivant dans la chambre d’hôtel, je me suis jetée sur mon iPad pour prendre des nouvelles du reste du monde. Et j’ai appris qu’il y avait eu de violents orages suivis de fortes inondations dans mon coin du Var. Je ne crains pas beauccoup les inondations: seul un minuscule ruisseau traverse Monpatelin; il passe loin de chez moi, et j’habite en étage. En revanche, l’évacuation de mon balcon tend à se boucher facilement, et ma mezzanine est juste sous le toit de la résidence, de sorte qu’en cas de tempête et de fortes pluies, je redoute toujours les infiltrations par la porte-fenêtre du salon ou le combo tuiles arrachées/dégât des eaux. Pourtant, je n’ai pas cédé à mon angoisse habituelle. Rien ne disait qu’il y avait un problème, et même s’il y en avait eu un, j’étais plus ou moins coincée à Copenhague jusqu’à dimanche, dans l’impossibilité de rejoindre Monpatelin avant lundi soir au mieux. Alors, plutôt que de me pourrir la fin des vacances pour rien, j’ai décidé de ne pas y penser. J’ai envoyé un mail à mon oncle, qui n’habite pas loin de chez moi, pour lui demander s’il aurait une occasion de passer jeter un coup d’oeil à mon appart’. Et après ça, j’ai rangé le problème dans un tiroir mental pour continuer ma soirée normalement. Lâcher-prise 1, angoisse paranoïaque 0.
C’est marrant, parce qu’au moment de choisir un mot pour 2014, j’ai longuement hésité entre « avancer » et « lâcher-prise » avant de finir par choisir le premier. Aux trois quarts du terme, je n’ai mis à exécution aucun des projets que j’avais en tête, mais j’ai l’impression de progresser à vue d’oeil pour ce qui est du détachement. 

1 réflexion sur “Partir à 1000 kilomètres et arriver enfin à prendre du recul”

  1. Et vacances : 3 points.
    J'espère ceci dit que Tonpatelin n'a rien.
    Au passage, toi et ma swappée, Delphine, m'avez définitivement convaincue de me mettre au géocaching ^^

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