Les moments parfaits

La première psy que j’ai consultée pour mes attaques de panique m’a demandé de me créer un refuge mental, un lieu imaginaire idéal où me réfugier en cas de choc (bien entendu, c’était une bibliothèque). Le second psy que j’ai vu m’a plutôt suggéré d’évoquer le souvenir d’un moment parfait, quelque chose qui était réellement arrivé et inscrit dans ma mémoire à travers mes cinq sens. C’était en février 2011; à l’époque, mon « moment parfait » le plus récent remontait au début du mois de décembre précédent. Nous avions appris le cancer de mon père mi-septembre, et j’étais allée passer un mois chez mes parents pour les aider tout en luttant contre ma propre phobie et en m’efforçant de ne rien en montrer. Mon père faisait des crises de douleur paroxystiques pour lesquelles on ne lui avait pas encore prescrit de morphine, c’était absolument atroce. 
Fin novembre, alors que j’étais encore nerveusement bien amochée, la température a chuté brutalement à Bruxelles. Nous avions réservé depuis des mois un city trip à Lisbonne, mon cadeau d’anniversaire de cette année-là. La veille du départ, les avions étaient cloués au sol de Zaventem par une tempête de neige et des températures qui faisaient geler leurs ailes. Le jour J, nous avons dû nous lever à 4h du matin et nous rendre à l’aéroport sans savoir si nous pourrions partir. Mais nous avons pu. Et à 11h30, nous nous tenions au bord du Tage sous un soleil éclatant. Il ne faisait que 12°, pourtant l’air me semblait très doux. Je me suis blottie contre Chouchou et j’ai fermé les yeux pour savourer ce moment de répit dont j’avais désespérément besoin. 
Hier, alors que je déjeunais avec Sophie, nous nous sommes mises à parler de ces moments parfaits où, l’espace de quelques minutes où de quelques heures, on se sent en harmonie complète avec l’univers – en paix, fût-ce brièvement. Deux autres me sont revenus en tête. Juin dernier, à Reykjavik. La petite chambre monacale que nous avions réservée au Kex Hostel: deux lits d’hôpital à une place collés l’un contre l’autre, un vestiaire de récup’, un bureau branlant. Rien d’autre dans la pièce. Mais un matelas ni trop dur ni trop mou, des draps d’une blancheur parfaite qui sentaient légèrement le propre, et la couette idéale, super moelleuse mais légère comme une plume. La fatigue d’une journée bien remplie à contempler les paysages fabuleux du Golden Circle. Et par la fenêtre aux rideaux ouverts, à une heure du matin, ce soleil rasant qui teintait l’horizon de rose et de doré sans jamais se coucher. Magique. 
Mon troisième moment parfait remonte à juillet 2006. Fraîchement séparée de l’Homme-ce-chacal-jaune, pas encore avec Chouchou, je profitais de cet été de liberté douce-amère. Soeur Cadette et sa famille sont descendus à Monpatelin pour rendre visite à mes parents. A l’époque, Soeur Cadette était enceinte de sept mois. Mon beau-frère avait très envie d’aller voir le concert de Toto qui se tenait en plein air dans le parc d’un « château » des environs, et personne pour l’accompagner. Même si je ne connaissais guère que les gros tubes du groupe, je me suis proposée. Assis sur les gradins, nous avons vu le soleil se coucher derrière la scène. Il faisait 25° et une petite brise fraîche agitait les aiguilles des pins alentours. L’air embaumait la sève; entre deux morceaux, on entendait le crin-crin des cigales. Les gars du groupe ne payaient pas spécialement de mine avec leur allure de camionneurs – grosse moustache, débardeur blanc tendu sur une panse un peu grasse -, mais leur musique déménageait. Pendant les rappels, ils ont attaqué « Africa »; je me suis levée pour danser, et je me suis dit « Voilà, c’est un moment parfait ». 
J’aime être capable de les identifier alors même qu’ils se produisent pour en profiter au maximum. 
Et vous, vous me racontez un de vos moments parfaits? 

18 réflexions sur “Les moments parfaits”

  1. J'ai hésité.

    2007, Monument Valley :
    Allongée sur un rocher rouge, doux et chaud.
    Je regardais les nuages passer sur le ciel bleu, par un gros trou dans la roche au dessus de ma tête tout en écoutant le guide Navajo chanter des chants indiens.

    2009 : ballade à Venice beach avant de reprendre l'avion. Nous regardons l'océan pacifique et on voit des dauphins sauter autour d'un surfeur.

    ça me fout les larmes aux yeux rien que d'y repenser.

    J'ai la chance d'avoir eu beaucoup de moments parfaits. 🙂

  2. Mon dernier moment parfait, c'était au jardin franco-allemand juste à la frontière d'Allemagne, il y a environ quinze jours. Tout était recouvert de neige, j'étais seule, en paix, et je regardais les oiseaux communiquer entre eux avec leur chant et voler de branche en branche. J'ai ressenti une curiosité intense envers le jardin, les oiseaux et toute la vie qui s'y passait, les gens qui se promenaient main dans la main un peu plus bas…
    Un autre moment parfait, c'était un cours de danse en groupe, à l'institut Blanche Salant. Nous nous sommes mis à danser ensemble, faisant des pauses en même temps. Au bout d'un moment, la musique s'est arrêtée, mais nous avons continué à danser tous ensemble, comme si nous étions liés, comme si nous lisions les intentions les uns des autres. Je ne me suis jamais sentie aussi unie avec un groupe.

  3. Entre 2006 et 2008, je n'arrive pas trop à situer la date. A cette époque Cédric et Olivier, deux amis, venaient à la maison presque tous les weekend, la soirée se terminait rarement avant 7h du matin. Tous les quatre on s'entendait vraiment super bien. On avait prévu d'aller passer une journée à Eurodisney pour changer. (Les Francilliens ayant des tarifs préférentiels, c'est presque une activité comme une autre même quand on est pas hyper fan des parcs d'attraction). Le jour j arrive, il y a une pluie torrentielle, Olivier habitait à Amiens, il avait quand même fait le trajet. On s'était retrouvés tous les quatre chez nous, on a quand même décidé de partir. Arrivés sur le parking, il pleuvait tellement qu'on est resté dans la voiture à hésiter (en cas de fortes pluies certaines attractions sont stoppées) puis la pluie s'est calmée, on a décidé d'entrer quand même. Ce fut la plus belle journée de ma vie. Un moment parfait. Il n'y avait presque personne dans le parc, il a légèrement pluvioté le reste de la journée, les attractions n'ont pas été arrêtées, il n'y avait pas de file. Spacemountain en boucle finissait par nous rendre malade, alors avec Cédric on a fait buzz l'éclair en boucle pendant qu'Olivier et mon ex mari s'amusaient sur space mountain. A la fin de la journée on a décidé d'aller diner dans le resto 60's de disney village. On était trempés. J'ai jamais été aussi heureuse qu'à ce moment là…

  4. J'en parlais récemment justement de ces moments de plénitude, ces moments de bonheur énormes et simples. Un de ceux qui m'a le plus marqué – et que je raconte régulièrement, c'est lorsque je me suis rendue en Ecosse il y a trois ans sur un coup de tête. Dans un car de nuit Londres-Glasgow où j'avais peu dormi, j'ai été réveillée par les rayons du soleil qui se levait également, quelque part au milieu du Lake District: comme un rêve, plusieurs hauteurs à perte de vue. Le lendemain, j'en avait un autre, debout sur le Arthur's seat, épuisée par la journée sportive que je venais de passer, mais heureuse d'être à Edimbourg, devant ce paysage somptueux.

  5. Eté 1988 sur le plateau de Valensole. Mon amoureux et moi sommes allés passer quelques jours chez son ancien maître de stage, devenu un ami.

    Le soir venu, cet ami qui est éleveur ovin nous propose de l'accompagner pour le pâturage du soir. Nous voilà donc partis avec quelques 200 brebis et agneaux derrière nous. Il fait doux, la pleine lune nous éclaire et à chaque fois que l'on se retourne pour vérifier qu'aucune bête ne s'éloigne, ce sont des centaines de paires d'yeux qui s'allument dans le noir. Arrivés au paturage, nous choisissons chacun une meule où nous nous étendons. La soirée se passe à parler de choses et d'autres, à situer les lieux connus, à somnoler bercés par les sonnailles et la fraîcheur. Vers 1 h du matin, nous entamons la descente vers l'étable. Juste heureux, juste bien en ayant conscience qu'on a vécu un moment extra-ordinaire.

    Dans les moments difficiles que j'ai eu à vivre, ce souvenir a souvent été mon "baume apaisant", l'idée que oui il y a des moments parfaits et qu'on en vivra sans doute d'autres.

  6. Celui qui m'a le plus marqué m'a justement touché pour la raison que tu évoques à la fin de ton billet : au moment où je l'ai vécu, je me suis dit que c'était un moment exceptionnel et il s'est très naturellement gravé dans ma mémoire avec toutes les sensations qui l'accompagnaient.

    Une nuit, en plein Océan Indien, j'étais de quart, seule sur le pont, le catamaran avançait vite et harmonieusement avec du vent arrière depuis de nombreuses heures (et donc des vagues qui nous poussaient délicatement, même si elles faisaient facilement 2-3m de haut). Quand un bateau avance harmonieusement, il est silencieux, on n'entend donc que le bruit de la mer autour, des vagues qui caressent les coques.
    Soudain, la pleine lune s'est levée, un énorme rond blanc parfait, qui a créé une traînée impressionnante sur l'eau, on aurait dit du métal liquide. J'ai observé ça longtemps. Puis j'ai recommencé à lire, avec la lumière de la lune et de sa réverbération.
    Après une journée caniculaire, le vent et la nuit m'offraient une fraîcheur parfaite et "Les Travailleurs de la Mer" de Hugo et ses descriptions abominables de tempêtes dans des eaux glaciales m'apportait les frissons dont j'avais exactement besoin.

    Rien que de le décrire, je ressens un apaisement intérieur. Il "fonctionne" à chaque fois.

    Me réjouis de lire les autres.

  7. Ils sont beaux vos moments parfaits. Encore!!!

    (Autre Moi: ah oui, j'aurais aussi pu parler de la balade à cheval dans Monument Valley cette année-là… sauf que j'en garde quand même un souvenir cuisant ^^)

  8. Mon moment parfait, c'est un moment qui aurait pu être une vraie catastrophe…

    Coincés, dans notre petit appartement au rez-de-chaussée. Je l'aimais beaucoup cet appartement c'était le premier vrai appartement que nous avions Mr Pops et Moi. Et un jour, "pouf", panne d'électricité. Et puis, panique des voisins. Le Rhône déborde et une grosse vague menace de faire une grosse inondation. Ils nous est donc conseillé de rester chez nous et d'attendre des nouvelles. Ce que nous avons fait. Heureusement, nous n'avons jamais vu la vague, mais nous avons passé 2 délicieuses heures à la lueur de la bougie. C'est étrange cette sensation de fin du monde quand on ne peut rien faire, il y avait malgré tout quelque chose d’apaisant…

  9. En lisant ton post, je me rends compte que j'en ai plein, des moments parfaits… Ce soir, j'avais 18 ans, chez mes grands-parents dans le Montana où je lève les yeux vers ce ciel si grand, où les étoiles sont si grandes que j'ai l'impression qu'elles vont se jeter sur moi… Ce voyage en voiture de retour de Nancy un 1er de l'an, tout était enneigé, dans la brume et j'aperçois, au bord de l'autoroute, entre les arbres aux branches givrées de dentelle un étang gelé, couvert de neige, et un portail japonais rouge… Ce sentiment d'amour immense lors de ma fête d'anniversaire, tant d'amis réunis autour de moi qui me montrent, chacun à sa manière, à quel point je compte sur eux… Et ce repas au restaurant avec mon amoureux et une dizaine de personnes, le lendemain de notre "passage à l'acte", personne n'en savait rien, nous avions décidé de ne rien dire et puis, à un moment, il s'est tourné vers moi… "je n'en peux plus, est-ce que je peux t'embrasser ?" et nous ne nous sommes plus arrêtés, jusqu'à encadrer la porte et embrasser chaque ami qui sort du resto, sous la pluie…

  10. Je rêve rien qu'à lire vos moments parfaits 🙂
    Je n'en trouve pas tout de suite à te raconter par contre…

  11. L'été dernier, concert de RadioHead aux arènes de Nîmes, tout en haut des gradins entourés de gens sympathiques, la nuit qui tombait peut à peut, les silhouettes se découpant dans le ciel, le sourire et les yeux pétillants de joie de celui que j'aime, un moment serein, impression d’éternité.

    Un moins plus triste mais néanmoins très important pour moi, je suis descendue dans le sud en catastrophe, sentant que ce serai la dernière fois que je la verrais (et ce fût hélas le cas). Cette après midi dans le jardin de ces parents, ce soleil, ce ciel bleu, ces silences si importants, beaucoup de fous rires et de plans sur le futur, chaque secondes vécues pleinement, même si nous savions toutes deux que c'était la dernière fois.

    c'est la première fois que j'exprime ce moment, jusqu'à présent je le gardait pour moi bien au chaud, envie de le partager quand même.

    Et tant d'autres moments…

  12. Il faudrait que je réfléchisse à ce moment parfait, aucun ne me vient à l'esprit et pourtant je sais qu'il y a des moments fugitifs où tout semble être en place, mais ça, ça peut être n'importe où et n'importe quand. Mais je vais y penser parce que je pense que c'est un moyen formidable de se sentir mieux : merci pour la suggestion. Je voulais aussi te dire : l'un des lieux magiques pour moi, c'est Lisbonne, et l'endroit que tu as photographié notamment. Là, au bord de l'eau, avec la ville derrière, et ce sentiment de sérénité et de mélancolie qui m'envahit si facilement à Lisbonne (saudade?)… Et à Belem, aussi, avec l'odeur des Pasteis en tête…

  13. Ce post m'a fait monter les larmes aux yeux, parce que ces instants de grâce se sont fait rares dans ma vie ces dernières années.. et je sais bien ce qui m'empêche d'être complètement sereine. Il y a ce bruit de fond parasite dans ma tête, toujours le même , qui jette une ombre sur ces moments lumineux.
    Un me revient en mémoire, avril 2010 je crois , je suis seule, j'ai réussi à trouver une place (et une seule) au dernier moment pour un concert d'Anthony & the Johnsons; J'ai l'esprit tourmenté mais quand il arrive sur scène et que les premiers accords piano se mêlent à sa voix , la paix m'envahit. Elle durera le temps du concert.

    Un autre , cette fois en famille, pentecôte 2012, nous sommes à Rugen la plus grande ile d'Allemagne, située en mer Baltique. Nous avons pris la voiture et sommes partis à l'autre bout de l'île et nous attendons que le soleil se couche dans la mer, il fait frais mais nous sommes bien habillés; c'est la première fois que les enfants voient le soleil se coucher dans les flots. nous repartis la mémoire saturée de couleurs rougeoyantes.

  14. 1985. Je suis en 5ième. Avec mon amie Sophie, on est en classe de ski à Méribel. C'est le matin, assez tôt, à la descente du télécabine. On a réussi à s'éloigner du groupe, on est face à la montagne, et il y a une jolie lumière orangée. C'est une atmosphère très calme, malgré les montagnes imposantes. D'abord on ne dit rien, on regarde. Et puis on a la même réaction. C'est magnifique, il faudra qu'on y revienne toutes les deux. On l'a fait, plusieurs fois. Sophie est toujours mon amie.

    1991. Je suis en classe préparatoire, et c'est difficile. je travaille toute la semaine et j'ai encore travaillé tout le samedi et le dimanche matin. Je suis épuisée, je crois que je ne vais jamais y arriver. En début d'après-midi, ce dimanche-là, ma mère propose qu'on aille se promener. Il y a aussi mon père, ma grand-mère et une de mes tantes. On part tous sur les chemins autour de la maison, qui ne sont ni magnifiques, ni spectaculaires. On ne se dit pas grand chose. Je comprends que c'est leur façon de m'entourer et de m'aider. Je retrouve du courage au cours de cette petite promenade de rien du tout.

    Eté 2009. Avec mon amie Céline, on est partie en vacances sur les îles grecques, à Santorin. Je vis une histoire d'amour un peu foireuse, elle vient de rompre. On est parti ensemble sans savoir trop si on allait bien s'entendre (voyager à 2, c'est difficile) pour panser les plaies entre copines. Ce soir-là, on a fait une balade le long de la mer, un peu éloignée du village pour rejoindre un restau signalé sur un guide. La lumière est magnifique, le soleil se couche sur une mer d'un bleu très profond, et le blanc des maisons contraste avec la terre brune brulée par le soleil. On regarde ce paysage spectaculaire en laissant de côté beaucoup de petites contrariétés. Une américaine sympa d'un optimisme contagieux, qui voyage seule et le raconte avec beaucoup d'humour, nous a indiqué où est le restaurant en confirmant qu'il est super. On sait qu'on va passer une soirée douce et chaleureuse. C'est le cas. Lors des visualisations qui terminent les cours de yoga, cette image revient beaucoup.

    Conclusion : dans mes moments parfait, il y a des gens chaleureux ; je me souviens des lumières, pas des bruits.

    Merci pour ce super exercice de "Je me souviens"

  15. Un moment parfait, pour moi et à l'heure actuelle, c'en est un où tout masque tombe et où je ne me soucie absolument plus de ce que les gens autour de moi pourraient penser.
    C'est souvent très fugace et reproductible : me retrouver face à la mer sans la foule qui peuple les plages d'été, regarder tomber la neige et marcher dedans lorsqu'elle est encore presque vierge de toute trace de pas, avancer dans le brouillard qui nimbe tout de blanc et fausse la vision. C'est les bals folk que je fréquente moins, à regrets, l'ambiance chaleureuse partagée, les sourires et la danse.
    Deux souvenirs se détachent, pourtant.

    Juillet 2004. Je suis à Saint-Chartier, au festival des luthiers et maîtres sonneurs. J'ai fêté mon anniversaire sur un parquet de danse extérieur, en bal. Nous sommes une bande d'amis à camper dans le champ mis à disposition pour les festivaliers, qu'il faut regagner à la lampe de poche. Il n'y a pas eu un nuage de la journée, et la chaleur accablante a laissé place à un ciel piqueté d'étoiles comme je n'en avais jamais vu. Avec les premiers de retour aux tentes, on sort un tapis pour s'étendre, une couverture et, couchés sur le dos, nos regards se perdent dans la voie lactée.
    Je n'en ferais pas à proprement parler un moment parfait parce que plein de petits désagréments m'encombraient à cette époque-là, autour de ce moment, mais c'est un souvenir très paisible que j'aimerais pouvoir revivre. La possibilité de contempler un ciel pareil ne s'est pas encore représentée à moi.

    Août 2012. Je vais voir Sigur Rós à Rock en Seine, c'est mon premier concert. N'étant pas à l'aise dans la foule, je crains que cela me gâche l'expérience. On arrive en retard, les scènes ne sont plus indiquées, il faut se guider à l'oreille, il y a du monde partout et je suis une boule de nerfs.
    Et puis le temps se suspend presque au fil de la musique. Il y a eu cette note tenue longtemps, avec arrêt du jeu des musiciens, un moment incroyable où il m'a semblé que tout le monde retenait son souffle dans le silence relatif d'un festival en plein air. Il y a eu ce morceau qui allait être le dernier, où j'ai senti les gens autour de moi commencer à bouger un peu, comme gagnés par une transe. Évoquer ces souvenirs me tire quelques larmes heureuses et je ne peux plus réécouter ces titres sans qu'un sourire immense s'épanouisse. Ce concert était un moment parfait, libérée de toute entrave personnelle, enveloppée dans la musique. (Et oui, j'ai hâte de réitérer l'expérience et de voir si un tel ressenti peut se reproduire.) : )

    Oh, et un autre moment parfait, difficile à partager, court et intense, c'est cet instant que doivent connaître les autres personnes qui écrivent (et créent de manière plus générale), celui où subitement une pièce se met en place dans le tableau du projet en cours, celui où des réponses arrivent toutes seules. Imprévisible et merveilleux : )

    Mélusine, bavarde

  16. Bonjour,

    Je me lance, votre article m'a beaucoup émue !

    Deux merveilleux moments pour moi …
    Mars 2012, en voyage à Las Vegas avec des collègues.
    Nous partons pendant deux jours en road trip dans la Death Valley, quatre voitures et cinq motos.
    A la fin du premier jour, je suis dans une voiture. Tout le monde est un peu perdu, nous avons commencé par faire fausse route. Mais tout le monde a repris la route, les GPS sont recalés. Il est tard, il fait nuit noire et nous roulons sur une grande route, reliant Vegas à Beatty… Tout est calme, nous sommes seuls sur la route, dans l'immensité des Etats-Unis, on discute tranquillement. C'est un grand moment, qui me rend pleinement sereine lorsque j'y repense !!

    Le second moment parfait, c'est le lendemain matin. Je décide de commencer la journée sur une moto.
    Il est 10h, nous venons de voir passer tout une bande de Corvette devant l'hotel, et sommes tout excités de prendre la route.
    On roule vers une dune de sable dans le désert, la route est à perte de vue devant nous, coupant le désert en deux, le paysage est grandiose et la lumière superbe. C'est magique, j'écarte les bras pour sentir l'air….
    Rien que d'y penser, je sens encore le vent sur mon visage !

    Merci pour votre bel article, et les jolis témoignages dans les commentaires !
    J'aime beaucoup votre blog.

  17. Merci Elise, et bienvenue! Je n'ai pas gardé un fabuleux souvenir de la Vallée de la Mort, pas mon type de paysage… Par contre, j'aurais pu mentionner une balade à cheval dans Monument Valley en mai 2007, ce silence impressionnant…

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