« J’avais sept ans quand j’ai décidé de tuer ma mère. Et dix sept-ans quand j’ai finalement mis mon projet à exécution. »
Drôle de manière de commencer un journal intime. Surtout si vous êtes une dame respectable qui vient juste de fêter ses 56 ans entourée par sa famille et ses amis, une dame respectable que des problèmes de dos ont forcée à abandonner prématurément sa carrière dans le tourisme, une dame respectable qui passe l’essentiel de son temps à choyer ses magnifiques rosiers et à s’occuper d’une vieille femme acariâtre avec beaucoup d’abnégation.
Pourtant, Eva porte en elle depuis toujours le secret d’une enfance démolie par une mère belle et brillante que tout le monde lui enviait, mais qui ne cessait de la rabaisser voire de l’humilier – quand elle ne la terrorisait pas avec ses crises d’hystérie ou ses menaces d’abandon. Face à ce monstre insoupçonnable, Eva a dû se construire une carapace et apprendre à dominer ses peurs. En cachette, elle s’est préparée à punir sa génitrice le moment venu. Elle a commencé par s’entraîner sur l’autre source de grande terreur dans sa vie: Buster, le boxer mal dressé et agressif des voisins…
Au fil d’un été et des pages du carnet vierge offert par sa petite-fille, l’héroïne de ce roman fait voler les apparences en éclats pour dévoiler peu à peu des souvenirs choquants qui, telles les pièces d’un puzzle, s’assemblent afin de dresser un portrait fascinant. Eva est une victime qui ne s’apitoie que très peu sur son sort. Lucide et déterminée, elle agit en obéissant à un compas moral très personnel. La relation amour/haine qu’elle entretient avec son bourreau sonne juste comme une démonstration d’algèbre visant à prouver pourquoi Eva est devenue cette femme froide et pragmatique, ce qui l’a poussée à bâtir un couple aussi singulier, et comment elle a réussi à exister en dépit de tout. « Les oreilles de Buster » est certainement une leçon de survie. Mais peut-être pas un exemple…
Ouah ! cet incipit me met l'eau à la bouche !! (non, non, je ne me sens pas de points communs avec l'héroïne !!)
Je le mets sur ma PAL…
En ce moment,je lis Les lieux sombres de Gillian Flynn dont j'avais beaucoup aimé Les apparences (et que je m'étais fait offrir à Noël après avoir lu ta critique).
Je suis un peu déçue par celui-ci, pour le moment. Un peu vulgaire, j'ai l'impression de lire bi.. et coui… à chaque page. Je ne suis pas bégueule mais quand même ;-))
Et c'est le même principe de narration : l'auteur mêle le passé et le présent…
Bizarrement je t'avoue que je ne suis pas sûre que je lirai ce livre…
C'est vrai que ça donne envie, mais je ne suis pas sûre de le lire non plus. Ce sont des domaines sensibles !
Il est clair que ça ne l'est pas pour moi et que j'ai donc pu faire une lecture "détachée", en me préoccupant uniquement des qualités littéraires du bouquin et pas de ses résonances avec ma propre histoire.
j'ai lu "les oreilles de buster" l'an dernier, sans trop savoir à quoi m'attendre…et j'ai beaucoup aimé ! j'ai moi-même une relation un peu compliquée avec ma mère, mais pas à ce point (ça aide à relativiser, c'est sûr !) et pour m'aider à patienter avant de dénicher enfin "les apparences" à la médiathèque (il est toujours réservé, vu son succès, mérité apparemment) j'ai aussi lu "les lieux sombres": l'héroïne n'est vraiment pas sympathique mais j'ai beaucoup aimé aussi. là, je démarre "les âges sombres" de karen maitland, et ça commence en beauté (j'avais déjà dévoré "la compagnie des menteurs", je conseille vraiment cet auteur aux amateurs de suspense médiéval de qualité) merci pour tes avis de lectrices, même s'ils font grossir ma "liste à lire " de manière vertigineuse…
Je viens de terminer les oreilles de buster. Comme d'habitude, c'était un excellent conseil lecture. Je l'ai lu en trois jours seulement car impossible de l'oublier, il restait toujours dans un coin de ma tete. Effectivement, les sentiments qui y sont relatés sont d'une grande justesse. C'est plein de rebondissements…! Je le conseille moi aussi! Merci 😉 Bises