Où je fais la paix avec l’hiver

Illustration empruntée ici
Mon impression se confirme: je commence à aimer l’hiver. 
D’accord, le fait que rien ne m’oblige à pointer le museau hors de chez moi en cas de météo sibérienne y est sûrement pour beaucoup. Mais jusqu’ici, ça ne m’empêchait pas de râler contre le manque de lumière déprimant, la nécessité de superposer les pulls pour ne pas exploser la facture de chauffage, la tentation de manger des tonnes de raclette et autres plats hautement générateurs de bourrelets, l’énergie considérable à déployer pour me rendre au cinéma ou retrouver des amis au restaurant. 
Cette année, j’ai l’impression d’être passée sur l’autre versant de la montagne. Du côté des gens qui trouvent que toutes ces occasions de cocooner, c’est merveilleux, qu’on goûte davantage les sorties quand elles se font plus rares, et qu’un joli manteau avec une toque, ça vous donne tout de suite des allures de princesse russe. 
Clairement, avoir un chez-soi douillet où l’on apprécie de passer du temps aide pas mal. Aimer les activités d’intérieur, aussi. Et puis y mettre un peu de bonne volonté. Je me bricole des associations gagnantes. Plaid en polaire + roman passionnant. Pizza Mamma Roma + « The Big Bang Theory » (ou pad thaï du Tom Yam + « House of lies »). Vieil album d’Emiliana Torrini + ouvrage au crochet. Chocolat chaud + toasts au beurre demi-sel et à la confiture d’abricot maison. Chaussettes en laine de mouton islandais + tasse de thé vert fumant. Papotages à bâton rompus + cuisine à deux. Lumière pâle idéale + shooting mode. 
Je me rends compte qu’il est possible de remédier à presque tous les aspects désagréables de l’hiver, et que je commence à être bien équipée en la matière. Le simulateur d’aube pour me réussir à me lever alors qu’il fait encore nuit. La collection de cachemires, d’écharpes et de bonnets; la paire de bottes fourrées Ugg et celle de gants Isotoner doublés pour m’aventurer dehors sans me changer en statue de glace. Les ampoules de vitamine D prescrites par mon généraliste pour pallier certains effets de l’absence de soleil. Le nouveau canapé où il fait si bon se blottir seule ou à deux quand la bise souffle ou la neige tombe dehors. 
Et puis, quelque chose de plus subtil. J’ai cessé de croire que la vie pouvait être un long printemps, un éternel été. J’ai compris que les phases de froid et d’obscurité étaient, au propre comme au figuré, nécessaires pour renouveler l’élan qui m’anime. Que geindre et faire le gros dos face à elles ne servait à rien, sinon à me priver des bienfaits qu’elles pouvaient m’apporter: une occasion de réfléchir au calme, de rassembler mes forces, de me préparer pour la suite. Alors, je ne lutte plus. J’accepte le fait que cette saison doit être traversée, et je tâche de m’y employer, non pas avec résignation, mais dans l’idée d’en profiter autant que des trois autres. 
Vous savez quoi? Ca marche plutôt bien. 

3 réflexions sur “Où je fais la paix avec l’hiver”

  1. sylvie-québec

    J'aimerais bien avoir ta "zenitude" lorsqu'il fait -35…..vive le québec mais en été !

  2. -35, c'est raide. Note que je ne me sens pas mieux par +40… Les températures extrêmes sont toujours difficiles à supporter, dans un sens comme dans l'autre.

  3. :]

    Mais oui, c'est une très belle saison, l'hiver, le renouveau, le blanc, le froid…
    Et tous ces autres plaisirs que tu cites.

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