Après la déception provoquée par « Omni-visibilis« , « 5000 kilomètres par seconde« , « La vie avec Mr. Dangerous » et « Tonoharu », je m’étais juré de ne plus jamais acheter de bédé recommandée par Pénélope Bagieu dans ses chroniques vidéo. Pourtant, après avoir entendu la dernière, je n’ai pas pu m’empêcher de foncer chez Brüsel pour jeter un coup d’oeil à « Le Nao de Brown ». En 3 pages feuilletées et autant de secondes, j’étais tellement convaincue par le graphisme que je me foutais presque de savoir si l’histoire serait à la hauteur.
Nao est une jeune femme métisse anglo-japonaise. Ravissante et férue de mangas, elle travaille dans une boutique d’art toys pour compléter le maigre revenu fourni par ses illustrations. Et dans son temps libre, elle fréquente un centre bouddhiste pour essayer de trouver la paix intérieure. Car depuis toujours, Nao est la proie d’hallucinations ultra-violentes dans lesquelles elle se voit faire du mal aux gens qui l’entourent – et auxquelles elle attribue une note sur 10 selon le niveau de satisfaction qu’elles lui procurent…
Franchement, les aquarelles de Glyn Dillon sont somptueuses. Jugez par vous-mêmes:
Pour le reste, j’ai été très touchée par l’histoire de cette jeune femme malade dans sa tête, en proie à une souffrance invisible pour les autres. Qui pourrait soupçonner qu’une violence pareille se cache derrière un si joli et si exotique minois? Qui pourrait se rendre compte de la torture que représentent pour Nao certaines situations des plus banales, comme prendre l’avion ou côtoyer une femme enceinte? Et malgré ça, « Le Nao de Brown » n’est pas une bédé plombante. La vie de l’héroïne ne se résume pas à ses troubles mentaux: on voit l’amitié qui la lie à sa colocataire et à son patron, la naissance de son histoire d’amour avec un réparateur de machines à laver poète, philosophe et ivrogne…. Dans la catégorie « tranche de vie », Glyn Dillon ne craint pas d’explorer la noirceur enfouie de ses personnages sans en faire tout un drame. Je regrette juste la fin, un peu rapide à mon goût et jouant sur une explication qui me hérisse.
« Le Nao de Brown » fait partie de la sélection du prochain Festival d’Angoulême.
Je vis avec un amateur de bandes-dessinées qui regrette amèrement le temps des aquarelles et autres colorisations faites main. Je ne sais pas si c'est devenu si rare ou pas mais même moi qui ne lis pas tant de BD que ça, je suis très sensible aux aquarelles plutôt qu'à l'effet numérique ! Ca compte énormément pour apprécier le tout. Enfin je pense.
A la fin elle tombe enceinte et tout va mieux ? Si c'est ça je préfère m'abstenir hein, ça me pourri un nombre de livres incalculables 🙁
On pourrait inventer une critique spéciale pour ça, ou un nom de code, qui nous éviterait des déconvenues du genre : Ovarisme prosélyte.
Bref, je m'emballe pardon, d'autant que peut-être ça n'a rien à voir.
Ca a l'air intéressant. Le visuel de la couverture avait retenu mon attention dans l'illustration de ton dernier post…
Commandé le 19/12, reçu le 04/01 (grr), lu et fini le 05/01.
Toujours en pleine cogitation sur ce titre… Je ne sais pas trop que penser du Nao, j'ai passé un bon moment bien sûr, souri à plus de reprises qu'escompté ("les jouets, c'est pour les enfants"), pas tout compris. J'imagine que c'est une question d'ambiance. Curieusement, alors que je suis un agneau et cherche toujours un prétexte aux comportements les plus fous, je me suis retrouvée dans le TOC de Nao, dans le sens où je peux me faire peur et j'angoisse dans des situations banales. Bref, le titre a une résonance particulière. La fin m'a un peu surprise aussi mais je ne vois pas "l'ovarisme prosélyte" comme une explication, plutôt comme une conséquence de la paix intérieure quelque peu retrouvée. Nao est capable de renouer avec l'humanité.
Dans le rayon anecdotes, Glyn Dillon, l'auteur, est le frère de Steve Dillon, auteur du comics Preacher, un road movie culte, jouissif, gore et vulgaire. Mais "culte intelligent".