Et soudain, un paquet de frites place Flagey

J’ai l’impression de peser trois tonnes en ce moment. Tout me coûte dix fois plus d’efforts que d’habitude; je n’ai pas envie de grand-chose à part dormir et, si possible, ne pas rêver de chatons. L’autre nuit ils étaient cinq, un noir un blanc un roux un rayé bleu et un rayé violet, deux mois à vue de nez, encore leur poil de bébé; ils ne faisaient pas le moindre bruit et passaient leur temps à se cacher si bien que je craignais toujours de les avoir perdus. Quand je me suis réveillée j’ai eu un tout petit peu envie de pleurer en voyant qu’ils n’étaient plus là. 
Si je n’étais pas maximégacharrette, non pas sur ma trad en cours mais sur la suivante que j’ai accepté de faire en un laps de temps ridiculement court, je passerais mes journées à boire des litres de thé en regardant dans le vague. 
Moyennant quoi, cet après-midi lors d’un passage impromptu chez Brüsel, je n’ai pas trouvé mieux que d’acheter une bédé déprimante et « Le bruit des clefs », longue lettre d’Anne Goscinny dédiée à son père mort. Ambiance. En ressortant, parce que j’avais un petit creux, j’ai cherché une boulangerie du regard. Chouchou a cru que je matais le Frit’Flagey et m’a dit un « Non » très ferme, du genre qu’une femme qui connaît sa place et qui respecte l’autorité masculine ne songerait jamais à contester. 
Dix minutes plus tard, grâce à une file miséricordieusement courte pour une fois, nous nous asseyions sur un banc avec un gros paquet de frites et deux petites barquettes de sauce, mayo pour lui et poivre pour moi. La température avait dû monter de dix degrés depuis que nous étions sortis de chez nous une heure avant; je marinais dans mon pull à étoiles et Chouchou a failli prendre un coup de soleil sur le crâne. Mais jusqu’à ce que la dernière frite soit avalée et que les papiers gras aillent nourrir la poubelle la plus proche, ma déprime s’est tenue respectueusement à distance.

Vivent les frites.

3 réflexions sur “Et soudain, un paquet de frites place Flagey”

  1. C'est gras, chaud et diablement réconfortant. Oui, bénies soient les frites. Je me le dis aussi, (trop) souvent.

  2. A peu près dans le même état que toi, envie de me rouler en boule et de lire toute la journée. Pour moi, le réconfort ne vient pas des frites (impossible dans ma ville de province française, elles sont répugnantes), mais du chocolat. Alors que je m'étais interdit le chocolat au lait, ou fourré au praliné, j'ai fait une violente rechute… Mais que c'est bon pour le moral! J'ai l'impression que le chocolat tient les larmes à distance…

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