Retrouvailles à Lille

J’ai rencontré Philou le 31 décembre 1990, à une mémorable murder party dans un vignoble varois doté d’une chapelle souterraine millénaire. Nous sommes sortis ensemble quelques mois tandis que je terminais mes études; j’ai même envisagé d’aller m’installer avec lui à Paris, où il bossait à l’époque, pour y chercher du boulot dans le secteur dont je venais d’être diplômée (le marketing de produits de grande consommation, donc…). Et puis j’ai réalisé que j’étais bien trop jeune pour me caser, que j’avais encore envie de sortir avec plein de mauvais garçons, etc. J’ai donc plaqué Philou assez salement. Rideau.
Quatre ans plus tard, alors que j’étais mariée depuis peu, nous nous sommes retrouvés par l’intermédiaire du copain qui nous avait présentés à l’origine. J’ai fait mon mea culpa, et nous sommes devenus les meilleurs amis du monde. Grosse complicité, grandes discussions, confidences sur nos vies amoureuses respectives, trips shopping ensemble à Paris ou à Londres: pendant une dizaine d’années, nous avons partagé énormément de choses. Philou a connu tous mes mecs, mes parents, ma soeur et David, la famille de JC et ma chère Brigitte ; c’est lui qui a conduit le J5 de mon déménagement Nantes-Monpatelin après que mon divorce ait été prononcé, à mon retour des Zuess – lui qui était avec moi le soir où j’ai rencontré Etre Exquis – lui avec qui je suis allée donner mon sang pour la première fois – lui qui m’a initiée à la dégustation de thé et fait connaître Mariage Frères.

Et puis il y a cinq ans environ, alors que je vivais avec l’Homme et étais en plein phase dépressive, les coups de fil se sont espacés et j’ai cessé d’organiser des rencontres entre nous sur Paris où il retournait assez souvent, bien qu’ayant déménagé à Lille. Je crois qu’il n’a jamais compris pourquoi et qu’il en a été un peu blessé. Nous avons continué à échanger quelques cartes postales ou de voeux par-ci par-là mais rien de plus jusqu’à ce qu’il se crée un compte Facebook il y a quelques mois. Très vite, je me suis dit que Lille n’était pas bien loin de Bruxelles et que ce serait chouette de se revoir. Mais j’appréhendais un peu que le courant ne passe plus: si j’étais à peu près certaine de le retrouver tel que je l’avais laissé (quelques années d’expérience en plus, of course), je savais aussi que de mon côté j’avais beaucoup changé et ne recherchais plus les mêmes qualités chez les autres.

Hier à 11h46, Chouchou et moi débarquions donc du TGV à Lille-Europe. A 19h28, nous avons repris le train en sens inverse. Entre-temps, nous avions dégusté un excellent boeuf mariné au sésame et des macarons au chocolat maison dans le joli duplex rouge-noir-blanc de Philou, exploré une librairie de manga où j’ai pratiquement forcé notre hôte à acheter « Le gourmet solitaire » pour découvrir Taniguchi, écumé les rayons du Furet du Nord où je lui ai d’autorité fourré « La Voleuse de livres » entre les mains, marché dans le Vieux Lille jusqu’à ce que je meure des pieds dans mes jolies bottines Chie Mihara, goûté au Cha Yuan local où j’ai fait l’emplette de matcha culinaire pour tester la recette des madeleines au thé vert, et découvert une très chouette papeterie fantaisie nommée « L’atelier de la sorcière verte ». Et j’avais énuméré à Philou tous les endroits où je l’emmènerais quand il nous rendrait visite à Bruxelles. Car je le savais en remontant dans le TGV: nous nous reverrons.

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