Où l’on reparle des propriétés de métamorphose du Xanax

Il s’est passé un truc étrange pendant les Utopiales.

Le premier soir, alors que Chouchou et moi venions juste d’arriver, je suis tombée sur Magali Duez de Griffe d’Encre – petite maison d’édition dont je ne chanterai jamais suffisamment les louanges. Contre sa poitrine, entortillé dans une sorte de grande écharpe en tissu, elle portait son fils de 6 semaines. Que le papa et elle ont baptisé du même prénom que Satan Cahouète. Et qui malgré ça dormait tout benoîtement.

Je me suis penchée pour le regarder et je me suis sentie sourire.

Entendons-nous bien. Il est très mignon, ce gosse, et le fait qu’il ne moufte pas a certainement aidé. Par ailleurs, je n’étais pas liquéfiée de l’intérieur comme devant un truc VRAIMENT craquant, genre une portée de chatons ou de lapereaux bélier. Mais je n’ai pas éprouvé ma vague répugnance habituelle, celle qui fait que je dois me concentrer très fort pour ne pas grimacer et reculer d’un pas au lieu d’écouter la jeune maman me raconter ses nuits sans sommeil en faisant « Mmmh » et en hochant la tête d’un air entendu comme si ce genre de chose m’intéressait le moins du monde. Voire, j’étais contente de discuter avec Magali de son état d’esprit actuel et de ses projets pour la suite. Limite, même, j’étais touchée par le spectacle de son visage fatigué et pourtant plein d’une belle sérénité terrienne.

Je ne suis absolument pas en train de revoir ma position sur la question des enfants: je n’en veux toujours pas, inutile d’appeler mes parents pour leur faire une fausse joie. Mais pour la première fois de ma vie, je me surprise à ne pas me sentir sur la défensive face à un bébé, pas agressée ni remise en cause dans ce que j’ai de plus personnel par sa seule présence. J’ai pu oublier mon nombril pour me concentrer sur ce qui était important à ce moment-là: le bouleversement bienvenu dans la vie de mon interlocutrice. Et ça m’a beaucoup plu de ne pas avoir ma réaction épidermique et égoïste habituelle.

En y repensant avec satisfaction, je me suis rendu compte que j’avais pas mal changé ces derniers mois, que j’étais devenue beaucoup plus tolérante, plus zen, plus chaleureuse dans mes rapports avec les autres. La tension, l’angoisse, la colère sous-jacentes qui m’ont toujours gâché le caractère ont disparu de façon presque miraculeuse. J’imagine que c’est un effet secondaire des médicaments que je prends. Toute la question est de savoir s’il demeurera après la fin de mon traitement. Je croise les doigts. Parce que je me préfère vraiment comme ça.

9 réflexions sur “Où l’on reparle des propriétés de métamorphose du Xanax”

  1. Il y a toujours des choses qui restent après les médicaments. Pendant un temps, on vit différemment sous leur influence mais ça ne s'oublie pas une fois qu'on arrête.

  2. Hé bien tant mieux, parce que je crois que tout mon entourage préfère la Moi sous médocs ^^

  3. Comme dirait une blogueuse maquillée: "vous allez voir, d'ici quelques années je vais dormir tôt, prendre un chien et vouloir des enfants" 😀

  4. Ingrid: Dieu merci, d'ici quelques années, ce sera trop tard! (Pour les enfants, du moins)
    Miss Sunalee: La différence se voit surtout avec les gens qui ne m'intéressent pas a priori, donc tu n'aurais pas forcément remarqué ^^

  5. mmmh…moi,quand j'ai eu mes gosses(j'en ai 2 de 15 et 17 ans,ils sont plus grands que moi et leurs pieds ont la taille qu'il avaient à la naissance,pas glop),je prenais bien soin de ne pas pomper l'air des autres avec mes histoires de risettes et de couches etc…(sauf avec les copines qui ne se gênaient pas pour le faire elles-mêmes,évidemment,ya pas de raison,merde!),je trouvais ça exaspérant déjà alors que j'étais en plein dedans (et ça compte dans une vie,comme expérience),imagine maintenant….par exemple quand une femme témoigne et dit "je suis "maman" d'un adorable petit garçon et gnagna",je trouve ça mièvre,j'ai l'impression que le mot "mère" a disparu du vocabulaire,on n'est plus "mère",on est "maman"….perso,je suis "maman" pour mes gosses et que pour eux(en général,je suis plutôt "maman qu'est-ce qu'on mange?" mais bon).
    En revanche,j'aime toujours les bébés(mais pas trop longtemps),je trouve ça chou,oui,j'avoue et quand on ne m'observe pas,je fais même "agueu agueu cékikètoumimi??" mais discrètos,hein,j'ai un honneur à sauvegarder…je conçois parfaitement qu'une femme ne souhaite pas être mère(et que ce soit dur à soutenir socialement) mais moi,j'ai voulu l'être tout en veillant farouchement à avoir d'autres centres d'intérêts même quand ils étaient petits.
    Je pense qui peut-être que tu te détends par rapport aux enfants,c'est que ton entourage a enfin compris et ne te met plus de pression.

  6. Moi, j'ai trois gosses qui me comblent tous les jours, mais ça ne m'empêche pas de leur rabâcher depuis toujours (surtout à ma gamine) qu'avoir des enfants n'est pas une obligation, et encore moins pour être heureux. A chacun son parcours. Je ne te connais pas assez mais je suppose que si les médocs ont un rôle, ton petit bout de chemin avec Chouchou doit jouer aussi 😉

    Chris.

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