La météo prévoyant de la pluie toute la journée, j’ai hésité hier soir à maintenir mon projet de nous rendre à Kamakura en ce samedi. Mais il ne nous reste plus beaucoup de temps au Japon, et nous avons déjà un truc inamovible prévu pour demain.
Il nous faut plus d’une heure de train pour gagner Kita-Kamakura, gare minuscule qu’on croirait sortie d’un anime de Makoto Shinkai. La pluie a au moins un avantage: bien que ce soit le week-end, nous ne sommes pas très nombreux à nous engager sur le chemin qui dessert les nombreux temples de la ville.



Alors que nous nous dirigeons vers le premier qui nous intéresse, nous tombons sur une maison ravissante, transformée en musée pour l’oeuvre de Yoh Shomei. Je ne suis pas du tout fan d’art naïf, mais grâce au cadre, l’exposition ne manque pas d’un certain charme, et ce détour imprévu m’enchante.


Au Meigetsu-in, les hortensias qui encadrent le grand escalier ont fané, et les arbres n’ont pas encore pris leurs couleurs d’automne. De plus, impossible d’approcher la porte ronde si photogénique. Pourtant, le lieu m’enchante. Discret et modeste, il témoigne néanmoins d’une attention infinie aux détails et dégage une puissante impression de paix.








Nous mettons ensuite près d’une demi-heure à rejoindre Komachi dori à pied; c’est une marche longue et plutôt ennuyeuse. La rue elle-même me fait penser à Yanaka Ginza, mais en mieux (et avec moins de monde grâce à la météo). Au fond d’une ruelle perpendiculaire, nous dénichons un improbable resto italien nommé Ran’s. Installé à un beau comptoir en bois massif, nous regardons quatre jeunes cuisiniers nous préparer un repas succulent: potage de butternut, antipasti de thon cru et de rosbeef + polenta, spaghetti bacon et légumes locaux, plus une boisson chaude à la fin, le tout pour à peine 3000 yens (dans les 18 euros). Ca mérite bien que je me fende d’un « gochisôsama! » en partant.









Nous prenons ensuite le petit train vert de l’Enoden Line pour nous rendre au temple Hasadera, sans doute le plus fréquenté de Kamakura. Il se révèle très grand et très impressionnant, avec une grotte dans laquelle même moi, je dois avancer courbée pour ne pas me cogner la tête au plafond.














C’est encore l’Enoden Line qui nous emmène jusqu’à Enoshima. Tandis que nous longeons la côte, j’aperçois des dizaines de surfeurs dans l’eau là où ils ont pied, en train d’attendre des vagues inexistantes. Et à la sortie de la gare, je m’amuse de voir que les oiseaux vêtus de bavoirs au crochet sont toujours perchés là.



Le jour baisse tandis que nous nous dirigeons vers l’île. De nombreux gros oiseaux de proie, que je ne parviens pas à identifier d’en dessous, planent dans le ciel. Prise de flemme, je nous achète des tickets pour l’Escar, l’escalier roulant géant en 4 morceaux qui épargne aux visiteurs de monter 250 marches jusqu’au sommet. Nous ne croisons pas un seul chat, hormis en effigie dans les boutiques de la rue principale. La manifestation aux bougies prévue pour ce soir est annulée à cause de la pluie. Chouchou pousserait bien jusqu’aux cavernes, mais je suis sur la réserve.






En rebroussant chemin vers la gare, nous nous arrêtons pour manger des steaks sandwichs très bons, mais aussi chers que notre menu complet de ce midi. Et arrivée à la caisse, je découvre qu’ils ne prennent que le cash – argh.




Le retour à Tokyo me paraît interminable. J’ai fait plus de 22000 pas aujourd’hui, et je suis vannée. Dans nos trains successifs, j’observe un couple de garçons d’une quinzaine d’années qui voyagent avec nous jusqu’à Shimbashi. Ils sont tellement mignons qu’on dirait des personnages de manga. Et ça me fait chaud au coeur qu’ils s’affichent ensemble avec désinvolture, sans se faire de bisous mais néanmoins sans aucune équivoque dans leur attitude.
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