Mardi matin, nous traînons à l’appartement pour récupérer un peu. Je rédige mon billet de blog sur la journée d’hier pendant que Chouchou traite les photos. Notre appartement est super confortable et bien équipé, mais loin de toutes les choses susceptibles de nous intéresser et situé dans un « trou » de transports en commun; je regrette vraiment de ne pas avoir pris un bête hôtel dans le centre. Bien entendu, c’est toujours facile de faire le bon choix a posteriori!

Vers 11h, nous appelons un Bolt. Coup de bol: c’est une conductrice munie d’une voiture moderne, qui sent bon et dont les ceintures de sécurité fonctionnent. De plus, elle roule à une vitesse normale et sans nous secouer, ce qui semble être l’exception plutôt que la règle dans cette ville. Elle nous dépose devant l’entrée du cimetière Bellu, divisé en deux moitiés distinctes: l’une catholique et l’autre orthodoxe. C’est la seconde que nous partons explorer en quête de photos à faire. Tout est blanc et le soleil brille dans un ciel sans nuages: pas vraiment l’atmosphère de nos shootings au Père Lachaise! Mais j’aime toujours me balader dans les cimetières, un peu pour leur calme empreint de gravité sereine, un peu pour le rappel que la vie est brève et qu’on a intérêt à en profiter pendant qu’on peut.









En levant la tête le long du mur qui longe la grande avenue par laquelle nous sommes arrivés, je m’amuse de voir, au-dessus des croix blanches, les coques ultra-modernes qui recouvrent la station de tram la plus proche (façon gare de Liège-Guillemins) et derrière, des immeubles peints en couleurs pastels. La juxtaposition est assez incongrue. Dans une allée voisine, un tapis rouge mène à une tombe surplombée d’un portrait en noir et blanc style Studio Harcourt: celui d’un homme né la même année que Chouchou, et qui devait être célèbre dans son pays.





Notre visite est écourtée par la nécessité de trouver rapidement des toilettes. Je me hasarde à ouvrir la porte d’un des nombreux Portakabin présents dans le cimetière et suis assaillie par une odeur qui me donne un haut-le-coeur immédiat. C’est Chouchou qui me sauve en suggérant de tenter notre chance dans la station-service située en face de l’entrée. Je savais bien que je n’avais pas épousé cet homme uniquement pour les bons petits plats qu’il me prépare.

Après ça, nous longeons l’autoroute urbaine pendant ce qui me semble une éternité avant de trouver l’entrée du parc voisin. A l’intérieur, nous tombons sur une avenue piétonne d’une largeur ahurissante, sans le moindre arbre ni buisson pour faire de l’ombre ou occuper le regard. Ne parlons même pas d’un hypothétique banc sur lequel se poser. Vraiment, toutes les voies de circulation dans cette ville ont été conçues par (ou sur les instructions d’) un sadique atteint de la folie des grandeurs. Il n’existe aucun moyen agréable de se déplacer: les voitures font peur, les transports en commun sont peu pratiques, la marche use les jambes sans apporter aucune satisfaction visuelle.
Le point de vue soi-disant mirifique sur le lac est… parfaitement quelconque. Idem pour le restaurant que j’avais repéré, où nous nous partageons un mix grill et une salade de poulet assez médiocres. En cherchant la sortie la plus proche, nous traversons une sorte de fête foraine quasi déserte, dont la plupart des manèges sont à l’arrêt. Dommage, j’aurais bien fait un tour de grande roue.


Nous prenons le métro pour regagner la vieille ville et faire un peu de géocaching. Mais après une première cache virtuelle située devant un bâtiment en travaux, je me sens rapidement mal. Trop de bruit dû à la circulation et aux coups de sifflet des policiers qui la régulent; trop de monde, trop de chaleur et trop de frustration grandissante, aussi. Nous lâchons l’affaire et nous réfugions au café de la librairie Carturesti Carusel.


Pas de chance: ils n’ont plus que des gâteaux que je n’aime pas et aucune boisson qui me tente. La musique m’insupporte, tout comme les bavardages animés des occupantes du box situé derrière le nôtre. Je craque un peu et confie à Chouchou que de plus en plus, j’ai l’impression de n’avoir aucune place dans le monde. Que rien n’est fait pour quelqu’un comme moi, que tout m’agresse à l’extérieur et que j’ai de moins en moins envie de sortir ou de voyager. Je veux juste rester dans un environnement où je contrôle le bruit, la température, les odeurs et où personne ne peut me parler ni me toucher sans que je le veuille.

Au moment de rentrer à l’appartement, nous annulons une première course Bolt parce que le chauffeur veut nous récupérer de l’autre côté d’une autoroute urbaine compliquée à traverser rapidement – il dit qu’il lui faudrait un quart d’heure pour nous rejoindre là où nous sommes, ce qui n’est probablement pas une exagération. Nous empruntons un passage souterrain où une dame accompagnée d’une boîte à rythme massacre avec conviction des hits de la variété internationale dont tout le monde connaît les paroles, sauf elle. Puis nous faisons quelques courses dans un Delhaize avant d’appeler une seconde voiture. Dimanche soir, nous avons eu: conduite brutale sur fond de K-pop. Hier soir: conduite brutale sur fond de true crime espagnol. Ce soir, c’est conduite brutale sur fond de variété italienne, car il s’agit de varier les plaisirs.
Nous mangeons à l’appartement et allons nous coucher de bonne heure en prévision du réveil très matinal de demain.
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