Lundi:
★ J’ai mal dormi parce que j’étais stressée. Mais le livreur passe dans le créneau prévu, après s’être annoncé par téléphone un quart d’heure avant. Il est équipé d’un diable électrique qui lui permet de monter mon nouveau frigo seul dans l’escalier de ma résidence – et de descendre le vieux de même. Sympa et efficace, il ne se cogne presque pas contre les murs et ne pourrit pas mon carrelage blanc avec ses baskets. Bref, son camion n’a pas encore quitté le parking que je lui ai déjà mis un avis 5 étoiles sur le site de son employeur.
★ Le nouveau frigo est un peu plus petit que l’ancien, et surtout on sent qu’il n’est pas du tout aussi lourd ni aussi solide. Mais je pense qu’en 20 ans, même les gros appareils électroménagers sont devenus plus « jetables » qu’avant. A part ça, il est très joli, et muni de roulettes qui me permettront en cas de besoin de le déplacer bien plus facilement que son prédécesseur.
★ La jeune voisine qui gère la copro avec moi m’emmène en voiture chez notre nouvelle syndic. Elle avait oublié que c’était aujourd’hui, déboule sur le parking en retard et crevée car elle a déjà bossé 12h aujourd’hui, et nous ne trouvons pas d’endroit où stationner à proximité de l’agence. 5 minutes après l’heure de notre rendez-vous, mon téléphone sonne. « Vous m’avez oubliée? » claironne la syndic dans mon oreille.
★ Au programme du jour: ouverture des plis contenant le devis des entreprises de BTP contactées par notre maître d’oeuvre pour le futur ravalement de façade de la résidence. Tout compris, il devrait y en avoir pour 5000€ par appartement. Glups. Cela dit, je m’attendais à pire. Et puis ça fait 15 ans que je réclame qu’on fasse ces travaux; je ne vais pas râler maintenant qu’ils sont sur les rails.
Mardi:
★ « Alors, et ce frigo? » demande ma psy à peine suis-je assise dans son bureau. Je lui montre la photo prise spécialement pour elle. Et je suis forcée d’avouer qu’en effet, tout s’est extrêmement bien passé, et qu’il n’y avait aucune raison de m’inquiéter hormis mon amygdale stakhanoviste.
★ Durant notre séance, je dois lui expliquer le concept de palais mental (je me retiens de lui conseiller le « Sherlock » avec Benedict Cumberbatch qui en propose une excellente illustration) et la raison pour laquelle les couvertures lourdes peuvent se révéler extrêmement efficaces dans le traitement de l’anxiété. A la fin de la séance, je me retiens de lui dire que du coup, c’est elle qui me doit 60€ cette fois. Elle a de l’humour, mais quand même.
Mercredi:
★ Avant-hier, une collègue me disait que M, notre éditrice commune dans la maison d’édition 1, allait bientôt être remplacée par L, qui jusqu’ici bossait pour la maison d’édition 2. Hier, j’apprends que N, mon éditrice actuelle dans la maison d’édition 3, quitte prochainement son poste « mais sera appelée à retravailler avec moi, car elle reste dans le domaine de la littérature jeunesse ». Moi: « Vous n’iriez pas chez Maison d’Edition 2, par hasard? » Elle ce matin: « Si, tout à fait! ». C’est vraiment les chaises musicales, ce secteur.
★ « Je me suis beaucoup pris la tête pour pas grand-chose. Au fond, tout ce qui compte dans cette vie, ce sont les gens qu’on aime et qui nous aiment », déclare l’héroïne en train de mourir prématurément d’un cancer dans la série que je regarde. Ce qui appuie tellement là où ça fait mal que je tue un rouleau de Sopalin avant la fin de l’épisode.
Jeudi:
★ Nuit difficile, d’une part à cause de la chaleur, d’autre part à cause du moustique fétichiste qui m’a attaqué les pieds sans relâche pendant des heures. A 3h du matin, j’ai fini par prendre un somnifère. Résultat: ce matin, j’émerge tard et avec la tête dans une partie de mon anatomie normalement pas destinée à l’accueillir.
★ L’activité fun du jour: découper l’énorme carton de mon nouveau frigo en morceaux n’excédant pas 30 cm de large pour qu’ils passent par les ouvertures minuscules de la benne à recyclage papier.
Vendredi:
★ Pour la 4ème fois consécutive, hier était le jour le plus chaud jamais enregistré sur Terre. Pourtant mes deux préoccupations immédiates, c’est la trad assez particulière que je dois recevoir incessamment et dont les conditions de réalisation m’alarment quelque peu, et le fait que la SNCF a supprimé presque tous les TER sur ma ligne demain alors que je dois aller prendre un Thalys à Marseille. Là tout de suite, j’ai pas de bande passante pour mon éco-anxiété. Ce qui est peut-être mieux, car des trois choses, c’est très largement la plus grave et celle sur laquelle j’ai le moins de prise.
Samedi:
★ En l’absence de TER, je décide de prendre le bus pour aller jusqu’à Toulon (pas vraiment le choix: ni les taxis ni les Uber n’acceptent de venir chercher quelqu’un jusqu’à Monpatelin). L’arrêt est en plein cagnard. Le bus de 11h30 ne passe pas. Celui de 12h non plus. Joint par téléphone, le standard du réseau Mistral ne peut me fournir aucune explication et ne possède que les horaires théoriques, sans visibilité sur la situation en temps réel. Enfin, à 12h30, alors que je commence à croire que je ne vais même pas réussir à quitter Monpatelin: un bus. Je demande au chauffeur pourquoi les deux précédents ne sont pas passés. « Ils sont en panne », me répond-il très laconiquement.
★ Néanmoins, j’arrive à la gare de Toulon à temps pour prendre le TGV réservé en catastrophe hier. Il est bondé, mais arrive à Marseille avec seulement 10 mn de retard alors que j’ai prévu 1h40 de battement pour ma correspondance. J’écris à Chouchou: « A partir de là, tout devrait bien se passer. »
★ Spoiler: tout ne se passe pas bien. Pour commencer, le Thalys du Soleil (qui ne circule que les week-ends d’été et que j’ai préféré à un TGV parce qu’il était significativement moins cher) n’est annoncé nulle part. Et les employés de la SNCF ne savent rien. Prise d’un mauvais pressentiment, je tourne et vire un moment en attendant une information. Finalement, un message apparaît sur les panneaux d’affichage: un Thalys est en panne en gare d’Avignon, tout le trafic doit être détourné sur les voies à vitesse normale et il faut prévoir de très gros retards. D’accord, mais où est mon train?
★ Bien sûr, mon train, c’est celui qui est en panne, et qui finit donc par s’afficher supprimé. Sans que Thalys se fende du moindre texto, autre communication, excuse ou solution de rechange. Après avoir piqué une bonne grosse crime de larmes dans un coin (j’en ai plus que RAS-LE-BOL de ces voyages toujours plus chers, plus longs, plus compliqués et plus problématiques au fil des ans), je me décide à réserver sur une borne un billet pour le TGV Inoui de 17h04. Coût de l’opération: 158€ que je n’avais pas vraiment prévu de dépenser aujourd’hui. Mais je ne me vois pas rebrousser chemin jusque chez moi, d’autant qu’il n’y a toujours que très peu de TER et que la circulation ferroviaire risque d’être tout aussi bordélique pendant les jours à venir. Donc, je dois avancer à n’importe quel prix.
★ Pour me calmer, et parce qu’avec l’histoire du bus je n’ai pas eu le temps de déjeuner à Toulon, je vais manger un bo bun au Dakao. Quand je ressors et jette un coup d’oeil aux panneaux, je vois que les passagers du Thalys pour Bruxelles sont invités à se reporter sur le Thalys pour Amsterdam qui devait être jumelé avec. Le départ, retardé de 40 mn, est prévu plus ou moins au même moment que celui de mon TGV de rechange, et la queue immense au bout du quai me fait craindre l’entassement façon wagon à bestiaux de l’équivalent de deux rames de passagers dans une seule. De toute façon, je ne pourrai pas me faire rembourser mon billet de remplacement, puisque le train part dans très peu de temps et que comme je n’ai pas réservé sur internet mais à une borne, je devrais me rendre à un guichet où il y a à vue de nez 30 mn d’attente. Du coup, je décide de prendre le TGV Inoui pour au moins voyager dans des conditions décentes, même si ça signifie que j’arriverai très tard car il met une heure de plus pour aller jusqu’à Bruxelles.
★ Je passe les 6h du voyage à tenter de faire redescendre ma tension au lieu de maudire en boucle le manque de communication de Thalys et ses trains en papier crépon qui tombent en panne chaque fois que je dois en prendre un. (La dernière fois, en juillet 2022, ils nous ont laissé en rade à 22h à la gare du Nord sans autre message que « Veuillez reporter votre déplacement », après 3h d’attente dans des conditions épouvantables sans nous tenir informés de rien.) Quand j’arrive à Bruxelles, je suis hagarde et muette de stress toujours pas digéré.
Dimanche:
★ Entre la chaleur et le fait qu’hier, j’ai grillé d’un coup ma provision de cuillères pour une semaine environ, je suis encore semi-catatonique aujourd’hui. La seule chose productive que je fais, c’est organiser pour la fin du mois une excursion de deux jours dont la perspective me comble de joie.
★ En fin de journée, parce qu’il faut absolument que je bouge, nous sortons tester un resto prometteur qui a ouvert le mois dernier dans notre quartier, puis nous allons faire une promenade digestive autour des étangs d’Ixelles. Les deux semaines qui viennent s’annoncent chargées niveau boulot, et je dois absolument être en forme demain matin!