Jour de mouvement social aujourd’hui à Bruxelles. Bien que la circulation des trains ne semble pas impactée, nous préférons prendre une Poppy pour nous rendre à l’aéroport. Nous y arrivons sans encombre, théoriquement une heure avant l’ouverture de l’enregistrement pour notre vol. En réalité, nous pouvons tout de suite déposer notre grosse valise rayée au comptoir Brussels Airlines et nous diriger vers la sécurité. Comme prévu, il y a beaucoup de queue. Nous aurions néanmoins le temps de passer sans souci, mais puisque nous avons acheté des fast lane pass non-remboursables, autant les utiliser et nous épargner 20 mn à piétiner dans une file d’attente.
Le contrôle des passeports ayant été automatisé pour les citoyens de l’UE, c’est très en avance que nous débouchons dans le food court du terminal B. Je me suis réveillée spontanément – et sans nécessité – à 3h du matin, sans réussir à me rendormir ensuite. La fatigue me rend grognon et indécise; j’ai faim, soif et besoin de mettre du carburant dans la machine, mais rien ne me fait envie. Je saute donc l’étape du petit-déjeuner et passe directement au déjeuner: un plat d’udon du même resto asiatique que la dernière fois, à peu près la seule chose équilibrée et pas hors de prix qu’on peut trouver à cet endroit.
Nous finissons par embarquer à l’heure dans un avion presque plein, mais je ne suis pas obligée d’envoyer mon bagage à main en soute (ma grande crainte à chaque voyage). Nous nous posons à Edimbourg à 14h30, sous un beau ciel bleu comme nous n’avons guère l’habitude d’en voir en Ecosse. Bien qu’automatisé ici aussi, le passage de la douane se révèle assez long, de sorte que le monstre rayé est déjà sur le tapis roulant quand nous arrivons dans la zone de récupération des bagages.
Après une tentative infructueuse d’achat de carte SIM au WHSmith de l’aéroport, nous nous dirigeons vers le quai des trams, prenons des billets aller-retour aux machines en bout de quai, loupons un premier tram qui nous file sous le nez à quelques secondes près et montons dans le suivant qui arrive presque aussitôt, même s’il ne repart pas tout de suite dans l’autre sens. Pendant le trajet, je bavarde avec l’aimable contrôleur: longue barbe rousse, cheveux rasés sur les côtés, longs et teints en rose sur le dessus, ongles vernis en vieux rose, un look qui ici ne fait lever les sourcils à personne. J’apprends ainsi que la ligne, qui s’arrête actuellement à St Andrew Square, sera bientôt prolongée jusqu’à Port of Leith et Ocean Terminal – excellente nouvelle, vu la difficulté pour se rendre dans ce coin en bus depuis le centre-ville.
Nous traînons péniblement nos bagages le long du Waverley Bridge, puis dans l’interminable escalier qui monte vers le Royal Mile, et débouchons presque en face de notre hébergement pour les deux prochaines nuits. Le Code Pod The Court est un ancien tribunal-prison reconverti en hostel de luxe. On y dort dans des cellules aménagées (dortoir ou chambres privées), reconnaissables à leur minuscule fenêtre qui se découpe très haut sur le mur extérieur. Les salles de bain et toilettes sont partagées, mais bien conçues et équipées, et assez spacieuses pour qu’il n’y ait jamais d’attente – cependant, devoir me rhabiller chaque fois que j’aurai besoin d’aller faire pipi en pleine nuit me soûlera assez vite. La literie est confortable, mais les chambres doubles manquent clairement d’une table et d’une chaise pour travailler, alors qu’il y aurait amplement la place de les caser. Néanmoins, à 120€ la nuit environ pour loger directement sur le Royal Mile, on ne peut guère se plaindre.
Nous faisons une pause le temps de nous installer, de nous reposer et de recharger un peu nos appareils. Puis nous ressortons vers 17h. Il fait un temps magnifique; les joueurs de cornemuse sont de sortie, et j’ai l’impression de rentrer à la maison. Il me semble que j’étais ici encore hier – mais bon, il est vrai que décembre n’est pas si loin. Malgré la fatigue, je danse presque au son du « Johnny B Goode » d’un musicien de rue tellement je suis heureuse. Nous faisons un petit tour au marché des artisans dans l’église reconvertie de Tron Kirk, puis allons prendre quelques photos sur Victoria Terrace avant de nous diriger vers Cockburn Street où Chouchou veut chercher un blouson de motard chez Armstrong Vintage. Nous y arrivons à peine dix minutes avant la fermeture, juste de quoi essayer quelques modèles et constater que celui qui nous plaît le plus est un peu trop petit pour lui. Dommage.
Il n’est que 18h, mais les Ecossais dînent tôt et notre propre horloge interne est toujours réglée sur 19h, heure à laquelle nous mangeons d’habitude. Sans trop y croire, nous tentons notre chance au Piper’s Rest pour lequel je n’avais pas réussi à réserver en ligne car tout était complet un peu plus tard dans la soirée. Miracle: ils ont bien une table pour nous dans le fond, un chouette box rond dans lequel nous pouvons nous étaler à notre aise. Chouchou commande un fish & chips et une ginger beer sans alcool, moi une Balmoral chicken pie et une demi-pinte de cidre, et nous partageons nos plats tous les deux délicieux et étonnamment légers. La musique est chouette, l’atmosphère bon enfant comme souvent dans les pubs, et je plane complètement de bonheur.
Pour conclure cette première journée, je propose à Chouchou de faire un tour au Banshee Labyrinth, haut lieu de l’horreur dans lequel on trouve plusieurs bars et un petit cinéma gratuit. Nous avons un peu de mal à localiser l’endroit, le GPS ne tenant pas compte des différences de niveaux assez redoutables dans cette partie de la ville. Une fois sur place, c’est la déception: l’endroit sent très mauvais et nous le trouvons totalement glauque. J’imaginais quelque chose de plus… disneyesque, sans doute. Bref, nous battons en retraite assez vite. On ne peut pas gagner à tous les coups.