On avait beaucoup hésité à réserver des places pour cette promenade: 59€ le week-end en journée, ça nous paraissait bien trop cher. On a fini par se décider pour un créneau après 21h en semaine, quand ça ne coûtait « que » 29€ par personne. Ca fait des années qu’on ne sort plus le soir, surtout quand y’a école boulot le lendemain, mais j’adore l’univers d’Harry Potter et je me disais que ça vaudrait probablement l’effort.
Mercredi, j’ai choisi ma tenue et mes accessoires avec soin. Juste avant de partir, j’ai photographié ma longue écharpe rayée à côté de mon miroir à main orné de chauve-souris, de ma lanterne dans une Mason Jar et surtout de la super baguette chouette que j’avais fait fabriquer à grands frais par une artisane très douée. Puis je l’ai postée en story sur Instagram avec la légende « Une bonne soirée en perspective ».
Cher.e lecteur.ice perspicace, comme tu t’en doutes probablement vu le titre de ce billet: une bonne soirée ce ne fut pas.
Alors qu’on roulait en Cambio vers le château de Groenenberg, il s’est mis à pleuvoir. Comme une noob de la Belgique, je n’avais pas pensé à vérifier le temps qu’il ferait, et donc pas emporté de parapluie. Je blâme entièrement la météo automnale bien trop clémente jusqu’ici. Je me suis dit « Bah, mon manteau a une capuche, et ce n’est pas parce qu’il pleut ici et maintenant qu’il pleuvra encore à Groenenberg quand on arrivera ».
On avait entré l’adresse du château dans notre GPS. Il faisait nuit et tout était hyper mal indiqué aux abords du site. A un moment, on s’est retrouvés face à une entrée bloquée par une barrière de sécurité. On a tourné à droite et poursuivi sur l’unique route en attendant de trouver un autre accès ou de pouvoir faire demi-tour. La route goudronnée est devenue un chemin de terre battue. Puis le chemin de terre battue a tourné et s’est changé en bourbier plein de cailloux qui coupait à travers champs, dans le noir complet et loin de toute habitation. Là, on a commencé à flipper. La Cambio – un pot de yaourt à roulettes, d’ordinaire bien suffisant pour nos courses en ville – s’est enlisée à plusieurs reprises. Chouchou, excellent conducteur qui a effectué autrefois un stage de pilotage en conditions difficiles, a réussi à la faire repartir une première fois. La deuxième, pas moyen. Il nous restait encore 200 mètres à parcourir avant le tournant suivant (et, espérions-nous, le retour du goudron sous nos roues).
Nous étions paumés au milieu de nulle part sous une pluie battante. J’ai proposé de descendre pour alléger la voiture de mes 75 kilos. Sous ma portière, il y avait une flaque énorme et profonde. Heureusement, j’avais mis mes bottines en caoutchouc, ce qui m’a évité de bousiller une paire de chaussures de ville. Chouchou a réussi à dégager la Cambio, et je l’ai précédé à pied jusqu’au carrefour suivant en flippant à mort à cause de l’état de plus en plus apocalyptique du chemin (qui visiblement ne devait servir qu’à des tracteurs, d’où les ornières profondes de part et d’autre de son centre). Mon manteau en velours n’était pas du tout imperméable, et en quelques minutes j’ai été trempée jusqu’aux os. Je m’en foutais: je priais juste pour qu’on réussisse à se sortir de là sans devoir appeler une dépanneuse.
Quand le sol est redevenu ferme et que j’ai pu remonter en voiture, j’étais tellement stressée que je claquais des dents sans pouvoir m’arrêter ni réussir à articuler le moindre mot. Chouchou a ressorti nos billets pour y chercher des indications supplémentaires et changé notre destination sur le GPS: au lieu de l’adresse du château, il a mis celle du parking de l’événement, dont on n’avait pas vu que ça n’était pas tout à fait la même. Après 25 des minutes les plus pénibles de ma vie, on a enfin pu se garer. Et là, je me suis rendu compte que ma super baguette de sorcière, que j’avais calée sous la poignée de ma portière en partant de chez nous et qui ne tenait pas très bien, n’était plus là. Elle avait dû tomber dans l’énorme flaque de boue quand j’étais descendue de voiture au milieu de nulle part. Je m’en suis voulu d’autant plus qu’au départ, je l’avais mise ailleurs, dans un endroit où elle n’aurait rien risqué, avant de me raviser parce qu’elle était moins visible et que je craignais de l’oublier.
Il pleuvait de plus en plus fort. Craignant un meltdown, Chouchou m’a demandé si je voulais qu’on zappe la promenade et qu’on rentre directement. J’ai répondu qu’on avait évité le pire, que rien ne ferait réapparaître ma baguette et que j’étais déjà trempée de toute façon, donc autant faire ce qu’on était venus faire. On a tenté de me prendre en photo avec ma lanterne devant l’entrée du parcours: une douzaine de fois, elle s’est éteinte au moment où Chouchou levait son iPhone. J’ai eu beau dévisser le couvercle, éteindre et rallumer, tripoter les ampoules à l’intérieur, rien à faire. Dès que je m’éloignais, en revanche, elle se rallumait spontanément. J’ai fini par renoncer pour ne pas la fracasser sur le sol de dépit. Et après un petit laïus d’introduction qui nous a juste forcés à rester plantés sous la pluie pendant quelques minutes supplémentaires, nous sommes partis sur le chemin.
Même si on n’avait pas été très éprouvés par notre mésaventure, et même si la météo avait été meilleure, cette expérience m’aurait déçue. Particulièrement vu le prix ahurissant des billets. Nous avons marché pendant une heure et demie au milieu de jolies lumières, avec à peine une douzaine de saynètes ou de créatures tirées de l’univers de Harry Potter réparties sur l’ensemble du parcours – la plupart d’entre elles n’étant même pas animées. Pour l’invocation du Patronus, on a fait la queue un bon quart d’heure et ça a duré environ 10 secondes (j’ai eu un guépard). Le coin des araignées n’était pas mal si on n’a pas peur de ces bestioles. Quant au reste…bof, bof, bof. « On n’est pas le public cible », a fait remarquer Chouchou. Et je pense en effet que les enfants étaient ravis. Moi, je regrettais vraiment de ne pas être restée chez moi ce soir-là. Le parcours s’est terminé dans une boutique pas trop mal achalandée, mais où le seul T-shirt qui me tentait n’existait qu’en taille enfant et où il n’y avait ni cartes postales ni stickers pour mon art journaling. Du coup, j’ai piqué l’étiquette de prix d’une paire de gants pour avoir quand même le logo de l’événement à coller dans mon agenda.
Sur le chemin du retour, nous avons dû faire un détour par un car wash pour nettoyer la Cambio qui était couverte de boue. En arrivant chez nous peu avant minuit, je me suis empressée de passer des vêtements secs et d’étendre les autres. Le velours de mon manteau dégoulinait littéralement, sans parler de mon écharpe rayée et même de la robe en lin que je portais dessous. Quant à mes bottines en caoutchouc, il va falloir les passer au Kärcher. Je me suis préparé une tisane et j’ai ouvert mon MacBook. Un mail de Fever m’attendait dans ma boîte de réception:
« Armalite, nous espérons que vous avez apprécié votre visite à Harry Potter: Expérience en Forêt Interdite ».
Oh mince. J’espère avoir plus de chance samedi prochain à Grand-Bigard pour lightopia. Je trouve aussi que le prix était exagéré. Beaucoup de retours bof bof de mes amis qui s’y sont risqués mais leurs enfants plus jeunes ont adorés.