Il y a fort fort longtemps, j’ai découvert le jardin japonais du musée Albert Kahn avec mon ex, le Chacal Jaune. Depuis que Chouchou s’est mis sérieusement à la photo, j’ai voulu l’y emmener plusieurs fois, mais l’endroit est resté fermé pour travaux pendant plusieurs années. Le mois dernier, enfin, nous avons pu nous y rendre lors de notre passage à Paris. Et comme j’étais accompagnée de quelqu’un à qui le mot « culture » ne fait pas l’effet d’un puissant somnifère, nous en avons profité pour visiter les deux expositions auxquelles notre billet nous donnait également accès.
Albert Khan est un banquier et un philanthrope né au milieu du 19ème siècle. En 1898, il crée une bourse attribuée à de jeunes agrégés des deux sexes, pour leur permettre de voyager pendant un an et d’enrichir ainsi leur futur enseignement. En 1908, il part lui-même pour un tour du monde qui l’amène notamment à visiter la Chine et le Japon. Il en rapporte plus de 4000 clichés en couleurs sur plaques de verre qui lui donnent l’idée d’un projet ambitieux: les Archives de la Planète. Entre 1909 et 1931, il embauche de nombreux opérateurs pour les envoyer en mission dans une soixantaine de pays. Il constitue ainsi ce qui est à ce jour la plus grande collection mondiale d’autochromes, rassemblée dans le musée de Boulogne-Billancourt qui porte son nom.
Située au rez-de-chaussée du bâtiment, la collection permanente permet d’admirer une partie de cet incroyable fond iconographique. Aucune indication de lieu: juste des milliers d’images vieilles d’un siècle montrant des bâtiments décrépits ou luxueux, des paysages familiers ou exotiques, des gens humbles ou riches de diverses ethnies figés dans une posture raide. L’effet est passablement vertigineux.
L’étage est consacré aux expositions temporaires. En ce moment, « Autour du monde » retrace le long périple qui amena Albert Kahn et ses compagnons de voyage en Asie au début du 20ème siècle. Mais avant de s’y plonger, les visiteurs peuvent s’amuser à créer un faux autochrome dans la cabine en accès libre qui fonctionne sur le principe d’un Photomaton. Les instructions sont données sur un écran tactile qui contraste de façon amusante avec cette technique ancienne, et à la fin, il suffit de donner une adresse mail pour recevoir le cliché.
Une fois soûlé d’images et de pénombre, on émerge enfin à l’air libre dans les fameux jardins dont la partie japonaise ne constitue qu’une petite zone. Les visiteurs sont nombreux à y déambuler, et notre séance photo n’a pas donné les résultats escomptés. L’exploration de la partie boisée offre tout de même une promenade très agréable en pleine ville.
Musée départemental Albert Kahn, 2 rue du Port, 92100 Boulogne-Billancourt. Ouvert du mardi au dimanche, de 11h à 18h d’octobre à mars et de 11h à 19h d’avril à septembre. Possibilité d’acheter les billets en ligne (mais cela oblige à créer un compte). Métro: ligne 10, Boulogne Pont de Saint-Cloud.