Etre une femme en 2022, c’est voir encore et toujours remis en cause le droit basique à disposer librement de son corps. C’est, dans certains pays même les plus riches et les plus soi-disant « avancés », se voir imposer de mener à terme une grossesse non-désirée. Y compris quand elle est le produit d’un viol ou qu’elle met la vie de la mère en danger.
Etre une femme en 2022, c’est subir encore et toujours du harcèlement et des agressions sexuelles. A la maison, dans la rue ou au travail. Ne pas être prise au sérieux quand on porte plainte. Ne pas être prise au sérieux si on ne porte pas plainte. Dans tous les cas, être celle dont on va questionner la sincérité, les agissements et la morale. Même si on est 20 qui ne se connaissent pas entre elles à dénoncer un seul homme.
Etre une femme en 2022, c’est se demander encore et toujours si on peut se permettre de s’habiller un peu court ou décolleté, de boire plus d’un verre en présence d’un membre du sexe opposé, de prendre le métro passé une certaine heure, de rentrer seule à pied en pleine nuit. C’est avoir intégré dès le plus jeune âge que les hommes sont des prédateurs et que c’est notre responsabilité de nous protéger d’eux.
Etre une femme en 2022, c’est devoir bosser pareil pour gagner 20% de moins (si on a la chance d’être blanche) que ses homologues masculins. Et dix fois plus dur pour accéder à des postes à responsabilité. A la moindre erreur, au moindre débordement qui passerait crème chez un propriétaire de pénis, se voir soupçonnée de ne pas avoir les épaules – d’être trop fragile, voire hystérique.
Etre une femme en 2022, c’est le plus souvent porter l’essentiel de la charge mentale liée à la marche du foyer, surtout quand on a des enfants. Accomplir davantage de tâches ménagères, même si on a aussi un boulot à plein temps. Etre l’intendante et la secrétaire de toute la famille. Subir la pression d’attentes sociales écrasantes pour réussir à « tout concilier », à être à la fois une mère au taquet, une professionnelle irréprochable et une amoureuse toujours désirante.
Etre une femme en 2022, c’est généralement assumer la responsabilité de la contraception dans un couple hétéro. Alors qu’on n’est fertile que quelques jours par mois pendant une quarantaine d’années. Que la pilule a des effets secondaires lourds; qu’on ne supporte pas toutes le stérilet. Et qu’il existe une procédure chirurgicale à la fois bénigne et réversible qui permettrait à l’homme de ne féconder personne en l’absence de projet d’enfant.
Etre une femme en 2022, c’est être bombardée en permanence d’injonctions à la minceur et à la jeunesse éternelle. Avoir honte de ses capitons, de ses vergetures, de ses rides, de ses boutons et de ses poils. Dépenser une énergie folle, soit pour se conformer à une image irréaliste et malsaine de la féminité, soit pour s’en détacher et supporter sans broncher le jugement d’autrui.
Etre une femme en 2022, c’est certes mieux qu’être une femme en 1922. Mais ceux qui nous disent qu’on a déjà obtenu l’égalité sont aveugles ou nous prennent pour des imbéciles.
Être une femme en 2022 c’est entendre sa fille de 5ans s’exclamer en l’espace de 2minutes « attends… Mais une femme ça peut être pompier ??!! » « Quoi ? Une femme ça peut être astronaute ??!! »… Alors qu’on pensait avoir œuvré chaque jour pour qu’il n’y ai pas de différence de genre… Le poids societal est trop fort dès la petite enfance.
Tristement vrai. Avoir écouté la même semaine les témoignages des plaignantes de l’affaire PPDA sur Mediapart et celui de Sarah Abitbol, a tendance à me conforter dans mes positions