[RIGA] Où Nik Kershaw a donné rendez-vous à la Bavière près du piano

J’émerge vers 8h après en avoir dormi 9 et, mon thé à peine avalé, me dépêche de bloguer pour rattraper mon retard d’hier soir. Au moment de m’habiller pour sortir, vers 10h30, je me rends compte qu’il manque un bouton crucial à la robe verte que je comptais porter aujourd’hui. …C’était donc ça, le bouton solitaire que j’ai trouvé dans mon sac avant de partir et promptement mis à la poubelle. Il doit exister une loi de la nature qui dit qu’on conservera 27 ans des trucs dont on n’aura jamais l’utilité, mais qu’on jettera sans remords tous ceux dont on aurait eu vraiment besoin.

Nous descendons à pied vers le centre-ville historique et semi-piéton. Il fait de nouveau très beau aujourd’hui, presque trop car la lumière crue nous empêche de faire de belles photos. Nous passons un long moment à chercher le café Laima (la grande marque de chocolat lettone), dont personne n’a jamais entendu parler à l’adresse fournie par mon guide. Tant pis! On déambule au hasard dans les petites rues et à travers les places du quartier. Si les jolies façades colorées rappellent celles de Tallinn, il est beaucoup plus difficile d’en profiter entre les travaux envahissants et les préparatifs d’une fête dont le mobilier temporaire bouche les perspectives. Par ailleurs, les pavés sont si inégaux que Chouchou les qualifie de défense passive.

Après avoir hésité entre plusieurs restaurants de cuisine lettone, nous nous installons au Milda. C’est un peu plus chic que ce à quoi je m’attendais, mais la carte nous convient parfaitement et les prix restent assez démocratiques. En entrée, nous partageons une délicieuse soupe de champignons crémeuse servie dans un petit pain rond. Puis Chouchou savoure des cepelinai frits (pommes de terre garnies de lard et de viande de porc, mais aussi de crème aigre et de ciboulette); de mon côté, je goûte une saucisse maison fabuleuse bien qu’accompagnée d’une purée fadasse et d’une choucroute à base de chou-rave plutôt que de chou sûr. Le cidre dont nous arrosons ce repas est si costaud que Chouchou se retrouve soûl après deux gorgées.

Deux ou trois magasins d’artisanat local me convainquent rapidement que ce n’est pas ici que je referai provision de chaussettes d’intérieur: oui elles sont belles, mais la laine est rêche et gratte terriblement. Par ailleurs, je trouve l’offre de vêtements en lin très peu flatteuse, et la céramique ne m’inspire pas du tout. Dommage – pour une fois que j’avais plein de place dans nos bagages!

La belle découverte du jour, ce sera le Parunāsim kafe’teeka, qui s’est auto-surnommé « café le plus romantique de Riga ». Installé au fond d’une impasse, il a effectivement beaucoup de charme avec sa lumière tamisée, son vieux piano, son téléphone à l’ancienne, ses miroirs piquetés et l’énorme bouquet de fleurs qui trône sur le comptoir. Mieux encore: les gâteaux y sont nombreux, tous plus appétissants les uns que les autres, et la sono diffuse une excellente compil années 80. Nous passons un moment délectable à savourer des pâtisseries locales avec une infusion citron/gingembre, en essayant de ne pas chanter trop fort.

Chouchou m’affirme que la cliente de la table voisine parle avec un accent du sud de l’Allemagne. C’est un sujet de chamaillerie récurrent entre nous: je n’arrive même pas à distinguer les accents des anglophones (qu’ils viennent de Sydney, du Bronx ou de Cambridge, j’entends juste de l’anglais plus ou moins bien articulé), tandis que Chouchou est capable non seulement d’identifier des langues qu’il ne parle pas, mais aussi leurs nuances régionales. Chaque fois, je l’accuse d’inventer pour se faire mousser. Mais là, on ne cause pas d’une actrice à la télé: on cause d’une femme qui se trouve juste à côté de nous. Alors, en allant payer à la caisse, je m’arrête à sa table et lui demande poliment d’où elle vient. De Bavière. Chouchou, 1 point. Pour la peine, je l’appellerai Accent Man jusqu’à nouvel ordre. Ca lui apprendra à avoir raison.

Nous ressortons du centre historique pour aller jeter un coup d’oeil au Bergs Bazaar, série de passages couverts transformés en arcades de shopping trendy qui se révèle très peu inspirante. Puis nous nous arrêtons chez Roberts Books, une librairie anglophone d’occasion couplée avec un café mais aussi… un sex shop planqué dans le fond, comme nous avons la surprise de le découvrir sur place. Il n’est pas encore 17h mais nous avons bien marché aujourd’hui et nous sommes crevés tous les deux. Retour à l’appart’ pour trier les photos, bloguer et reprendre des forces. En passant devant la réception, j’ai l’idée de demander si par hasard, ils n’auraient pas un sewing kit. « A swing what? » me demande le monsieur, perplexe – tandis que derrière lui, sa collègue sort un nécessaire de couture d’un tiroir et le brandit triomphalement. Bah voilà, je vais pouvoir remettre ma robe verte en service!

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