[CRACOVIE] Où je me réconcilie avec l’art contemporain (mais me fâche avec notre sommier)

 

Après l’excellente journée d’hier, j’ai passé une nuit affreuse, errant du lit au canapé et retour sans trouver de position confortable. Je me lève avec un mal de dos façon crise aiguë de lumbago + 3/4 jours, et la conviction d’avoir au minimum une tumeur foudroyante dans une vertèbre. Mais je raisonne que c’est plus probablement le résultat d’un an et demi de sédentarité suivi par une semaine de sommier de merde, et j’essaie de garder la tête froide. Chouchou suggère que ce soir, on pose le matelas par terre dans le salon où il y a la place: cet homme n’a pas qu’une belle barbe, il a aussi un cerveau brillant. 

Vers 11h, nous partons à pied vers le MOCAK, le musée d’art contemporain de Cracovie. Celleux qui me lisent depuis longtemps connaissent ma relation conflictuelle avec ce type d’endroit. Généralement, j’y accompagne Chouchou pour lui faire plaisir, et je passe toute la visite à grimacer et critiquer les oeuvres. Mais au lieu de le dégoûter de m’emmener, ça le fait juste rire – et parfois, ça lui fournit le prétexte à une photo marrante. Cette fois, pourtant, le miracle que l’on n’attendait plus va avoir lieu. 

Après avoir marché 40 mn en plein cagnard (Google Maps nous a bien roulés sur la durée estimée du trajet…), nous arrivons dans un bunker minimaliste où nous découvrons que l’expo temporaire en cours est consacrée à l’auto-portrait à travers la pratique de divers artistes depuis les années 70 jusqu’à nos jours. Un sujet qui nous intéresse énormément tous les deux. Et même si nous n’allons pas nécessairement être interpelés par les mêmes oeuvres, l’expo est assez vaste et variée – je veux dire, il y a quand même une dame habillée d’une robe en CRESSON – pour que nous y trouvions tous les deux notre compte. Et au lieu de me moquer comme d’habitude, j’engrange des bouts d’idée dans un coin de ma tête. 

Nous nous livrons à une petite expérimentation amusante, qui consiste à me faire apparaître trois fois sur un même panoramique. Je passe dix bonnes minutes à courir autour de Chouchou sous l’oeil perplexe des autres visiteurs qui hésitent à approcher de l’oeuvre de Krzysztof M. Bernardski intitulée « Un jardin de fruits oubliés pour Tonina Gerry ». Peu de temps après, une fois fini le tour de l’expo temporaire, je réclame une pause à la cafétéria. J’y commande une part de sernik à la fraise (je kiffe vraiment ce gâteau au fromage blanc qu’on trouve partout ici) et une limonade pamplemousse rose-lavande avec laquelle j’avale le premier Temesta de mon flacon flambant neuf. Dix minutes après, je me prends pour Caroline Loeb, jambes en coton et tête dans les nuages. Les vieux comprendront. Je rentre brièvement dans la boutique du musée pour demander s’ils n’auraient pas un ouvrage sur mon nouvel amour Ryszard Kaja, et comme la réponse est non, je me contente d’un carnet à l’effigie du MOCAK dans lequel je confectionnerai un carnet de voyage après notre retour. 

Nous descendons ensuite au sous-sol qui abrite la collection permanente, laquelle n’est pas non plus dépourvue d’intérêt même de mon point de vue de béotienne. Puis nous reprenons le chemin de notre quartier en longeant l’autre rive de la Vistule, histoire de faire au passage quelques photos de la Cricoteka à l’architecture si particulière. Nous nous arrêtons pour un déjeuner une fois de plus très tardif (il est 15h) au Sasiedzi, un restaurant qui se vante d’avoir « le plus beau jardin de Kazimierz ». Malheureusement, la serveuse nous case sous la véranda, ce qui m’agace un peu: oui, nous ne sommes que 2 et les tables de dehors sont pour 4 personnes, mais il en reste 4 ou 5 de libres, et s’attend-elle vraiment à un débarquement massif de familles affamées un mercredi en milieu d’après-midi? Je teste une spécialité locale: la soupe de champignons servie dans un pain (Chouchou doit m’aider à finir), suivie de crêpes aux épinards. Des légumes, enfin!

Nous rentrons à l’appartement pour une pause censée durer une heure, mais… je suis tellement fracassée que je m’endors sur le canapé deux fois d’affilée. Mon dos me fait affreusement mal, et je dois renoncer à tout autre activité pour le reste de la journée. Le soir, Chouchou se dévoue pour retourner chercher de la bouffe indienne – et cette fois, il rapporte bel et bien un assortiment de plats végétariens. 

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