[CRACOVIE] Où je crains d’avoir cassé Elvira

 

Le truc du matelas posé par terre a fonctionné: j’ai encore mal au dos ce matin, mais je ne suis plus à demi paralysée, hourra! Vers 10h30, nous nous mettons en route vers la colline du Wawel, située au bas de Stare Miasto et sur laquelle se dresse le palais royal. Selon la légende, il est construit au-dessus de l’antre du terrible dragon qui ravageait autrefois la campagne environnante et dévorait toutes les jeunes filles. Jusqu’au jour où un cordonnier astucieux lui offrit un agneau imbibé de soufre, qui lui donna tellement soif que le dragon but à s’en faire exploser.
A titre commémoratif, une statue extrêmement moche crache du feu à intervalles irréguliers au pied des murailles. C’est elle que je veux prendre en photo. Enfin – moi, et une horde d’autres gens pour la plupart accompagnés de petits enfants qui se font une joie d’escalader le piédestal de la bestiole. Y’a plus aucun respect pour les monstres sanguinaires, je vous jure. Non seulement j’arrive à avoir ma photo, postée en retrait et à l’arrière de la statue avec mon bête iPad, mais Chouchou admet qu’elle est mieux que la sienne prise de face avec son gros Sony. Hé hé. 

Puisque nous ne sommes pas très loin et que nous n’avons pas grand-chose d’important à faire en cette ultime journée, je propose de retourner à Stare Miasto pour un petit tour à la galerie Plakatu qui vend des affiches polonaises. Je suis toujours à la recherche d’une carte postale de mon oeuvre préférée de Ryszard Kaja… Mais lorsque nous arrivons sur place, ce n’est pas encore ouvert. Nous décidons de déjeuner dans les parages pour revenir juste après. Ce sera un bagel obwarzanek garni sur la terrasse du Zarowka Café, au fond d’une impasse qui part de de la rue Florianska. En longeant la basilique Sainte-Marie, nous entendons jouer le trompettiste pour la dernière fois. La galerie Plakatu n’a pas la carte postale que je cherche, mais j’en achète une autre qui représente le centre de Cracovie dans un style assez lugubre. Alors que nous redescendons vers notre quartier, je ne peux résister au plaisir d’un « donut » (un beignet sans trou au centre peut-il réellement porter ce nom?) acheté à l’échoppe de la rue Grodzka. Ce que je voulais vraiment, c’était un de leurs « burgers » garnis de chantilly et de fruits frais, mais je ne voyais pas comment le manger sans m’en foutre partout!

Nous repassons à l’appartement pour faire une pause et me permettre de me changer: la robe en lin que je portais ce matin me semble peu adaptée à la suite du programme. Cet après-midi, en effet, nous nous rendons au musée du flipper et des jeux d’arcade. Contre un forfait de 40 (pour 1h) ou 50 zlotys (pour toute la journée), on peut jouer autant qu’on veut avec toutes les machines présentes. J’avais un peu peur du niveau sonore, mais il n’y a pas énormément de monde, donc ça va. Je commence avec un flipper Addams Family avant d’affronter Chouchou à Space Invaders – il gagne la première partie et moi la seconde. Puis on teste un peu tout avec des degrés de réussite diverzévariés. Chouchou s’éclate sur Terminator II tandis que je réussis à bloquer le flipper Elvira. Penaude, je vais voir le gérant qui fait un geste désinvolte: « Ces machines sont trop solides pour que vous les cassiez; il suffit de les secouer un bon coup pour déloger la balle ». Je ne sais pas si je dois être vexée qu’il mette en doute mes capacités de destruction ou soulagée de ne pas devoir rembourser une machine vintage. Chouchou me met la pâtée au PacMan; peu de temps après, on décide qu’on arrive tous les deux à saturation et qu’il est temps de partir. Mais c’était vraiment fun.

Nous allons nous poser au café-librairie Lokator, dont le rayon enfants au milieu duquel trône notre canapé regorge de couvertures sublimes. Quand je demande un thé, la dame me fait choisir parmi tout un coffret de Damman Frères, ce qui me fait sourire. Lorsque, peu après 18h, elle empoigne un balai et commence à nettoyer la boutique, je prends ça pour une discrète invitation à vider les lieux. Nous retournons au Hilo où nous avions si bien déjeuné avant-hier. Le beau barbu roux n’est pas là ce soir (snif), mais nous faisons quand même un autre repas fabuleux. Mes udon végans au lait de coco, aux champignons et aux edamame sont un pur régal, tout comme mon cocktail légèrement pimenté. En dessert, nous voulions prendre des boobies, version hawaïenne des mochi japonais, mais il n’y en a plus, et nous nous rabattons sur un cheesecake au matcha garni de fruits frais. Hormis pour le nom rigolo, nous n’avons sans doute pas perdu au change. 

Nous rentrons à l’appartement très contents de cette dernière journée et de nos vacances polonaises en général. Nous avons eu quelques petites déconvenues, mais rien de grave: dans l’ensemble, les surprises ont été bonnes voire excellentes. Nous n’attendions pas grand-chose de ces deux petites semaines à part changer enfin d’air après presque deux ans coincés en Belgique et en France. Or nous nous sommes instruits et amusés; nous avons très bien mangé, beaucoup marché et pris des tas de chouettes photos. Et nous étions si heureux d’être là que même dans les rares moments de tension, nous ne nous sommes pas disputés une seule fois. Pour peu que le voyage de retour se déroule sans encombres, ce sera un 9/10. 

2 réflexions sur “[CRACOVIE] Où je crains d’avoir cassé Elvira”

  1. Merci beaucoup, je n,ai hélas pas pu voyager , mais grâce à vous si , et ce fut un réel plaisir de vous lire

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