Or donc, qu’est-ce qui a bel et bien changé dans ma vie depuis que j’écoute ce podcast?
Le bouleversement principal, c’est que j’ai cessé de nier ou de dénigrer mes émotions. Il y avait finalement une forme de snobisme dans le fait de me vouloir imperméable à toutes celles que je considérais comme irrationnelles ou improductives: le reste de l’humanité était sujet à ces faiblesses-là, mais moi, j’étais plus maligne, plus forte que le commun des mortels! Sur le coup, c’était très pratique (et très satisfaisant pour l’ego) de balayer ma tristesse et autres invités indésirables sous le tapis. Malheureusement, à terme, ça me faisait plus de mal que de bien. Depuis que je les accueille et leur laisse la place d’exister en moi sans jugement, mes émotions font trois p’tits tours et puis s’en vont au lieu de rester cadenassées dans le coin sombre où, jusqu’ici, elles pourrissaient lentement et se muaient en anxiété délirante.
Par exemple, la récente promotion de ma soeur, toute magnifique et méritée qu’elle soit, a fait rejaillir l’amertume d’avoir toujours été, aux yeux de mon père, celle qui ratait sa vie en faisant des choix aux antipodes de sa conception de la réussite. Désormais, je peux admettre que ça me faisait et que ça me fait encore mal. Ce n’est pas déshonorant. Ca n’enlève rien à ma joie sincère pour ma soeur, à mon admiration pour ses qualités humaines et pour son impressionnant parcours. J’ai pleuré un bon coup le jour où j’ai appris la nouvelle; j’ai regardé mon sentiment d’inadéquation filiale en face et je me suis dit: Voilà, c’est comme ça. Ca ne changera jamais, et ce n’est pas grave car il valait mieux ne jamais avoir l’approbation de mon père que passer à côté de ma vie en tentant de l’obtenir. Etre heureuse à ma façon plutôt que malheureuse à la sienne. Je pourrais bien sûr me lamenter sur sa vision limitée du bonheur, mais vu qu’il est mort et que son avis n’évoluera plus jamais, ça ne ferait pas beaucoup avancer le schmilblick.
Sans la pression considérable de devoir toujours garder un couvercle sur mes émotions, j’arrive à les digérer et à tourner la page. Je me sens aussi un peu moins extra-terrestre vis-à-vis des gens qui m’entourent, et je les juge moins durement (ne plus les juger du tout, je crains que ce soit hors de ma portée, mais je ne m’attendais pas non plus à me transformer d’un claquement de doigts en Etre de Lumière).
Episodes pertinents: 2: Les émotions sont inoffensives; 3: Vous n’êtes pas vos pensées; 167: Le bus à deux étages
Par ailleurs, débarrassée de la surcouche d’anxiété qui n’était finalement que la peur de me laisser ressentir des émotions désagréables ou impossibles à gérer, j’ai pu adopter un état d’esprit moins pessimiste et négatif. J’ai cessé, chaque fois que j’envisageais quelque chose, de me laisser arrêter par la pensée de tout ce qui pourrait mal tourner. Au lieu de ça, après avoir pris les précautions nécessaires au cas où ça tournerait effectivement mal, je m’autorise désormais à envisager toutes les manières dont ça pourrait bien se passer, voire se révéler plus facile que je ne l’imagine. Je me dis que ne jamais prendre de risque constitue aussi un risque en soi: celui de passer à côté de plein d’expériences enrichissantes, soit parce qu’elles auront été réussies, soit parce qu’elles auront été ratées d’une manière fertile en enseignements. C’est ainsi que je me suis enfin décidée à me lancer dans le bénévolat au sein de BXL Refugees, et à organiser un voyage pour le mois d’août sans aucune garantie de pouvoir partir – sachant que je devrais vivre avec cette incertitude pendant des semaines, alors que c’est l’une des choses les plus inconfortables au monde pour moi. Par le passé, il m’est arrivé de précipiter volontairement une issue négative qui n’était pas du tout certaine plutôt que de me torturer en attendant qu’une situation se résolve. Maintenant, je me dis juste que la pièce est lancée en l’air, que je ne peux plus influer sur le côté où elle retombera et que du coup, autant profiter de ma vie tranquillement dans l’intervalle.
Episodes pertinents: 78: Les croyances limitantes; 147: Rester optimiste en temps de crise; 155: Consommateur ou créateur; 172: L’inconfort du surplace; 185: Et si c’était facile?
J’ai également beaucoup avancé dans l’acceptation des imprévus et des contrariétés. En tant que personne hyper-prévoyante et totalement psychorigide, le moindre écart par rapport, non pas à un « scénario idéal », mais à « la façon dont les choses devraient se passer si tout le monde faisait correctement son boulot » m’a toujours mise dans des rages écumantes, rarement efficaces dans la recherche de solutions. Je commence seulement à accepter une chose que mon amoureux me répétait depuis des années: dans tous les domaines, les dysfonctionnements sont normaux et inévitables. Me faire à cette idée une bonne fois pour toutes m’épargnera peut-être le traitement contre l’hypertension qui me pend au nez depuis un an. Ca me permettra aussi d’apprendre à faire de la limonade avec les citrons de la vie, ou juste de dédramatiser leur présence dans mon compotier – est-ce si grave que ça s’ils défigurent ma composition de fruits? Cette petite touche de jaune n’a rien d’une attaque personnelle; mérite-t-elle vraiment que je me mette la rate au court-bouillon? Si, demain, j’avais justement envie de préparer une recette avec des zestes de citron, ne serais-je pas bien contente de m’épargner un aller-retour chez le primeur? Et à partir de quel moment doit-on considérer qu’on file abusivement une métaphore?
Episodes pertinents: 24: Les maths et le théâtre; 48: Les circonstances sont neutres; 69: La cause est dans le futur; 110: Le 50/50 de la vie; 171: Ceci n’est pas un problème à résoudre
Le dernier grand chantier qui se profile à l’horizon, c’est celui de l’indépendance émotionnelle. Une notion aussi épatante en théorie que difficile à mettre en pratique pour quelqu’un d’aussi coléreux et porté sur les ruminations que moi. Mais j’en entrevois assez bien les bénéfices pour être disposée à oeuvrer dans ce sens. Et pour le coup, je crois que c’est un travail que tout le monde gagnerait à entreprendre. Je dis ça, je dis rien.
Episode pertinent: 8: L’indépendance émotionnelle
Bonjour j’étais très intéressé par ce podcast mais en voyant le nombre d’épisodes j’ai pris peur. Par où doit-on commencer j’ai vu qu’il y avait des thématiques pour aborder les problématiques intéressante mais j’avoue que je me suis sentie un peu perdue. Dernière question et pas des moindres car je ne connais pas le principe du podcast est quelque chose de gratuit ou de payant ?
@Nelly: La plupart des podcasts, dont celui-ci, sont gratuits. Comme je le dis dans les posts, j'ai commencé par picorer les épisodes dont le titre me parlait, et ça m'a donné envie de reprendre depuis le début en sautant les épisodes qui ne me disaient rien.