Lundi:
★ Obligée de prendre une douche à 4h du matin pour ne pas mourir de chaud. 3ème nuit d’affilée que je ne dors pas, ou peu et mal. Vivement que ça s’arrête.
★ Entre le contrecoup du confinement et de mes pétages de plomb en cascade, l’impossibilité de faire des projets, le surmenage professionnel et maintenant la canicule dans notre mini-appart’ sans volets ni clim’, l’ambiance est hyper tendue entre Chouchou et moi depuis la mi-mai. Vivement qu’on puisse souffler un peu – au propre comme au figuré – et se réinvestir dans des activités communes.
Mardi:
★ Des travaux super bruyants dans l’avenue achèvent de rendre notre pièce à vivre invivable. J’embarque mon MacBook et cherche un endroit où me poser pour finir mon quota de pages. Le Léopold Café Presse? Ils ont deux énormes ventilateurs de plafond qui non seulement ne rafraîchissent pas du tout leur salle, mais doivent brasser allègrement les éventuelles gouttelettes contaminées malgré la distanciation sociale. J’atterris donc au bar de l’hôtel Rouge, climatisé, presque désert, archi-confortable et doté d’un bon wifi.
★ Le frigo est vide et on crève toujours de chaud même en fin de journée. Et si on allait manger dehors, par exemple sur la terrasse de La vita è bella? Faisant fi des guêpes harceleuses et de la tentative du serveur de me refiler un rouge à température ambiante, nous nous régalons de pizzas si riches et bourratives que nous passons le reste de la soirée à agoniser sur notre canapé. La prochaine fois, on n’en prendra qu’une pour deux et on complètera avec une salade.
Mercredi:
★ 8 ans aujourd’hui que j’ai fait euthanasier Scarlett le jour de son 17ème anniversaire. Elle continue à me manquer terriblement.
★ Les réfractaires au port du masque même quand celui-ci est devenu obligatoire dans toute la ville, c’est comme le chômage: apparemment, il en existe un taux incompressible.
★ Impossible de trouver un endroit dans le centre où se poser au frais pour boire un pamplemousse pressé: Méert et le Pain Quot’ des galeries royales sont fermés sans date de réouverture, le Dominican est fermé jusqu’au 1er septembre, le Peck 47 ferme à 17h et n’a de toute façon pas la clim’…
★ Gasparde et moi sommes installées au LIB depuis moins de dix minutes quand éclate une averse spectaculaire qui inonde l’auvent en trois secondes et couche les arbustes sur le trottoir. On l’a échappé belle!
Jeudi:
★ Prendre une chakchouka brûlante ET épicée pour mon lunch au Comptoir Rodin, c’était peut-être pas le choix le plus inspiré un jour de canicule.
Vendredi:
★ Après avoir bavé des semaines devant les Luanda de Josefinas, j’ai décidé que malgré mon envie de léopard, je n’étais tout simplement pas prête à mettre plus de 200€ dans une paire de ballerines. A la place, je me suis commandé celles de Dune, spéciales pied large et en soldes sur Zalando. Elles arrivent ce matin; elles me vont pile poil et semblent à la fois solides et très confortables. Parfois, ça paye d’être raisonnable!
★ Le steak que j’avais réclamé bleu est cuit à point, les frites ont clairement été décongelées et passées au four, et la brésilienne que je pensais être une tarte se révèle être une glace. Mais ce petit resto des Ardennes profondes est très sympa, et nous n’avions pas eu d’aussi bonne conversation depuis un moment. Je valide.
★ Je valide encore plus le superbe coucher de soleil avec moutons en guest stars, éoliennes à l’arrière-plan et prof de fitness qui scande ses instructions sur de la musique zimboum dans le champ voisin.
★ En revanche, je ne valide pas du tout les ronflements de Chouchou qui m’obligent à passer la nuit pliée en deux sur un divan fixe de 1,20 m de long où je ne dors pas davantage que dans le grand lit de notre Air BnB.
Samedi:
★ « Faites attention aux tiques dans la région, surtout si vous allez manipuler des animaux, nous prévient notre gentille logeuse pendant que nous nous efforçons de faire honneur à son petit-déjeuner pantagruélique. Je sors juste d’une semaine d’hôpital après avoir été piquée, et mon mari a eu une paralysie faciale l’an dernier à cause de la maladie de Lyme. » Ah. Euh. Je.
★ J’ai bien fait fait d’ignorer mon angoisse. Alors que je me promène dans les bois avec le petit Guy (chouette des terriers américaine mâle âgée de 3 mois) sur le bras, je me sens heureuse d’être en vie pour la première fois depuis le début de cette année merdique. Une impression qui, malgré la fatigue d’une nuit blanche, ne se démentira pas pendant tout le reste de cette formidable journée.
Dimanche:
★ Le bon karma du week-end se poursuit avec un vol Charleroi-Hyères sans histoire, puis une parfaite synchronisation navette-bus qui m’amène chez moi aussi vite qu’un taxi et pour environ 45€ de moins.
★ Plus aucune trace de fourmis charpentières ni au rez-de-chaussée de la résidence, ni le long de ma fenêtre de salle de bain. En revanche, énorme hécatombe sur mon oreiller et le dossier de mon canapé. Je croise les doigts pour que le traitement ait fait effet et que je ne sois pas coincé à Monpatelin jusqu’à ce qu’on puisse organiser un second passage du spécialiste.
★ Je change de masque avant d’aller rendre visite à Solange (ma voisine de bientôt 94 ans, pour ceux qui dormiraient dans le fond). Elle m’accueille avec un « Pff » désinvolte: « Bah, moi, le masque, j’en mets pas. Mes aides-ménagères non plus, et l’infirmier qui passe me faire ma piqûre tous les matins, il se lave juste les mains avec du gel. Et vous voyez, je suis toujours en vie. Par contre, j’ai enterré le dernier de mes fils y’a pas longtemps. Ca fait le deuxième cette année et le troisième en tout. Et c’était pas le Covid. » Que répondre à ça, à part: « Je suis désolée »?