La semaine en bref #124

Lundi:
Sur son compte Instagram, Jordi Lafebre, le dessinateur de ma série-chouchou « Les beaux étés », confie qu’il dort sur son canapé quand il est stressé – il ne sait pas trop pourquoi. Je réponds que je fais pareil, que le changement d’endroit a un effet apaisant sur mon cerveau quand mes pensées tournent en rond, un peu comme des mini-vacances. Pierre-Henry Gomont commente que c’est la même chose pour lui, et plusieurs lectrices renchérissent dans mes messages privés. J’envisage la création d’une Secret Society of Stressed-out Sofa Sleepers avec un pyjama officiel pour chacun des membres.


Mardi:
 J’ai le choix entre un TER qui me dépose en ville une heure et demie trop tôt, et un qui arrive 5 mn trop tard pour que je sois ponctuelle chez ma gynéco (généralement en retard d’au moins une demi-heure sur son planning). Evidemment, je préfère prendre le premier.
 J’en profite pour faire quelques courses qui n’auraient pas justifié une sortie à elles seules: racheter de l’eau micellaire, de la crème pour les mains et de la colo pour mes cheveux. Et puis chez Muse, dans la rue des Arts, je craque pour un T-shirt vert menthe loose, absolument pas mon style, mais j’aime trop la couleur et le message – une parfaite réponse à mes lamentations d’hier soir sur FaceTime avec Chouchou.
 Retour chez la gynéco pour refaire le frottis foireux de décembre. Elle me rassure quant au fait que oui, même sous progestérone, mes règles de la semaine dernière sont une réaction physiologique normale à un stress violent. Pour le reste, il faudra attendre le verdict du labo.
 Comme j’ai une heure à tuer avant mon rendez-vous suivant et qu’il commence à faire faim, je passe chez Marco commander une pizza au citron à emporter. Ca fait tout drôle de les voir barricadés dans leur deuxième resto, lui et ses employés. J’emporte mon butin sur la petite place voisine et le mange assise au bord de la fontaine.
 Je retrouve Kiki sur la place de l’Opéra en plein cagnard. On décide de monter jusqu’à la gare, où il fait frais et où il y a des sièges (même si la moitié d’entre eux sont condamnés). On discute donc  des chambardements imminents dans nos vies respectives assises en quinconce, avec chacune son masque et sa boisson en bouteille achetée à une boulangerie voisine. Je suis contente de la voir, mais ça aussi, ça fait bizarre.
 Même ma super retoucheuse ne peut rien faire pour ajuster la robe Marimekko x Uniqlo conquise de haute lutte afin qu’elle ne me donne pas l’air d’un chapiteau sur pattes. Bon, ben elle va filer tout droit dans mon Instagram vide-penderie.

Mercredi:
 Je me réveille à 7 heures tapantes, angoissée à la perspective du déménagement à organiser. Au lieu de céder à la panique, je prends un Xanax et une grande inspiration, et je rédige une flopée de mails, messages privés et demandes de renseignements administratifs. Les premières réponses que je reçois se contredisent entre elles; ça commence bien.
 Dans la foulée, je remplis ma déclaration de revenus 2019 en ligne. Je n’arrive pas à localiser la source de la différence de 300€ entre mon tableau Google Doc (pas hyper bien programmé) et mon calcul à la main (refait plusieurs fois). Au bout d’un laps de temps raisonnable, je décide de laisser tomber et de déclarer la plus grande somme pour avoir la paix.
 Livraison de ma première commande Picard depuis des années. Mais mon four est en panne, mon électricien ne me rappelle pas, j’ai peur d’utiliser la cuisinière au gaz et les crudités deux fois par jour, ça me démonte l’estomac.

Jeudi:
 Pour ne pas avoir à déménager un semi-remorque de bouquins, je commence à faire du tri dans ma bibliothèque. A la poubelle les cours de japonais datant du millénaire dernier et que je ne saurais même plus déchiffrer aujourd’hui. A la déchiqueteuse, la paperasse pro vieille de plus de dix ans. Dans des boîtes les Funko Pop, les peluches, les figurines et les bibelots rapportés de voyage. Une pile de livres à donner à des amis qui les aimeront; une pile pour ceux que Momox me rachètera un prix convenable; une pile pour la bouquinerie ou pour mes voisins si j’ai la flemme de les apporter en ville… Commencer à démantibuler cette pièce que j’adore, qui me ressemble tellement et où je me sens mieux que n’importe où ailleurs me brise le coeur. Je pleure beaucoup en remplissant mes sacs.

Vendredi:
 Réveil à 5h30. En moins de 10 secondes, je passe de « sommeil » à « stress niveau 47 sur une échelle de 1 à 10 ». J’ai l’impression qu’une montagne est sur le point de s’écrouler sur moi. Je passe l’heure suivante à sangloter dans mon lit. Dès l’ouverture du secrétariat, j’appelle le cabinet de mon généraliste. Coup de bol: j’obtiens un rendez-vous le soir même, à 19h.
 Mon généraliste a fermé sa salle d’attente pour des raisons sanitaires; j’attends donc assise dans la rue avec ma liseuse. Quand vient mon tour, il approuve vivement ma décision de commencer une thérapie cognitive comportementale et de reprendre des anti-dépresseurs le temps que ça fasse effet. Comme le Deroxat ne m’avait pas très bien réussi il y a 10 ans, il me propose de tester le Zoloft pendant 3 semaines, puis de refaire le point. J’avais peur que ma tension déjà limite ait encore grimpé avec toutes ces conneries, mais non, elle se maintient. C’est toujours ça de pris.

Samedi:
 Encore réveillée beaucoup trop tôt et pas du tout reposée. Je vais chercher mes nouveaux médicaments à la pharmacie (où les stocks de masque chirurgicaux sont pleins, au cas où j’aurais caressé l’idée que mes concitoyens n’en portaient pas faute d’avoir pu s’en procurer), et j’en profite pour faire quelques courses dans le village.
 Le reste de la journée, je suis un zombie tout juste bonne à avancer dans mon puzzle et à lire quelque pages de mon étrange pavé russe. A un moment, je m’assoupis dans mon fauteuil à oreillettes et reviens à moi dans la pénombre, tout à fait déboussolée. Je me lamente intérieurement: « Déjà dimanche matin? Je n’ai vraiment pas envie de bosser ». Puis je consulte ma montre: il est 20h.

Dimanche:
 Endormie hier soir à 1h30, réveillée ce matin à 6h30. Au moins, il fait jour et je ne décède que modérément dans ma tête. Mais j’ai l’énergie d’un bulot neurasthénique, et c’est tout juste si je parviens à boucler mon quota de pages. J’ai 3 billets de blog différents qui tournent dans la tête et pas l’ombre d’un demi-poil de courage pour les coucher par écrit. La semaine prochaine, peut-être.

Sauf exception, les commentaires sont désactivés. Si vous voulez poursuivre la conversation, je vous invite à le faire sur la page Facebook du blog.

5 réflexions sur “La semaine en bref #124”

  1. Bon courage pour traverser tous ces défis dans lesquels vous vous êtes lancée. Heureusement, vous semblez bien entourée 🙂
    Je compatis pour la déclaration de revenus en indépendant, j'ai affronté la même chose cette semaine… mais sans mon numéro d'urssaf, évidemment. C'est bien plus drôle avec quelques petits obstacles !

  2. J'aimerais bien aussi pouvoir aller dormir sur le canapé quand le sommeil fait son difficile mais l'autre occupante du lit risque de râler 🙂
    Bon courage pour tout ça. Perso, la Paroxetine marchait à fond pour moi et pas du tout la Sertraline, alors ça devrait être parfait pour toi 🙂 Mon psy m'avait dit que la Sertraline était super efficace si on y est sensible.

  3. FraiseDesBois

    Mon salon étant trop lumineux (interrupteurs avec indicateur lumineux) je ne peux plus dormir dans mon canapé, du coup je dors avec la tête côté pieds du lit, c'est étrange mais ça fonctionne pour moi
    Courage pour le reste

  4. J'adore le tee-shirt ! Et je croise les doigts pour tes résultats d'analyse.
    Courage aussi pour le futur déménagement – je compatis vraiment, j'ai déménagé l'an dernier et même si les circonstances n'étaient pas du tout les mêmes, j'ai stressé comme c'est pas possible… (et rétrospectivement, de manière extrêmement démesurée).

Les commentaires sont fermés.

Retour en haut