
Si comme moi, vous raffolez du graphisme très personnel de Jon McNaught, vous vous êtes probablement déjà précipité sur son nouvel album. Si en revanche vous y êtes hermétique, peu vous importe de savoir de quoi parle « L’été à Kingdom Fields« : vous ne le lirez pas. Si vous ne connaissez pas encore Jon McNaught, je suis justement là pour vous le faire découvrir, et pour tenter de vous convaincre que chacune de ses publications est une petite merveille dont la présence enrichira votre bibliothèque.
Comme toujours chez cet auteur, l’histoire se résume à très peu de choses: une femme débarque avec ses deux enfants dans la station balnéaire où elle passait ses vacances d’été autrefois. Tandis qu’elle s’efforce de retrouver ce qui faisait le charme de l’endroit à ses yeux, son fils Andrew, adolescent maussade et apathique, joue à des jeux vidéo ou explore les environs en ne s’intéressant qu’à leurs côtés les moins reluisants.
Clairement, on ne lit pas Jon McNaught pour les péripéties inouïes qu’il fait vivre à ses personnages. On le lit parce qu’on est fasciné par ses mosaïques monochromes, ou réalisées à l’aide d’une palette de couleurs ultra-limitée (ici, surtout du bleu, avec des touches de rose, d’orange et de gris). Par la lenteur puissamment imprégnée d’ennui qui se dégage de son récit. Par la justesse de ses tranches de vie, si ordinaires qu’elles en deviennent poignantes. Par la quasi-absence de dialogues, hormis quelques échanges d’une parfaite banalité. Par la précision photographique de chacune de ses cases et la composition cinématographique de l’ensemble. Ca parle de presque rien, mais un presque rien si magistralement exécuté que tout le monde peut s’y reconnaître même sans avoir vécu les situations décrites. La substantifique moelle du quotidien dans ses aspects les plus triviaux et les plus humains, pour un album émouvant et visuellement sublime.
Traduction de Nora Bouazzouni



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