Je me réveille spontanément vers 8h30, et comme nous aimons prendre notre temps le matin, il est 10h30 lorsque quittons l’appartement. Nous prenons la direction de l’ancien mur d’enceinte (une des fortifications médiévales les mieux préservées d’Europe), sur lequel on peut monter au niveau de la tour Helleman. Les escaliers en pierre sont étroits, avec des marches si hautes que j’en suis quasiment réduite à les escalader à quatre pattes. Doit-on en déduire que les Estoniens du Moyen-Age mesuraient 2,12 mètres? Ma perplexité est grande (plus que mes jambes, de toute évidence). Mais une fois en haut, on jouit d’une vue sympa sur les toits de la Vieille Ville.
De l’autre côté des remparts, dans une très belle et très grande boutique de produits artisanaux appelée Hää Eesti Asi, je retrouve avec bonheur les jolies robes en lin Mari Design aperçues hier matin dans une échoppe de l’aéroport (nous venions juste de débarquer et j’avais autre chose à foutre que me lancer dans un essayage, mais j’avais relevé la marque et hier soir, j’ai cherché si quelqu’un d’autre la vendait en ville). Il y a un imprimé de feuilles un peu tropical, dans des tons verts et violets, que je trouve absolument sublime. Par contre, la taille unique m’inquiète: en principe, quand c’est censé aller à tout le monde, ça ne va bien à personne. Perdu: Chouchou a des étoiles dans les yeux en me regardant sortir de la cabine d’essayage, et moi-même, je me trouve très présentable pour une fois. Il faudra juste virer tout le volant du bas (les Estoniennes modernes ayant apparemment les jambes aussi longues que leurs homologues masculins d’autrefois). Puisque je suis là, j’en profite pour acheter un futur cadeau d’anniversaire, une paire de chaussettes en laine grise, quelques cartes postales, une tablette de chocolat local et une tisane fraise-menthe d’aspect prometteur. OK, j’ai un peu craqué.
Nous déjeunons au Manna la Roosa, un resto à la déco délirante, ambiance gypsy ultra-colorée et bien bien chargée, mâtinée de Mark Ryden et de Dia de los Muertos, fofolle jusque dans les toilettes. Arrivés à midi, nous sommes parmi les premiers clients. Une serveuse aux cheveux bleus nous apporte des cocktails choisis sur un menu qui a l’excellente idée de présenter une version dessinée de chacun d’eux – et accompagnés de petites tartines que nous n’avons pas demandées, mais qui nous seront facturées quand même, comme ça se pratique au Portugal. Mon Rhubarb Cosmo est une merveille de fraîcheur acidulée, et Chouchou se déclare ravi de son mocktail au pamplemousse rose. Difficile de choisir dans la carte des plats tant tout semble délicieux; après moultes hésitations, j’opte pour le canard rosé aux lentilles, crème de carottes et légumes braisés, tandis que Chouchou jette son dévolu sur des brochettes de boeuf avec frites de patate douce. Et tout est effectivement délicieux, avec des saveurs recherchées mais pas chichiteuses. Pour finir, un dessert traditionnel à base de semoule aux fruits rouges et à la menthe, peu sucré, presque liquide et très rafraîchissant. Nous sommes enchantés de notre repas à tous les niveaux, et nous nous promettons de dîner un soir au resto jumeau du Manna la Roosa, spécialisé dans la nourriture thaïe. Avant de partir, je demande à la serveuse si ils vendent les jolis autocollants qui ornent certains de leurs accessoires. Elle me répond que non et m’en offre quatre. Coeur sur toi, mademoiselle (et pourboire, ce que tu préfères sans doute).
Nous traversons l’avenue qui donne sur le sud de la ville. Dès qu’on sort du centre historique, on retombe dans un paysage urbain plutôt quelconque. J’avais repéré la librairie Rahva Raamat, réputée être « une des 4 plus belles du monde ». La personne qui lui a donné ce titre n’avait pas dû en visiter beaucoup. Oui, c’est très grand; oui, c’est bien achalandé y compris en romans anglophones; oui, il y a un sympathique café et un chouette rayon papeterie. Mais ça évoque davantage Filigranes que les librairies de mon propre panthéon (Lello à Porto ou Boekhandel Dominicanen à Maastricht, pour n’en citer que deux). Dans un autre centre commercial voisin, nous renonçons à goûter dans le jardin sur le toit pour ne pas attraper une insolation, et nous nous contentons sagement du salon de thé à l’étage du dessous. Le Kohvik Komeet a une jolie salle dans les tons pastels et une immense baie vitrée qui offre une très belle vue sur le salle de concert meringuée d’en face; en revanche, ses gâteaux très réputés sont du genre vieux classiques bourrés de crème – pas trop ma tasse de thé.
Nous regagnons la Vieille Ville pour visiter le musée de la photographie, installé dans une ancienne prison. Il n’y a presque pas d’explications en anglais; du coup, j’ai du mal à profiter des oeuvres: je ne sais même pas ce que je regarde. Au sous-sol, tout de même, intéressante collection d’oeuvres représentant les rues de la ville à divers moments de la journée et à travers les saisons. Après ça, nous gravissons la partie haute de la longue rue Pikk jusqu’au sommet de la colline de Toompea. Chouchou prend plein de photos au point de vue arboré et paisible du Danish King’s Garden. Nous visitons ensuite rapidement la belle cathédrale orthodoxe Alexander Nevsky, face au très rose Parlement estonien, avant de pousser jusqu’à la cathédrale Sainte-Marie située cent mètres plus loin. Depuis le point de vue voisin de Piiskopi, on peut apercevoir la mer et les ferrys au loin. Nous redescendons par la très escarpée Lühike jalg et nous posons un moment face à l’église Saint-Nicolas, sur un muret où une mouette curieuse vient nous rendre visite. Il souffle un petit vent frais, et je regrette de presque de ne pas avoir emporté un gilet. (Nouvelle pensée compatissante pour les amis belges et français qui suent à grosses gouttes en ce moment.)
Vers 18h, nous retournons au Kompressor pour un dîner de crêpes géantes. Chouchou teste la fromage-ail et, comment dire? Elle doit contenir la moitié de la production annuelle d’ail estonien. Même en nous la partageant pour diluer ses effets, je peux affirmer qu’aucun vampire ne s’approchera de nous à moins de 50 mètres jusqu’en février 2020. Sur le chemin du retour à l’appartement, nous nous arrêtons dans une supérette Rimi où des touristes me demandent en anglais de leur expliquer les viennoiseries. « Sorry, I’m French. This is a croissant. This is a waffle. Everything else: your guess is as good as mine. » Nous achetons de quoi petit-déjeuner les prochains jours, et aussi du papier-toilette car tout ce qui entre doit ressortir un jour. Puis nous nous préparons à une soirée Instagrammage/blogging avec une tasse de l’excellente tisane achetée ce matin.
Je n'ai passé qu'une journée dans Tallinn mais vous donnez envie d'y retourner. Profitez bien de vos vacances !
Mélusine
C'est bon de craquer 😉
Bisous Nad 🙂
PS: tes robes sont trop chouettes,je verrai bien un article dressing 😉