J’ai (enfin) testé la couverture lourde

Il y a un peu plus d’un an, j’entendais parler pour la première fois des couvertures lourdes (ou couvertures lestées) utilisées dans le traitement des troubles du sommeil et de l’anxiété chronique, particulièrement chez les autistes. Ma première réaction a été un peu sceptique, de l’ordre de « Mouais, je ne vois pas comment c’est censé fonctionner ». Puis je me suis rappelé le bien-être inexplicable que je ressentais, enfant, en me glissant sous le lourd édredon en satin safran qui recouvrait le lit de mon arrière-grand-mère. J’ai pensé à mes difficultés d’endormissement toujours plus grandes en été, non seulement à cause de la chaleur elle-même, mais parce qu’elle me dissuade de me couvrir, ce qui entraîne un sentiment de vulnérabilité aiguë et m’empêche de mettre ma vigilance suffisamment en veille pour basculer dans le sommeil. J’ai pensé qu’en effet, ça pouvait être intéressant, mais que le résultat n’était pas garanti. J’ai tendance à rester hermétique aux formes de thérapies alternatives qui fonctionnent pourtant bien sur la plupart des gens – à titre d’exemple, l’hypnose, dont je ne conteste pas l’efficacité dans l’absolu, est absolument sans effet sur moi. Dans ces conditions, j’hésitais à dépenser entre 150 et 200€ pour me retrouver avec un objet encombrant qui ne me servirait peut-être à rien. Mais ces derniers temps, les problèmes liés à mon travail ont poussé mes troubles psychiques et comportementaux à un niveau difficilement gérable, et je me suis enfin décidée à essayer. 
Ma copine Fraise des Bois était très satisfaite de la couverture sur mesure achetée à une fabricante autiste sur Etsy. Si le prix n’avait pas été un critère, c’est sans doute celle que j’aurais commandée – d’autant qu’il était possible d’avoir une enveloppe extérieure en lin. Malheureusement, le prix était un critère. Du coup, après une tentative infructueuse auprès des marchands de literie de Bruxelles, je me suis résignée à passer par Satan Amazon, d’une part pour bénéficier de la gratuité des frais de port sur un objet très lourd donc coûteux à expédier, d’autre part pour pouvoir renvoyer la couverture si elle ne produisait pas l’effet escompté, enfin parce que j’avais un bon d’achat d’un montant non négligeable grâce à mes liens affiliés (merci à tous ceux d’entre vous qui les utilisent pour passer leurs commandes!). Si on s’amuse à faire quelques recherches sur internet, le modèle systématiquement vanté est celui-ci; mais en grattant un peu, on s’aperçoit que les soi-disant tests de consommateurs sont des publications rémunérées, et les avis positifs largement pipeautés. De plus, l’enveloppe en laine polaire mal ajustée avait un côté cheap qui ne me plaisait guère. Pour 20€ de moins, mon choix s’est donc porté sur cette autre couverture dont j’aimais beaucoup l’aspect extérieur et dont les dimensions ainsi que le poids me convenaient. Quelques jours plus tard, un facteur qui devait nous maudire la livrait chez Chouchou.

Je venais juste de passer plusieurs très mauvaises nuits d’affilée, et bien qu’on soit seulement en début d’après-midi, je l’ai immédiatement déballée pour la tester. En vrai, son aspect n’était pas du tout décevant: la couleur bleu-gris moyen me plaisait, le coton et les finitions semblaient solides, les micro-billes en verre qui la garnissaient n’était pas du tout perceptibles au travers. Je me suis allongée en la tirant sur moi et… je ne l’ai pas trouvée assez lourde DU TOUT. J’avais respecté les instructions: 10% de mon poids + 500g donnaient, au plus approchant des poids disponibles, une couverture de 8 kilos. Mais j’avais l’impression de ne rien sentir. Je m’apprêtais déjà à la renvoyer quand Chouchou m’a dit: « Tu n’as qu’à la doubler ». C’est vrai qu’elle était assez grande pour ça. Et du coup, avec deux épaisseurs: la perfection. Une sensation de bien-être immédiat qui a fait que je suis restée allongée sur le dos, les bras le long du corps, pendant plusieurs heures d’affilée, sans dormir vraiment parce qu’il faisait grand jour, mais sans ruminer mes idées noires comme je le fais d’habitude dès que je n’ai plus rien pour me distraire. Mon esprit était tout à fait vide. La seule raison pour laquelle j’ai fini par me relever, c’est que je commençais à avoir vraiment trop chaud: les températures ont baissé à Bruxelles depuis la vague de canicule, mais pas au point de se sentir confortable avec l’équivalent de deux couvertures épaisses sur soi.

Dans les jours qui ont suivi, chaque fois que je sentais monter mes angoisses et que j’avais un peu de temps libre, je filais m’allonger pour une petite séance de couverture lourde. Je ne saurais toujours pas expliquer comment ça fonctionne, la raison invoquée étant: « En évitant l’agitation physique et en exerçant une pression sur le corps, les couvertures lestées agissent au niveau neurologique. Elles réduisent la production de cortisol, l’hormone associée à l’anxiété et à la dépression qui favorise les troubles du sommeil. Parallèlement, elles augmentent le taux de sérotonine, hormone du bonheur, et celui de mélatonine, hormone de l’obscurité qui gère l’endormissement. Sous une couverture lestée, le futur dormeur s’apaise donc car son rythme cardiaque ralentit et sa pression artérielle baisse, d’où un effet apaisant propice à l’assoupissement. » Mais je peux témoigner que le fait de me sentir maintenue et enveloppée, comme les bébés quand on les emmaillote, a sur moi un effet follement apaisant. Ca me rassure et ça m’aide à lâcher prise, aussi bien physiquement que mentalement. Comme si la couverture lourde formait un cocon protecteur, une barrière infranchissable entre moi et le reste du monde.

Je ne peux hélas pas la garder toute la nuit tant que les températures ne baissent pas davantage: pour le moment, je me réveille vers 3 ou 4h du matin parce que j’ai trop chaud avec, et je suis obligée de la repousser – puis j’ai un mal de chien à me rendormir sans. Je tiens également à préciser que Chouchou, qui l’a essayée, a décrété immédiatement que ça lui donnait la sensation d’étouffer. Donc, j’imagine que le ressenti peut varier énormément d’un individu à l’autre, et qu’une couverture lourde ne conviendra pas à tout le monde. Pour ma part, je suis tellement conquise que j’en achèterai sûrement une seconde pour Monpatelin.

8 réflexions sur “J’ai (enfin) testé la couverture lourde”

  1. J'allais faire référence aux bébés emmaillotés et tu l'as fait 😉
    Bisous Nad 🙂

  2. Ravie d'apprendre que tu as trouvé une parade à tes crises d'angoisse. Et vivement la fin de l'été 🙂

    Est-ce que cela fait le même effet que de se mettre sous 3 couettes, en moins chaud et encombrant, ou bien ce n'est pas du tout la même sensation ? (Pour tester chez moi)

  3. @Méghane:Non, l'effet n'est pas du tout le même, la pression est plus concentrée. Avec 3 couettes tu vas juste étouffer 😀

  4. Coucou ! La couverture que tu as finalement choisie était trop légère parce que sa taille est de 150cm par 200cm, alors que la formule 10% du poids + 500g est valable pour une couverture de 100cm par 180cm ^^

    En tout cas, merci d'avoir parlé de Sister Cat Blankets ! 🙂

  5. Mais de rien, ça me fait plaisir ! 🙂 (Sinon, j'aurais voulu t'envoyer un DM sur twitter mais je n'ai pas trouvé comment ?)

  6. @SisterCatBlanket: Je ne suis pas une spécialiste de Twitter, mais je pense que mon compte est paramétré pour ne recevoir que les DM des gens que je suis. Sinon, tu peux m'envoyer un mail à l'adresse indiquée dans la colonne de droite du blog!

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